Chapitre 59: Fuite

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J'aurais dû prendre des chaussures, les cailloux du sol m'écorchent les pieds. Le pantalon de pyjama que m'a prêté Marie est tellement large que je suis obligée de le tenir. Et la chemise qui me sert de haut est si fine que je sens chaque courant d'air sur chaque parcelle de ma peau. Je tremble de froid. Ma tête tourne mais je continue d'avancer dans ce bois sans savoir où je vais. Je suis partie dans le sens inverse d'où nous sommes arrivés, pour être sûr de ne pas me retrouver près de ces hommes... Mais je ne pensais absolument pas que cette forêt serait aussi grande. J'avance depuis des heures, si bien que le soleil est déjà en train de se lever, donnant une teinte orangée et rosée au ciel. Les oiseaux chantent déjà à tue-tête. Dans d'autres circonstances j'aurais pu trouver ce cadre paradisiaque. Cependant, ma douleur, mes démons me rappellent où je suis, et pourquoi je suis ici.

Je fuis.

Je fuis pour vivre.

Quelle ironie.

Je sais que plus jamais je ne serai libre, je suis condamnée, perdue. Il faudrait que je parvienne à quitter le pays, le continent. Tout.

Mais personne n'échappe à Morel. Gabriel en a été la preuve vivante.

Je manque de trébucher sur une racine d'arbre, mes orteils se plient contre celui-ci et je retiens un cri de douleur. En relevant la tête j'aperçois au loin l'horizon s'éclaircir. J'arrive au bout.

Mais où suis-je ?

L'adrénaline qui possède mon corps me redonne la force nécessaire pour courir, je cours comme si ma vie en dépendait.

Mais elle en dépend.

Où suis-je ?

Pdv Angelo

Nous avons arrêté de la chercher, par ce que nous ne trouvions rien. Par ce que nous sommes en colère, déçu, mais aussi tellement blessé de savoir ce qui lui arrive. Mais la puce ne nous permet pas de la géolocaliser. Jonas tente, mais nous avons tant de choses à faire, tant de dégât à rattraper. Que devons-nous faire ?


Mon cœur me dit de la chercher, elle est ma sœur.

Mais mon cerveau lui me rappelle qu'elle nous a trahit, comme une malpropre.


Nous lui avons tout donner, tout ce que nous pouvions lui offrir. Je pensais qu'elle méritait qu'on décroche la lune pour elle. Adam aurait pu décrocher la lune pour elle. Ce connard l'a jusque dans la peau, elle fait partie de son ADN, je sais que sa trahison le fait souffrir. Je le vois envoyer voler ses affaires dans son bureau le soir, je le vois entrer dans son ancienne chambre. Je le vois toucher du bout des doigts les affaires dans la chambre, et je le vois lire et relire les précieuses lettres qu'elle nous a laissé .

Il sombre, chaque jour un peu plus. Sa colère le noie, elle le possède. Tellement que je peine à le reconnaitre, mon propre frère. Sa noirceur l'envahit.

J'ai peur qu'elle signe sa fin, mais si c'est le cas, je sais qu'il aura connu, effleurer l'amour, du bout des doigts, à peine quelques secondes. Mais derrière son air de brute, je sais comme il est fragile. Tout le monde pense que les ordures comme nous sont sans failles, solide. Mais la vérité est que la vie ne nous a laisser aucun choix. Mais Adam est le plus brisé de tous, ils l'ont brisé, brisé, brisé. Il était réduit en miette. Mais elle avait réussi à presque le recoller.

Il entre dans ma chambre sans frapper, je suis allongé sur le ventre. Il avance et m'appelle. Je me redresse, seul un faible faisceau de lumière éclaire la chambre. Il ne parle pas et s'assoit sur ma chaise de bureau, la flamme de son briquet allume sa cigarette et me permet d'observer ses traits si tirés. Il ne parle pas, à vrai dire je ne sais même pas ce qu'il fait dans ma chambre, il n'est pas du genre à venir se confier.

009Où les histoires vivent. Découvrez maintenant