6 Hélène

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Je soupire.

—Eh bien justement, toi, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?

—Rien.

—Rien ? Comment ça rien ? Et comment tu comptes me payer dans ce cas ?

Ses iris bleues me transpercent.

—Tu sais que la curiosité est un vilain défaut ?

—Il me semble normal de savoir comment tu comptes payer ta part du loyer et des charges qui vont avec, sinon quel intérêt pour moi de te prendre comme coloc ?

—Ben tu pourrais enfin vivre avec un mec super cool et sympa tel que moi, finit-il par me répondre, hilare.

Quelle arrogance !

Lassée, je détourne le regard jetant un bref coup d'œil à l'heure sur mon téléphone.

Je mange chez ma grand-mère ce midi et je dois passer à la pâtisserie avant. Elle est gourmande ma grand-mère. Elle aime beaucoup les tartes aux fruits, et tout spécialement celles de chez Marilyne, une boulangerie qui fait également salon de thé l'après-midi, située juste en bas de mon immeuble. Quand je ne suis pas au travail chez Business et Formation ou sous ma couette en train de bouquiner, on me trouve alors souvent là-bas, toujours assise à la même table sur la même chaise. Sauf bien sûr lorsqu'un client ignorant me la pique, ce qui en général, me met d'assez mauvaise humeur. Je n'aime pas changer mes habitudes. Cette table, c'est un peu mon équivalent du vieux canapé qui trône au milieu du café du Central Perk. Il est réservé, point barre.

—Je peux te payer car j'ai de l'argent de côté, me répond soudain Jim, ce qui me sort de mes pensées. Je rends également différents services ici et là, à des potes de potes, ce qui me permet de renflouer mon compte en banque quand il le faut.

Je fronce les sourcils, méfiante.

—Tu entends quoi par « services ici et là ».

—Tu veux un relevé de mon livret A ? Pas de souci, je te l'envoi par mail cet aprem, dit-il, visiblement amusé.

—Mais t'as pas répondu à ma question !

—Je regrette mais tu n'as pas à savoir comment je gagne ma vie. Par contre, si ça peut te rassurer, aucun problème pour moi, je t'envoie mon relevé, je n'ai rien à cacher.

—Comme cette phrase sonne faux dans ta bouche, persiflé-je en haussant les épaules.

—Pourquoi tu dis ça ?

—Ben, explique-moi quels services tu rends à tes potes de potes de potes, alors ? ... Oh non... C'est... c'est sexuel, c'est ça ? m'insurgé-je, choquée.

Il me lance de grands yeux tout ronds avant partir dans un fou rire.

—Mais tu es folle ! N'importe quoi, ça n'a rien à voir. Je baise gratis moi. Pourquoi, tu es intéressée ?

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant