8 Hélène

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Je vire rouge écarlate. J'ai à nouveau les joues en feu et le cœur qui se tape un sprint.

—Je ne suis pas du tout intéressée, balbutié-je, je recherche un coloc je te rappelle, et au vu de notre entretien, je suis vraiment désolée mais ça ne va pas être possible avec toi.

Jim se décompose. Monsieur « Rentre-dedans » perd subitement toute l'assurance et l'hardiesse qu'il avait en débarquant chez moi. Sa déception est palpable. Etrangement, la mienne aussi.

Mais pourquoi ?

—Oh non Hélène, je plaisantais, vraiment, ne le prends pas comme ça, s'il te plaît, essaie t-il de se rattraper.

Trop tard ! Monsieur rentre-dedans vient de se prendre un mur.

—Je le prends comme je veux, Jim. Je suis navrée mais tu es là depuis quoi, trois quart d'heure, et je suis déjà épuisée par ta présence, me justifié-je sans prendre la peine de peser mes mots.

Il l'a mérité, non ?

—C'est vraiment méchant ça, se plaint-il avec une tête de chien battu.

Et voilà que je culpabilise de lui avoir dit ça. C'est un comble.

Je dois avouer que d'habitude, je sais me tenir. D'ordinaire, je me montre diplomate et polie, mais là, je craque totalement face à cet énergumène.

—Je suis sincèrement désolée de t'avoir froissé, mais tu l'as cherché aussi.

—Peut-être bien un peu, concède t-il. Aller, laisse-moi une dernière chance, je ne veux plus dormir sur le canap de mon pote, c'est invivable.

—Désolée Jim mais là, le temps joue contre toi, je suis pressée, j'ai un truc à faire après.

Je l'invite à me suivre vers ma porte d'entrée que je me dépêche de lui ouvrir.

Dernière ligne droite, ne pas changer d'avis, ne pas abdiquer.

Okay, il est canon et après sa tentative de chien battu, voilà qu'il teste les yeux doux, mais je les connais ces gars-là. Ces Paul BIS. Et mon seul mot d'ordre les concernant. Les FUIR.

—Bon, c'est donc ici que nos chemins se séparent, miss Léopard, prononce t-il tristement en essayant de capter une dernière fois mon attention.

De mon côté, je ne peux m'empêcher de fixer le tatouage qu'il a autour du cou et qui disparaît sous son pull. Ça a l'air d'être deux serpents qui ondulent et s'entrecroisent autour d'une sorte de bâton avec des ailes qui semblent recouverts de... sang.

J'ai déjà vu ce symbole quelque part... Mais où ?

—Je te souhaite de trouver la colocation qui te corresponde, Jim, bonne journée, conclus-je avant de refermer précipitamment la porte, comme si rester encore un peu auprès de lui pouvait me faire faire machine arrière.

J'ai les jambes flagada et la bouche sèche. Je suis soulagée et paradoxalement, j'ai un léger pincement au cœur. Il me faut plusieurs minutes pour me remettre de cette rencontre presque irréelle. J'inspire une grande goulée d'air, le dos collé contre la porte désormais fermée à clé. J'espère vraiment avoir fait le bon choix et que les deux colocataires potentiels de cet après-midi seront à la hauteur de mes attentes. Ou en tout cas, l'un des deux. Sinon, je suis mal barrée. Une comptable qui ne paye plus ses factures, ça sonne comme une mauvaise blague.

Je pars récupérer mon téléphone posé sur le comptoir de la cuisine. Il est déjà dix heures. On est resté soixante minutes ensemble. Incroyable, je n'ai pas vu le temps passer. Il faut vraiment que je me dépêche maintenant, si je veux avoir le temps de me doucher avant d'aller acheter la tarte aux fruits pour ma grand-mère qui vit dans le 11ème arrondissement, quasiment de l'autre côté de Paris.

En retournant dans le salon, je remarque la tasse vide de Jim posée sur la table basse et je ressens alors un drôle de truc. Je fronce les sourcils, contrariée. Je me refuse à y réfléchir plus longtemps. Je m'empresse de l'attraper pour la mettre dans le lave vaisselle, puis je range avec minutie mes jolis coussins décoratifs qu'il avait mis sens dessus dessous quand il a squatté mon canapé.

Voilà, tout est redevenu comme avant. Et c'est très bien comme ça. Satisfaite, je jette un dernier coup d'œil à mon appartement hors de prix mais rangé, avant de filer dans la salle de bain pour me préparer en vitesse... 

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant