24 Hélène

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Arrivée à la salle de sport, je dis bonjour d'un signe de tête à Stéphanie derrière l'accueil puis je file jusqu'aux vestiaires où j'ai un casier attitré avec mes affaires dedans. Ce dimanche, j'opte donc pour une séance de spin bike.

Motivée comme jamais, je monte sur le vélo. Le regard fixe, je suis concentrée sur mes mouvements. Enfin, je pensais l'être jusqu'à ce que des images dans ma tête me fassent office de paysage pendant que je suis en train de pédaler.

Le sourire charmeur de Jim défile plusieurs fois, suivi de son regard aguicheur et de ses mains chaudes.

J'accélère la cadence en secouant frénétiquement la tête.

Son sourire, son regard, ses mains, son tatouage qui disparaît sous son t-shirt...

—Mais ça suffit ! pesté-je comme si j'étais toute seule dans la salle.

Quelques paires d'yeux se tournent vers moi.

—A qui tu parles comme ça, ma beauté ? s'enquiert Christophe, dit Cri-Cri, mon adorable coach sportif depuis j'ai emménagé dans le quartier.

—Je t'avais pas vu, sursauté-je sur ma selle, tout en continuant de pédaler.

—Normal, ma démarche est aussi discrète et gracieuse qu'une panthère en pleine traque, se vante t-il dans un jogging vert menthe de la tête aux pieds.

—Tu traques un nouvel adhérent aujourd'hui ou quoi ? Tu as repéré un énième beau gosse ? m'intéressé-je aussitôt.

Les histoires d'amour de Cri-Cri sont aussi pimentées et passionnantes que celles de Louise. J'adore l'écouter m'en parler. Avec ces deux là dans ma vie, autant dire que je pourrais arrêter de lire des news romances et me mettre plutôt à en écrire.

—Grand brun barbu en rouge sur ta droite, chuchote t-il.

Je tourne discrètement la tête pour zyeuter l'heureux élu du jour.

—Ah oui, pas mal, confirmé-je.

—Pas mal ? Tu plaisantes, j'espère, s'offusque t-il. Ce mec rentre clairement dans le top 3 de la catégorie des HB. Avec Jérémy et Hugo, bien entendu.

—La catégorie des Happy Birthday ? haussé-je un sourcil, perdue.

Cri-cri me donne un petit coup de coude pile entre les côtes.

—Mais non, voyons, les Hot Boyz. Tu n'as jamais écouté la chanson de Missy Elliot ?

—Missy quoi ? De qui ?

—Hannn, t'es de quelle année déjà ?

—95.

—Oh seigneur, 1995. T'avais quoi ? Trois ou quatre ans quand Missy a dû sortir ce tube sur les mecs sexy en mode Gangsta. Ça ne m'étonne pas. Et dire que moi j'étais déjà dans la cour du collège à mater des ados boutonneux en Airs Max.

—Désolée d'être encore jeune et fraîche, veille peau des années 80 va, le taquiné-je.

Et bam, second coup de coude dans les côté.

—Aïeuh !

—Respecte tes aînés, vilaine fille. Et du coup, t'as pas répondu. Pourquoi tu as pété ton câble sur ton vélo là, à pédaler comme une dératée, hum ? Tu fuis qui ?

—Personne.

Ses yeux s'arrondissent comme des billes.

—Dis à tonton Cri-cri ce qui ne va pas...

Je rigole timidement.

—C'est encore l'autre couillon de... comment il s'appelait déjà ?

—Paul ? Non, rien à voir, répondis-je.

—Ououh, toi, t'as un autre homme qui a fait irruption dans ta vie ?! lance t-il, tout excité.

—Irruption ? Je dirais plutôt « Eruption ». Cet homme est un véritable volcan endormi. Je ne le sens pas, mais alors pas du tout.

—Ououh, si je comprends bien, c'est chaud comme la lave. C'est qui, c'est qui ?

—Personne, marmonné-je.

—A d'autres, hein ! C'est qui ?

—Mon nouveau coloc, t'es content ? craqué-je en arrêtant net de pédaler.

—Oh, un coloc !? Et Julie, elle s'est enfin barrée ? Oh j'adore les histoires de coloc. C'est du style enemiesforlovers, je parie ? Ça va finir sur Netflix cette histoire, un vrai drama te connaissant, ma belle Hélène. Tu connais la série Hélène et les garçons, d'ailleurs ? Hahahaha, s'esclaffe t-il tout seul pendant que je me demande bien à quelle bêtise des années 80-90, il fait encore allusion. 

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant