Chapitre 63: La Fin

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Pdv Eve

Je suis âgé de 22 ans. Je m'appelle Eve. Je suis au cœur d'une guerre des gangs. Une guerre qui coutera la vie à ma famille par obligation, par liens, ou ma famille de cœur. Celle qui m'a accueilli à bras ouverts, celle dans laquelle j'ai plongée, les yeux fermés. Loin, trop loin. Ce que j'ai retenu de ces années d'entrainement, de préparation, de missions, c'est que la vie, elle ne tient qu'à un fil. Comme si nous étions sans cesse entrain de marcher sur celui-ci, au moindre coup de vent, le risque de s'écraser au sol augmente. Et tout repose sur nous. Sur nos capacités.

Alors je peux dire que j'ai failli tomber de nombreuses fois.

J'ai toujours vu la mort comme quelque chose de dangereux, comme un point final. Alors que dans mon cas, après tout ce que j'ai vécu il sonnera plus comme une virgule.

Ma mort serait une virgule.

Mais la mort de ma famille sonnerait plus comme la fin d'un livre. La fin d'une histoire, qui veut lire un livre dont une partie des personnages meurt. Personne.

Alors que je ne représente qu'un grain de sable, qu'une virgule.

J'ai toujours voulu fuir la mort jusqu'à il y a quelques jours, quand la douleur était trop forte, trop puissante. Au point de me faire tanguer sur le fil. J'aurais pu mourir. Mais je n'aurais pas tiré. Par ce qu'au fond de moi je sentais que quelque chose me retenait. Quand la douleur m'englobait jusqu'au cou, m'empêchant de respirer. Je sentais au fond de moi que je n'avais pas finis. J'avais quelque chose à faire, et je n'avais pas compris jusqu'à aujourd'hui.

Je n'avais pas compris.

Mais à vrai dire aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Morel. La pire personne que j'ai pu connaître, mais aussi ma seule figure paternelle. Le premier membre de ma famille d'obligation. Mais c'est aussi aujourd'hui qu'un autre membre de ma famille va mourir, Adam, je le sens, au fond de moi. Je le sens comme un poids qui me tire.

Aujourd'hui est un jour décisif. Je vais mourir. Je veux mourir, je me sens prête, je sens qu'aujourd'hui je suis plus légère que jamais. J'ai l'impression de voler.

Le vent me fouette la tête grâce à mes cheveux, me rappelant que je suis encore là. J'observe la ville de Paris sur ce toit. Nous sommes si loin que je vois à peine la tour Eiffel, mais je la vois un peu, elle brille légèrement. Vu d'ici le monde à l'air petit. Je baisse mes yeux vers le sol. La chute sera mortelle...

Paris est une belle ville, elle me manquera. Elle est le symbole de ma nouvelle vie, ici, loin du Canada, mais elle est aussi symbole de la fin de ma vie.

Du haut de l'immeuble je repense à chaque moment passer ici, chaque souvenir. Anna et Maëlis vont tellement me manquer. Je les aime tellement. Tellement.

Adam va me manquer. Ils vont tous tellement me manquer.

Ma famille de cœur.

Je regarde à nouveau le vide, le sol. La chute sera mortelle.

Et je m'élance.

Pdv narrateur

Pendant toute une vie, des personnes se rencontrent, tissent des liens et construisent des souvenirs qui les unissent toute leur vie.

Sur Terre, certaines personnes possèdent un lien, qu'on ne peut comprendre, qu'on ne peut essayer d'imaginer.

Des âmes-sœurs, pourtant certaines âmes-sœurs sont dites passagères, elles apprennent la vie, à surmonter les mauvaises passes, et les bonnes. Cette âme-sœur est éphémère, mais son passage vous laisse une trace indescriptible, ineffaçable. A jamais ces âmes sont connectées. Elle ne se complètent pas, mais s'aident à se trouver, à grandir. Elles apprennent à être soi-même.

009Où les histoires vivent. Découvrez maintenant