Chapitre 55: Love in the dark

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We're not the only ones

I don't regret a thing

Every word I've said

You know I'll always mean

It is the world to me

That you are in my life

But I want to live

And not just survive

That's why I can't love you in the dark

It feels like we're oceans apart

There is so much space between us

Maybe we're already defeated

'Cause-yeah-yeah-yeah-yeah-yeah-yeah

Everything changed me

And I-I-I-I-I don't think you can save me

Parfois la peine est trop lourde à porter. Parfois la force de mon corps, de mon esprit n'est pas suffisante. Certains jours cette peine m'étouffe, elle m'asphyxie, certains jours comme aujourd'hui. Parfois un entraînement intensif, préparé à la perfection ne suffit pas à protéger une personne de cette peine. Parfois même les personnes les plus fortes craquent, et ont besoin qu'on leur dise que tout ira bien. Certaines personnes savent cacher leur souffrance, la dissimuler, jusqu'à ce qu'aux yeux des autres elles soit invisible, certaines personnes comme moi.

Je porte sur mon dos le poids de mes péchés qui me semblent trop lourd aujourd'hui.

Mon âme est encombrée, embrumée.

J'avance, droit devant moi. Je marche, sans savoir quel chemin est le bon. Je marche sans but. Je suis mon instinct, je suis mon corps, je suis le chemin qui se trace devant moi. Ma peine m'aveugle. Je tâtonne à l'aveugle pour avancer, par ce que ce voile de culpabilité, de douleur recouvre mes yeux, il ne m'empêche pas totalement de voir, il floute seulement ma vision, mais je suis trop fatiguée pour tenter de voir.

On m'a dit que le temps arrange tout, il est censé soigner nos blessures, nous faire grandir, nous rendre fort. Moi le temps me rend seule, de plus en plus seule. Je me renferme sur moi, j'étouffe ma peine, je la condamne à mon corps, pour qu'elle ne touche personne autour de moi. Par ce que le bruit de mes sanglots est insupportable. Par ce que les hurlements de mes cauchemars sont déchirants. Par ce que les crises qui possèdent mon corps sont horribles. Par ce que ma vie n'est qu'un ramassis d'échecs, un bon gros mélange de mensonges, de violence, de peine et d'horreur, parsemé d'un soupçon de cruauté.

C'est la recette de ma vie.

Je cherche.

Je cherche le chemin.

Je cherche une lumière.

Tu étais ma lumière...

Tu étais celui qui me menait vers le bonheur.

Tu étais la main tendue pour m'aider à avancer à l'aveugle.

Tu étais tout cela...

Cependant. Jamais tu n'as levé le voile. Qui le fera ? Qui me rendra libre ?

Chaque jour je me sens plus seule, plus abimée.

Autour de moi les murs tournent, comme dans une spirale sans fin, cette spirale dans laquelle je suis prisonnière, tantôt une lumière parait, tantôt se sont mes démons. Cette spirale m'enferme, me torture, me rassure, me guérit pour à nouveau me détruire. Tu étais la lumière de mon chemin, la lumière de cette spirale. J'aurais pu mourir pour toi, j'aurais pu tuer pour toi, j'aurais pu massacrer pour toi. J'aurais tout pu, car l'amour rend aveugle.

Mais je l'étais déjà.

Parfois quand la vie est trop lourde, il suffit de s'assoir quelques secondes sur le sol. La vie est comme un sac à dos. Essentielle, tu ne peux pas la laisser là, l'abandonner. Mais si le poids de ton sac t'empêche d'avancer, accroupis-toi, assieds-toi sur le sol, pose ton sac quelques secondes. Respire et relève-toi, reprends le sac et avance.

Je me trimballe ce lourd sac à dos depuis de longues années.

Dans le noir, dans la lumière.

Dans l'eau, dans la terre.

Dans les nuages, dans les arbres.

Dans une maison, dans la rue.

Dans une voiture, dans un taxi.

J'avance, je porte mon sac.

Il est trop lourd, mais jamais je n'accepterais de le laisser.

Tu as alourdi mon sac, mon amour pour toi l'a chargé, mais j'avance tout de même, avec en moi le poids de mon amour.

Avec en-moi ton poids.

Mon amour est passionnel, brute, sans paillette, sans légèreté, il est là. Alors nous n'avons pas le choix. Si tu n'en veux pas, je le garde. J'alourdi mon sac mais j'avance.

J'avance, mon sac à dos sur le dos, ma peine m'étouffant, ma douleur me rendant aveugle.

Il manque à ma vie une lumière qui sera m'éclairer. Tu as été la mienne, mais tu n'as pas éclairé assez longtemps.

Je ne peux pas t'aimer dans le noir.

Je n'ai jamais pu.

Alors aujourd'hui se sont les lourdes portes du centre qui m'accueille. J'aurais préféré ne pas revenir ici. Mais tu ne m'as pas laissé le choix. Ce soir, je rentre. Morel va m'accueillir et me demander, me demander une seule chose qui pourrait briser à tout jamais le Milieu. Et je ne veux pas qu'il le sache, je ne veux pas qu'il vous trouve, qu'il vous tue, devant mes yeux. Sa folie le poussera à me demander de le faire. Mais jamais de ma vie je ne pourrais lever la main sur vous, jamais je ne pourrais ôter la vie de ma seule et unique famille. Cette famille qui m'a ouvert les bras, qui m'a accueilli, qui m'a fait me sentir aimer, une famille. Il n'y a rien de plus beau. Rien de plus douloureux. Je vous aime tellement, tellement.

Je suis toujours face à cette porte.

Mais quelqu'un me tire en arrière, et une main se pose sur ma bouche pour que je ne puisse me défendre, aussitôt un tissu est déposé sur mon nez. Je lutte, le plus possible pour ne pas sombrer.

Je peux le faire.

Je peux le faire.

Je l'ai déjà fait.

Je l'ai déjà fait.

Je l'ai...déjà....fait.

Je...

Trou noir.

009Où les histoires vivent. Découvrez maintenant