LINGUÈRE

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Bonne lecture.
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Deux jours entiers que j'ai laissé Nasir pourrir dans un des anciens entrepôts de L.L PETROLEUM, dans le noir total, sans manger ni boire. Six hommes sont constamment de garde autour du hangar pour s'assurer qu'il ne s'enfuit d'une quelconque manière.

Je veux qu'il tremble lorsqu'il me verra, qu'il me supplie de le tuer, chose que je refuserai.

Khadija est dans un état stable, elle doit simplement se rétablir de ses blessures, Amath et ses amis sont constamment à son chevet, ne t'inquiètes pas Linguère, me dit une énième fois Gaël.

— D'accord, tiens-moi au courant, dis-je avant de raccrocher.

Depuis que nous avons capturé Nasir, Amath est resté près de Khadija, pour s'assurer qu'elle aille bien. Je lui ai promis de ne pas tuer Nasir avant qu'il n'ait réglé ses comptes avec lui.
Karim, de son côté est parti vivre temporairement à Soumbédioune, il partait tous les jours se recueillir sur la tombe de Sofia, je l'y croisais souvent. Sofia était sa mère, lui aussi avait perdu son repère, même s'il s'efforce de vivre comme le voulait ma soeur. Une nouvelle vie s'offre à lui et j'en suis heureuse.

Je sors de ma chambre, réajustant légèrement ma tunique blanche et mon sac assorti. Une couleur dont je vais me faire le plaisir de tacher avec le sang de Nasir.

Je descends les escaliers et vais dans la cuisine où était Fatima qui dîne seule.

          — Tu veux dîner ? me demande-t-elle.

          — Non, je dois y aller, Ablaye est rentré ?

          — Non, pas depuis avant hier, me dit-elle l'air concernée.

          — Il doit sûrement être à l'entrepôt, dis-je.

          — Où se trouve ce Nasir ?

          — Moins tu en sais, mieux se sera ma fille, dis-je avant de sortir de la maison.

Je roule jusqu'à l'entrepôt, savourant cette douce nuit étoilée, plus forte que jamais. Le bruit de la mer et l'agréable brise m'informe que je suis arrivée à destination.

Je me gare devant le hangar et vois Ablaye arriver vers moi, le pas lourd.

          — Est-ce qu'il a dit quelque chose ? lui demandais-je.

          — Il demandait après toi.

          — Alors je vais exaucer son souhait, dis-je avant de regarder le visage d'Ablaye avec plus d'insistance. Pourquoi n'es-tu pas rentré ?

— Je rentrerai quand cet enfoiré sera six pieds sous terre ! dit-il les traits durs.

— Ablaye...

Il ouvre la porte du hangar avant que je ne puisse terminer ma phrase.

Il appuie sur un contact qui allume une faible ampoule, vacillant au dessus de Nasir, éclairant ses cheveux légèrement gris.
Celui-ci est attaché à une chaise en fer, je vois son torse se soulever et s'affaisser sous sa chemise en lambeau et tachée d'une couleur pourpre.

Je m'avance vers lui, l'odeur humide de la pièce me faisant grimacer. Chaque pas qui me rapproche de lui me rappelle des souvenirs amers.

Lorsque je me suis donnée à lui pour la première fois...

Lorsque j'ai accepté de m'enfuir avec lui...

Lorsqu'il me battait...

Lorsqu'il m'a arraché mon enfant...

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