97 Jim

793 93 16
                                    




—Tiens, voilà une serviette propre, dis-je à Sophia, posté à l'entrée de la salle de bain. Je pense que tu trouveras tout ce qu'il te faut.

—Merci.

D'un œil curieux, elle fait le tour de la pièce puis attrape un pot de crème hydratante rangé sur une étagère.

—Tu ne vis pas seul ? me demande t-elle alors.

—Non, avec ma... ma colocataire, Hélène.

—Ah, d'accord.

—Bon, je te laisse, je vais nous cuisiner des pâtes. Tu dois avoir faim, et moi aussi d'ailleurs après six heures passées à l'hosto. Si tu as besoin d'aide pour remettre ton atèle, tu m'appelles, hein ?

—Oui, c'est gentil, me sourit-elle timidement.

Je referme la porte de la salle de bain derrière moi.

Putain, mais qu'est-ce que j'ai fait ?

Hélène va péter un câble, et à juste titre.

Après l'avoir lâchement abandonnée, j'héberge mon ex chez nous, enfin chez elle.

Je pense que c'est l'idée la plus foireuse du siècle.

Sauf que j'ai beau me triturer les méninges dans tous les sens, je ne vois pas quelle autre solution j'aurais pu trouver. Sophia, coupée du monde par ce manipulateur de merde, ne connaît plus personne dans cette ville, et je me suis montré très clair avec elle cette fois-ci. Si elle retourne avec ce salaud, je le dénonce, même si au fond, je sais que dans ce genre d'affaire, le bourreau a souvent le dernier mot, surtout lorsque la victime est toujours sous emprise et ne réalise pas la gravité de la situation. Et donc, en attendant qu'elle trouve une autre solution, une solution pérenne qui lui convienne et la mette définitivement en sécurité, je lui ai proposé de la dépanner, au risque de me faire virer de mon propre chez moi à grands coups de pieds dans mon derrière qui l'aura bien mérité...

—Le repas est prêt Sophia. Est-ce que ça va ? crié-je à son intention depuis la cuisine.

—Oui oui, ça va mais je galère avec mon atèle.

—Attends, j'arrive.

Je toque à la porte de la salle de bain.

—Je peux entrer ?

—Oui oui.

Sophia est assise sur le tabouret, enroulée dans la serviette que je lui ai prêtée.

—Non mais j'suis con, t'as pas de vêtements non plus, forcément. Euh, je vais éviter d'emprunter ceux de ma... ma coloc. Elle n'apprécierait pas. Je reviens, je vais te prêter un t-shirt à moi, vu ta taille, ça te fera office de robe.

Tout en partant fouiller dans l'armoire de ma chambre, des flashs brutaux du moment où j'ai sonné chez Thomas vers cinq heures du mat me reviennent...

—Qu'est-ce tu fous ici, Jim ? C'est toi Sophia qui l'a appelé, putain ? Qu'est-ce qu'elle t'a raconté encore comme connerie ? Que je la bats, c'est ça ? s'est-il insurgé pour essayer d'inverser ingénieusement les rôles.

Mais pas à moi !

Je le connais Thomas. Je l'ai vu évoluer, enfin se dégrader plutôt. Devenir une vraie pourriture derrière ses airs de dandy parisien. Je l'ai vu au procès de Gaspard. Pas l'ombre d'une émotion, pas une once de culpabilité. Pourri jusqu'à la moelle.

J'ai alors senti une rage incommensurable monter en moi. D'un coup. Vive et incontrôlable. Après toutes ces années, il fallait bien qu'elle finisse par s'échapper et lui sauter à la gorge à cette enflure.

J'ai tapé fort. Dans le nez. Et oui, on ne résout pas la violence par la violence.

Mais dans ce cas précis, qu'importent les conséquences. Putain, que ça m'a soulagé deux secondes de le cogner.

—Sophia, tu viens avec moi, je t'emmène à l'hôpital, ai-je ordonné à mon ex petite amie en venant l'aider à marcher. Thomas, je te préviens, n'essaie plus jamais de la contacter, parce que tu me connais mec, et tu le sais, je n'ai plus rien à perdre depuis bien longtemps...

« Je n'ai plus rien à perdre depuis bien longtemps... »

Cette dernière phrase que j'ai prononcée avant de claquer définitivement la porte de mon passé, elle tourne en boucle dans ma tête depuis.

Parce qu'aujourd'hui, si, j'ai tout à perdre au contraire.

Je peux la perdre, elle.

Hélène.

Et ça, impossible de l'envisager.

A suivre... ;-)

Et vraiment désolée, hier, je n'ai pas pu poster.

Je vais essayer de me rattraper ce soir avec un autre chapitre, mais le week-end, c'est toujours un peu plus compliqué pour moi...

En tout cas, vous le sentez le moment où Hélène va bientôt rentrer et se retrouver nez à nez avec l'ex de Jim ? AIE AIE AIE !

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant