LINGUÈRE

AMATH

NOTE DE L'AUTEUR: l'image n'est pas le visage de Khadija. Seuls son teint, sa silhouette et la robe sont à prendre en compte.
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    Léa entre dans mon bureau pour la cinquième fois en moins de trente minutes, se dandinant, cherchant je ne sais quoi.

          —  Amath , veux-tu que je t'apporte un café ? me demande-t-elle en en se penchant vers moi, dévoilant son décolleté.

          — Non.

          — Ou peut-être un massage ? me demande-t-elle en passant derrière moi.

          — Je ne suis pas d'humeur, dis-je en dégageant sa main.

    Elle se remet devant moi en roulant des yeux.

          — Mais tu n'es jamais d'humeur, tu ne m'as même pas touché lorsque t'es venu chez moi hier.

          — C'était une erreur, dis-je en me concentrant sur mon ordinateur.

          — Une erreur ? Venir au milieu de la nuit chez la secrétaire qu'on a baisé ne semble pas être une erreur, s'emporte-t-elle, je ne pense pas que ta petite femme serait d'accord avec toi.

  Je me lève brusquement en entendant cette phrase, me dirige vers elle, me penche vers elle et lui prend la mâchoire. Elle grimace, prise de peur.

          — Reste à ta place Léa, c'était une putain d'erreur alors fourre toi ça dans le crâne et la prochaine fois que tu mentionnes ma femme, je ferai en sorte que tu ne puisses plus parler de ta putain de vie, acquiesce si tu m'as compris.

   Elle écarquille les yeux et me regarde avec peur. Ce regard que me lançaient mes victimes avant d'être vendu ou de mourir, ce regard ne me fait plus rien.
   Elle hoche la tête, je la lâche et regagne mon siège.

          — Et ne m'appelle plus jamais par mon prénom, maintenant sors, dis-je en la voyant pétrifiée.

    Elle se précipite vers la porte et s'en va.
    "Tu sais quoi ? Tu as raison, je suis amoureuse de Cheikh et oui je lui ai donné ma virginité et je ne regrette absolument rien, dès que je serai libérée de toi, je partirai avec lui..."

    Ma mâchoire se serre en repensant à cette phrase qui me hante depuis hier soir. Arriviste et traînée, je ne suis même pas surpris. Alors pourquoi cette phrase ne sort pas de ma tête ? Pourquoi ai-je envie de lui faire mal encore plus pour qu'elle me sorte de la tête ?
    On toque à la porte au même moment.

          — Quoi ?! m'écriais-je de colère.

    Léa entre dans le bureau et semble terrifiée.

          — N'ai-je pas été clair Léa ?

          — Je... je suis désolée Monsieur Niane, Monsieur Ndiaye souhaite votre présence à la réunion qui se tient en ce moment même, me dit-elle la tête baissée.

   Ce fils de pute se croit vraiment tout permis. 

          — Ce connard organise une réunion sans mon aval...

     Je me lève et sors de mon bureau en trombe. Lorsque j'arrive à la salle de réunion, Fatima, mon père, Abdel, Khadija et... Linguère. Je fronce les sourcils en les voyant tous assis et Cheikh debout, le sourire aux lèvres. Une garde du corps était aussi debout dans un coin de la pièce, un sac d'ordinateur à la main. Cet ordinateur dont il ne se sépare jamais.
     Je claque la porte et les jauge du regard.