ABLAYE

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     Nasir Mbaye.
Ce simple prénom me fait trembler de colère. Le tenir entre mes mains et le faire souffrir est ma raison d'être. Ma tante m'aide pour cela, nous avons le même objectif, tuer ce fils de pute. 
    Cet homme a tué mon père quand j'étais gosse et ma mère en est morte de tristesse. La reine m'a donc pris sous son aile et m'a considéré comme son fils. Et pour cela, je lui en serais à jamais reconnaissant.
     Il est vingt heures et je conduis ma tante à la maison. La journée a été plus paisible que d'habitude. Je reçois un appel en ouvrant la portière pour Madame.

          — C'est qui ? me demande-t-elle en désignant le téléphone qui sonne.

          — Ça doit être la taupe, je lui ai demandé de m'appeler ce soir.

          — Réponds, m'ordonne-t-elle.

          — Oui Madame.

    Je sors mon téléphone de la poche intérieure de ma veste et vois un numéro masqué. Je décroche sans parler, perplexe. Linguère se tient devant moi, m'attendant.

          — Mec, on est foutu, ils m'ont démasqué.

        Je reconnais directement la voix de ma taupe, je fronce les sourcils en entendant sa phrase, attisant la curiosité de Linguère.

          — Qu'est-ce qui s'est passé ? lui demandais-je en essayant se garder mon calme.

          — J'ai enregistré toutes les données que tu voulais sur une clé mais ils m'ont vu alors j'ai fui, je suis au Sénégal là, dit-il difficilement, semblant être apeuré.

          — Quoi non mais t'es complètement con et s'ils t'ont suivi, m'étranglais-je.

          — Ne t'en fais pas, je suis un professionnel.

          — Un putain de professionnel qui s'est fait prendre, lui crachais-Je.

          — Tu veux tes infos ou pas mec ?Retrouve moi tout de suite à la corniche, nous nous y retrouverons, me dit-il avant de me raccrocher au nez.

      Ce fils de chien de mes couilles.

          — Qui y a t-il ? me demande la reine.
      J'essaye de reprendre mes esprits avant de lui répondre.

          — Notre homme s'est fait prendre, il se cache ici mais il affirme avoir en sa possession tout ce dont on a besoin et veut me voir.

          — Vas-y, ces informations nous sont capitales, me dit-elle en me congédiant.

     J'acquiesce. Je monte, démarre. La corniche n'est qu'à cinq minutes alors j'y arrive rapidement. Il n'y avait presque personne mais je balaye toute la zone par précautions.
     Un petit lampadaire servait me servait d'éclairage. Je vois un homme assis sur un banc face à la mer. Je m'approche vers lui sceptique. C'est lui. Il se lève et vient vers moi dès qu'il me remarque.

          — Putain, tu en as mis du...

     Je lui décroche une droite et le prend par le cou.

          — Donne moi une raison pour ne pas te tuer, si tu nous mets en danger...

          — Tu vas faire quoi ? me coupe-t-il, tu as besoin de moi mec, j'ai avec moi quelque chose dont tu as besoin et tu vas gentiment enlever tes mains de mon cou pour qu'on parle.

     Je le toise avant de le lâcher furieusement.

          — Où est la clé ? lui demandais-je au bord de l'implosion.

          — Je l'ai soigneusement caché alors tu vas me donner d'abord ce que je veux et après nous parlerons de la clé, me dit-il dédaigneusement.

       En temps normal, je m'aurais fait un plaisir de le tuer mais Linguère a besoin de ces informations plus que son âme alors je n'ai pas le choix.

           — Qu'est-ce que tu veux ?

           — Une toute nouvelle identité et beaucoup de fric, me dit-il, ces gens sont très puissants et impitoyables, me tuer serait pour eux un jeu d'enfant. Fais moi disparaître et je te donne ce que tu veux. Je te donne jusqu'à demain même heure et je t'enverrai l'adresse, ne sois pas en retard, reprend-il en s'en allant.

  Putain, ce fumier va me le payer.
     Je rentre à la maison et me dirige vers le bureau de ma tante.

          — Entrez, me dit-elle en m'entendant toquer.

    J'entre et la voit comme toujours les yeux rivés sur son ordinateur. Elle le ferme dès qu'elle me voit.

          — Alors ? me demande-t-elle.

          — Il refuse de me donner la clé tant qu'on ne lui donne pas ce qu'il veut, dis-je la colère se sentant voix.

          — Donne lui ce qu'il veut quoi qu'il soit, je veux cette clé Ablaye, dit-elle dangereusement.

          — Bien madame.

                                          *
                               *                  *

     J'arrive au point de rendez-vous, un vieux motel miteux dans un endroit presque désert. Je sors de la voiture et monte les escaliers qui mènent aux chambres. Chambre 114.
     J'arrive devant la chambre et trouve la porte entrouverte. Je sors mon arme instinctivement.

     Je pousse la porte et avance doucement dans la pièce plongée dans le noir.
      J'allume la lampe d'un geste lent et calculé. Un corps gisait sur le sol, un liquide pourpre et visqueux s'échappant de lui. Après avoir fouillé la chambre, je range mon arme et retourne le corps. La taupe. Putain.

     Je touche son cou cherchant un pou mais rien, il est mort. Merde, merde, merde, merde, merde. Je balance mon poing sur le mur hors de moi.
      La chambre est vide, pas de trace que clé même après avoir retourné toute la chambre. Je nettoie les traces de ma venue avant de partir.
    Encore au point de départ.

                                         *
                               *                 *

   Linguère balance toutes les affaires sur le
bureau, furieuse. C'est la première fois que je la vois hors d'elle. Elle se tient debout derrière son bureau, les mains à plat sur celui-ci.

          — Ce fils de pute a vraiment une bonne étoile, crache-t-elle.

          — Qu'allons nous faire maintenant Madame ? lui demandais-je.

          — Le meilleur moyen de s'en prendre à une meute est de buter un des loups alors maintenant nous serons les chasseurs, dit-elle un sourire diabolique sur le visage.

LINGUÈREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant