LINGUÈRE

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Non kouma taggoul cii commentaire yi baloumalako, je suis trop gentille masha' الله.

Enjoy mes buurs et Linguères

Je compte sur vous pour VOTER

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      En jeu d'échecs, chaque pièce compte, du pion au roi. Celui qui gagne la partie est celui qui tire profit de chaque pièce, chaque coup.

Quelle heure est-il ? Je ne sais pas. Mes paupières sont devenues sèches à force de fixer l'échiquier devant moi, les cases blanches et noires dansent à travers la lumière de ma veilleuse. Je réfléchis, réfléchis, réfléchis.

Nasir vient de porter son premier coup en avançant un pion. J'avance un pion blanc d'une case.
Mais impossible pour moi d'avancer mon pion noir. Le jeu vient à peine de commencer alors pourquoi ai-je l'impression qu'il a déjà gagné par échec et mat ?

Il dispose de tout pour gagner. Mais ce pays est mien, il joue dans mon territoire et je dois en tirer profit.

Je balaye rageusement mon bureau de la main, faisant tomber l'échiquier et la veilleuse,qui se fracasse sur le sol, s'éteint me plongeant dans le noir. Un noir effroyable, diabolique, hypnotique, envahissant.

      Je reste là, assise, immobile, à penser à tout ce qui se passe et qui est passé. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme, ne me regardent-t-ils donc pas dans les yeux ? Et s'ils le font, que verraient-ils ? De la rage ? De la haine ? De la détermination ? De la noirceur ? ... de la peur ? ... du désespoir ? Un manque inavouable ? Une solitude harassante ?

     Après tous les sacrifices que j'ai faits, la vie m'en redemande encore, toujours plus et ce qui me fait peur c'est que je suis prête à tous les faire pour tenir la vie de Nasir entre mes mains, lui faire regretter de m'avoir tout pris, de m'avoir pris mon fils. Je jure que je ne lui redonnerai plus jamais l'occasion de me détruire.

  La porte de mon bureau s'ouvre, une silhouette se dessine dans l'ombre de la nuit. Celle-ci allume les lumières du bureau. Mes yeux prennent du temps à s'accommoder de la lumière. Sofia, en robe de chambre en soie rouge, le visage endormie, me regarde en fronçant les sourcils.

          — Linguère ? Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure ? J'ai entendu du bruit, me demande-t-elle en balayant la pièce du regard.

   Celui-ci s'attarde sur le sol, s'interrogeant sûrement sur moi dans le noir, les pièces d'échiquier éparpillées sur le sol ou les débris de verre de la lampe.

          — Insomnie ? finit-elle par dire.

— Oui.

    Elle sort du bureau sans un mot et revient une cinq minutes plus tard, des plaids en laine à la main. Elle repart et revient avec un plateau avec des tasses et des cookies. Elle pose le tout sur la table basse du petit salon, s'assoie confortablement en rabattant un plaid sur ses pieds avant de me regarder en tapotant le fauteuil près d'elle.

Je me lève, sentant tous les maux de la terre sur mes épaules, m'allonge sur le fauteuil près du sien, me couvre et saisis la tasse sur la table basse. Ma première gorgée du liquide marron me couve d'une douce chaleur. Un chocolat chaud, le même qu'on se faisait à nos soirées pyjama lorsque nous étions petites.

Je tuerai pour retourner à cette époque où il n'y avait pas de haine, pas de rancune, pas de Nasir.

— Je suis sûre que tu ne me diras pas ce qui se passe alors moi je vais te raconter les derniers potins de ma vie, dit-elle, tu te rappelles du gars et de son hystérique de femme ?

LINGUÈREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant