KHADIJA

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Je suis Nasir dans le salon, confuse et le coeur battant la chamade. Amath aurait un fils ? Le fils de Jihane ?

Je découvre un enfant affalé sur un sofa. Un magnifique garçon d'environ cinq ans à la peau hâlée comme sa mère, à le voir, je peux aussi deviner les traits de son père, son nez, ses longs cils. Il leurs ressemble à la perfection. Mon coeur se serre atrocement et j'en ai honte. Je devrai être heureuse, je suis heureuse que le fils d'Amath soit en vie mais il y'a une part en moi qui a peur. J'ai peur que ce fils creuse un fossé encore plus grand car oui j'ai de l'espoir même si nous ne sommes plus mariés.

          — C-comment ça se fait ? Il était censé être mort né, ne pus-je m'empêcher de dire.

          — Le Cercle est plein de ressources, nous ne laissons rien au hasard, dit fièrement Nasir.

Je me tourne vers Silas qui fixe le vide. Je suis perdue dans cette histoire qui commence à me dépasser mais je dois assumer mes responsabilités. Ce sont mes choix qui m'ont amené ici, devant le fils de l'homme que j'aime.

          — Et qu'est-ce qu'on va faire de lui ? je reprends.

          — Cela dépendra de Linguère et de son fils. Tu es sa belle-mère alors je compte sur toi pour t'occuper de lui, dit-il en faisant signe à Silas et Sarabi de le suivre hors de la pièce.

— Attendez, comment s'appelle-t-il ? demandais-je.

—Appelle le comme cela te chante, il n'a pas de nom, c'est à son père de le choisir après tout, dit Nasir en s'éclipsant.

Ces salauds...

Je m'avance lentement vers m'enfant et m'assois près de sa tête. Il a l'air paisible. Je me pose délicatement ma main sur ses cheveux courts.

          — Je n'imagine pas toutes les horreurs que tu as pu vivre, soufflais-je en lui caressant la tête.

Le Cercle est réputé pour être impitoyable, même et surtout avec les enfants. Je dois tout faire pour le sortir d'ici, car je sais que c'est la mort l'attend, qui nous attend. Car je sais qu'il me tuera dès que je ne lui serais plus utile. Alors je dois remplir mon rôle envers Linguère et partir au plus vite. Ça relève du miracle que son plan ait marché jusqu'ici. Tout ce qui me reste à faire c'est de lui rapporter tous les faits et gestes de Nasir.

*
*          *

QUELQUES SEMAINES PLUS TÔT

J'ouvre la porte en pointant mon arme sur mon visiteur croyant que Léa était revenue mais je suis surprise de voir Linguère. Le sourcil haussé, son regard passe de mon arme au chiffon taché de sang.

— Je vois que tu es occupée, dit-elle.

          — Que veux-tu Linguère ? demandais-je nonchalamment sans baisser mon arme.

          — Discuter.

J'étais agacée par sa présence mais encore plus par le fait de ne voir aucune once de peur dans son regard malgré l'arme pointée sur elle.

          — Te parler est la dernière chose que je souhaite en ce moment Linguère.

          — J'en suis convaincue, mais je t'exhorte d'écouter ce que j'ai à te dire après tu pourras faire ce que tu voudras de nous... s'il te plaît. Baisse cette arme, veux-tu ?

Curieuse, je baisse lentement mon arme et m'écarte pour laisser entrer ma marraine.

Elle entre, inspectant les lieux.

LINGUÈREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant