KARIM

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     Chaque seconde est devenue une torture, chaque inspiration, chaque expiration. Mon corps entier se languît de son âme-sœur. Ma blanche. Je tremble alors que je crève de chaleur, je n'ai aucune force alors que je viens de me réveiller.

    Je ne sais pas depuis combien de temps je n'ai pas pris de douche ni même depuis combien de temps je n'ai pas pissé ou chié. Cela fait trois jours que je ne suis pas sorti de ma chambre, que je n'ai ni mangé ni bu mais je ne sens ni famine ni soif juste de la douleur, une douleur lancinante.

    Toute sorte de pensées me peuplent le crâne, accentuant mes maux. La voix qui me hante depuis petit, les ténèbres en moi ressurgissent brutalement.

*les phrases en italique sont celles de la conscience de Karim*

    Tu penses sérieusement que Salma va t'aimer parce que tu arrêtes de prendre de la blanche ?

Oui elle a promis de m'aimer.

    Tu sais très bien que cette phase n'est que passagère. Tu ne pourras changer la personne que tu es, que nous sommes, les Lopez Niane aiment détruire.

Non je ne suis pas comme Linguère.

    T'en es sûr ? Karim, Karim, KARIM.
Tu ne seras jamais un homme meilleur, tu es pourri comme tous ceux qui vivent sur ce toit. La blanche, elle, c'est ta némésis mais aussi ton âme-sœur. Elle te permet de faire face aux monstre d'avant et d'aujourd'hui.

Non...

    Tu te rappelles de ce qui s'est passé ? De pourquoi tu as embrassé la blanche ? Personne n'était là pour toi mais elle oui, elle a toujours été là ? Même quand cette fille, comment elle s'appelle déjà ?... Cécile...

FERME TA GUEULE.

     Je ne peux pas me taire, tu sais pourquoi ? Parce que je suis toi, tes ténèbres, la raison pour laquelle tu prends cette merde Karim, alors tu sais ce que tu as à faire pour me faire taire. Juste une dernière fois. Personne ne le saura. Juste toi et moi.

                  Il te faut de la blanche...

Il te faut de la blanche...

                  Il te faut de la blanche...

                          Il m'en faut.

     Je me lève de mon lit en titubant, prends un sweat à capuche noir, l'enfile gauchement et chausse des sandales. Je prends mon téléphone et mon portefeuille. Lorsque j'ouvre la porte je tombe sur maman qui était sur le point de toquer. Je recule instinctivement et me tiens à la porte pour ne pas fléchir.

          — Mon chéri, enfin, ça fait trois jours que tu es dans cette satanée chambre, je commençais à me faire du soucis, dit-elle sans avancer.

          — Ce n'est pas le moment maman, dis-je faiblement.

          — Qu'est-ce que tu as ces temps-ci, tu as tout le temps l'air malade, c'est ces foutus opiacés ?

          — Pousse-toi, soufflais-je difficilement en me penchant de douleur.

— Ça va mon chéri ? demande-t-elle en venant vers moi.

Je recule en tanguant.

— N'AVANCES PAS SOFIA.

Elle s'arrête l'air surprise.

— Ok, ok je n'avances pas, je suis désolée.

— Laisse-moi passer.

Elle se met sur le côté, je me rue vers la sortie et m'hâte pour sortir de cette maudite maison.

LINGUÈREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant