74 Jim

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Un mois plus tard.

Hélène est partie se doucher pendant que j'allume la télé pour regarder la nouvelle allocation du président. Il va parler à vingt heures, d'ici dix minutes, et j'espère secrètement, tout au fond de moi, la prolongation du confinement...

Après être rentrés de l'hôpital, Hélène, rassurée, s'est rendue compte en regardant son téléphone que Max, le dépanneur informatique lui avait laissé deux messages vocaux sur son répondeur. Il est repassé en fin d'après-midi pour lui remettre son nouveau pc. Hors de question de les laisser seuls dans sa chambre. J'ai prétexté m'intéresser à la profession de technicien système et réseaux pour squatter avec eux. Depuis, et pour mon plus grand plaisir, elle n'a plus rencontré de souci informatique et n'a donc jamais eu à rappeler ce Max, qui j'en suis sûr, est exactement son genre de mec.

Le reste de la journée a finalement été plutôt tranquille.

Nous avons maté les deux derniers épisodes de sa série de meufs, Gossip Girl. Alleluia !

Et puisque c'est une série de meufs, ça s'est forcément terminé par le mariage tant attendu de Blaire et de Chuck après plusieurs saisons interminables de « Je t'aime, moi non plus, peut-être, j'sais pas trop, oh, prends-moi, oh non prends plutôt cette gifle en plein dans ta gueule ».

En même temps, je dis ça, je ne dis rien, car c'est vrai que depuis l'appel pour sa grand-mère pile au moment où nous allions passer à l'action, ni Hélène ni moi n'avons osé remettre cet élan torride sur le tapis. En rentrant de l'hôpital, nous sommes redevenus de simples colocataires, chacun préférant désormais garder ses distances, comme si de rien n'était. Ce qui, je l'avoue m'a fait un peu bizarre au début, m'attendant plutôt à ce qu'elle craque et veuille en discuter. C'était comme si ça n'avait été qu'une douce parenthèse très vite refermée, suivie de trois points d'exclamation écrits en gras et surlignés en rouge, pour bien signifier qu'il ne fallait plus jamais recommencer, que c'était trop risqué.

On vivait ensemble, on était même confinés ensemble, on ne pouvait pas se permettre d'essayer un truc qui ne marcherait sans doute pas.

Hélène a un passé trop compliqué, et moi, je ne sais pas aimer. Je ne le sais plus.

Et pourtant, j'ai beau m'imposer des limites avec elle, me persuader qu'on ne peut pas être ensemble, me voilà assis sur le canapé, tapotant du pied devant la télé, en attendant la fameuse allocution sur la fin du confinement ou non, et espérant rester enfermé encore longtemps avec Hélène...

—Alors, ça a commencé ? me demande t-elle en entrant dans le salon.

Ses cheveux sont mouillés. Elle porte un legging gris et un t-shirt blanc. Et moi, sans prévenir, je me mets à bander. Heureusement que mon bas de survêt est large. Je change de position nonchalamment, faisant style de rien, pour mieux camoufler mon entre-jambes.

—Il parle dans cinq minutes. J'espère qu'on va être enfin libre, mentis-je.

—Oh punaise, et moi donc ! Franchement, le télétravail, c'est cool mais pas les cinq jours, c'est trop. Et puis, mine de rien, prendre mon petit thé chez Marilyne, ça me manque beaucoup. Lui acheter quelques viennoiseries et devoir repartir les manger ici, ce n'est pas pareil. Oh et aller à la salle de sport, qu'est-ce que ça peut me manquer aussi. J'ai un abonnement dans celle en bas de la rue, tu sais, le grand bâtiment vitré. J'adore mon coach, Cri-cri ou le roi des ragots, se marre t-elle toute seule. Tu l'as vu en Visio il me semble, j'ai fait plusieurs apéros web-cam avec lui et Louise dans le salon.

—Ouais, Cri-cri, celui qui a passé sa soirée à te parler des yeux envoûtants du mec dans quoi déjà, ah oui, votre série là, vampires machin.

—The Vampire Diaries !

—Ah ouais, c'est ça.

—Oh, et remanger tous les dimanches chez ma grand-mère, ses paupiettes de veau, son chou farci, sa poule au pot... Olala, non, finalement, je crois que c'est elle qui me manque le plus, même si je lui ai quand même rendu visite quelques fois pour lui emmener des médoc ou des courses. Mais je ne sais pas, c'est pas pareil, l'ambiance dans les rues était trop pesante, trop stressante à chaque fois que j'y suis allée. Sans parler de cette attestation de déplacement qui me sort par les yeux ! Enfin bref, je continuerai de porter un masque bien sûr, mais je pourrais enfin profiter d'elle et de ses bons petits plats, et lui apporter les petites tartes de chez Marilyne.

Elle sourit jusqu'aux oreilles en s'imaginant déjà là-bas.

Qu'est-ce qu'elle est belle ! Solaire. Lumineuse. Rayonnante.

Je suis vraiment heureux pour sa grand-mère qui, comme l'avait prédit mon père, est ressortie de l'hôpital dès le lendemain de son arrivée, sans même avoir eu besoin d'oxygénothérapie à domicile.

—En tout cas, moi, ce qui me manque le plus, ce sont mes soirées au Milo's avec Pierrick, m'exclamé-je, nostalgique.

—Le Milo's ?

—C'est un bar dans le IX ème arrondissement.

—Ah okay, pourquoi ça ne m'étonne même pas, hein ? me répond t-elle froidement.

—De quoi ? Pourquoi tu dis ça ?

—Pour rien, se met-elle à bouder.

Elle se relève du canapé et va dans la cuisine, juste derrière.

—Tu veux quelques chose à boire ? Je m'ouvre un Perrier.

—Un Perrier ? Et que fais-tu de notre traditionnelle beuverie post-allocution ?

Je me lève à mon tour pour aller la rejoindre.

—Ben, ce sera sans moi, annonce t-elle en me lançant un regard noir.

—Oula, toi, tu fais la gueule ! Je peux savoir pourquoi ?

—Non.

—Si, je veux savoir.

—Non, je ne fais pas gueule, fous-moi la paix et picole tout seul.

Okay, c'est sûr, j'ai dû dire un truc qu'il ne fallait pas. Mais quoi ? pensé-je, paumé.

A suivre... :-)

Le prochain chapitre est je pense le dernier de la partie PENDANT LE CONFINEMENT ;-)

Ensuite place à la troisième et dernière partie : APRES LE CONFINEMENT.

Bonne soirée :-) Et ce week-end, je suis désolée mais je fête un anniversaire, du coup, pas sûre de pouvoir publier avant dimanche soir... Je vais essayer mais je ne garantis rien. :-)

Du coup, je vous souhaite également un très bon week-end. Merci encore pour votre lecture, vos like et vos gentils messages. De tout cœur.

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant