LINGUÈRE DIAW

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* 32 ans plus tôt *

Plongée dans mon livre de psychologie, je me laisse emporter par le mystère du comportement humain.

— Linguère Diaw, tu ne m'entends pas quand je t'appelle ? me crie ma mère en faisant irruption dans ma chambre.

Je me redresse vers elle, son expression faussement colérique.

— Je ne t'ai pas entendu Maa, ce livre est trop passionnant, ça parle de...

— S'il te plaît rk Linguère, si toi et ton père continuez à me parler de ces trucs de psychologue là, je vais finir par devenir folle et là vous aurez une vrai patiente à soigner, me lance-t-elle exaspérée.

— Fatima Ba, laisse ma petite princesse tranquille, dit mon père en entrant dans ma chambre.

— Paa, maman m'embête à chaque fois que tu n'es pas là ! dis-je en faisant une moue triste.

Mon père se retourne vers ma mère et commence à la chatouiller. Il sont tellement amoureux, on dirait un couple d'ados. Ma mère rit aux éclats promettant de ne plus m'embêter.

          — Karim Diaw c'est à cause de toi que cette fille est aussi impolie, dit ma mère feignant d'être en colère.

      Mon père et moi pouffons de rire en voyant son jeu d'acteur. Elle finit par rire à son tour.
       J'ai grandi dans une famille heureuse et pleine d'amour. Paa dit toujours que l'amour est la base de tout ce qui existe même si les scientifiques ne peuvent pas le prouver.
       Nous habitons dans un quartier plutôt aisé de Dakar. Nous n'avons jamais eu de problèmes d'argent avec mon père qui est un psychologue réputé et ma mère qui est maîtresse d'école.

      Je suis la fille calme qui ne sort jamais, le rat de bibliothèque que tout le monde a dans son quartier. Je ne suis pas très sociable, je n'ai pas d'ami, que ma cousine Sofia, ma meilleure amie mais elle ne vit pas ici alors c'est un peu compliqué de ne pas s'ennuyer.

       La seule personne qui illumine ma vie dans ce quartier est NASIR MBAYE. L'homme parfait, le plus beau que j'ai jamais vu de toute ma vie. Ses yeux marrons miels, sa peau clair, ses fossettes, tout chez lui me fait craquer.
      Nous nous sommes rencontrés un jour quand je rentrais de l'école, il m'est rentré dedans mais m'a aidé à ramasser mes livres comme dans les personnages de mes livres préférés.     

       Depuis, on sort ensemble en cachette parce que mes parents ne voudront jamais que je sorte avec un garçon beaucoup plus vieux et qu' il aie eu des problèmes avec la loi. Mais je sais qu'il a changé et huit ans d'écart ce n'est rien, en plus je fête mes quinze ans dans une semaine et je passe le bac en candidat libre aussi, je suis pratiquement une femme.

                                        *
                              *                 *

* UN MOIS PLUS TARD

       Une boule au ventre m'empêche d'avancer jusqu'à la liste des admis. Mon père pense que je vais l'avoir mais je n'en suis pas si sûre. Le jour de l'examen, tout le monde me prenait de haut. Il devait se dire que j'étais vachement narcissique pour penser que j'aurai mon bac à cet âge.

       Mon père m'a diagnostiqué un QI plus élevé que la moyenne alors il m'a suggéré de passer le bac après la seconde et voilà où j'en suis, stressant devant ce papier A4 collé sur ce vieux mur.

       J'écarquille les yeux voyant une mention assez bien collé à mon nom. Je ne pu m'empêcher de crier ma joie et d'enlacer Sofia qui a accepté de m'accompagner, qui ne cache pas son bonheur.

LINGUÈREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant