31 Hélène

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Il est vingt heures passé quand je rentre à l'appartement.

A peine ai-je franchi le seuil que mes narines se mettent à frétiller. Ça sent divinement bon à l'intérieur. Jim est-il en train de cuisiner ? Je sens mon estomac gargouiller. Il faut dire que je n'ai rien avalé depuis mon repas de service ce midi. Ce fut une journée chargée comme je les aime, avec un super cours de yoga entre copines à la sortie du travail.

Je retire mes bottines, puis mon écharpe et mon manteau que je suspends au mur.

—Tiens, salut Hélène, tu as passé une bonne journée ? m'accueille t-il pendant qu'il essore des haricots rouges.

—Oui, c'était une bonne journée, c'est gentil. J'espère que pour toi aussi. Tu as enfin un lit, alors ?

Je m'approche de la cocotte mise sur le feu.

—Tu cuisines quoi ? Tu as fait des courses à ce que je vois.

Il y a une baguette de pain posée sur le comptoir ainsi que des paquets de chips et une boîte de cookies.

—Tu sais que ces gâteaux sont blindés de conservateur et d'addictifs ? froncé-je les sourcils en attrapant la fameuse boîte.

—D'Addi-C-tifs ? Comme moi alors, plaisante t-il.

Je ne comprends pas tout de suite. Il verse les haricots rouges dans la cocotte puis se met à émincer un oignon.

—Roh, je voulais dire additifs, pas addictifs, j'ai ripé, me rattrapé-je soudain.

—Un lapsus révélateur en pensant à moi, peut-être ? me cherche t-il.

—Absolument pas ! Alors, tu prépares quoi ? Ça sent super bon. J'ignorais que tu savais cuisiner, le taquiné-je. Je pensais que tu te nourrissais exclusivement de delivroo, uber eat et chouquettes au sucre.

Jim se met alors à pleurer.

Quoi ? Oh non, qu'est-ce que j'ai dit ? paniqué-je.

Je ne pensais pas que la cuisine était un sujet tabou.

—Oh, je... je suis désolée Jim, je ne voulais pas te vexer. C'est vrai qu'on a pris pour habitude de beaucoup se charrier toi et moi, mais si ça doit te faire du mal, promis, j'arrête. Tu as passé une mauvaise journée, c'est ça ? Ton frère n'a pas été cool ?

Il relève soudain la tête, me jauge quelques secondes, puis part dans un bruyant et interminable fou rire qui me met très mal à l'aise.

—Je ne pleure pas, voyons ! C'est à cause des oignons.

Je rougis instantanément, ne sachant plus où me mettre.

Ben oui, Hélène, les oignons !

—Tu es du genre à vite t'emballer, toi, c'est trop drôle, ajoute t-il, hilare. Et pour répondre à ta question, non non, tout s'est bien passé avec mon frère, et grâce à lui, je vais enfin pouvoir pioncer dans ma chambre ce soir. Surtout que j'ai dû te gêner ce matin à dormir en plein milieu du salon. Je ne t'ai même pas entendue prendre ton petit dej.

—Normal, je n'en ai pas pris, je ne voulais pas te réveiller.

—Tu es une colocataire très attentionnée, prononce t-il, en me faisant les yeux doux.

Je détourne le regard.

—Bon alors, tu cuisines quoi ? Tu vas me le dire, oui ou non ? lui demandé-je pour la énième fois.

Il verse les oignons dans la cocotte et attrape une cuillère en bois pour remuer tous les ingrédients ensemble.

—Un rougail saucisses.

—Je ne connais pas.

Je m'avance un peu plus.

—Tu as mis des épices, non ?

—Oui.

Il s'avance également.

Nous voilà vraiment très proches l'un de l'autre, épaule contre épaule, nos deux nez au-dessus de la cocotte dont le délicieux parfum embaume toute la cuisine.

—ça a l'air super bon, m'extasié-je.

—Ça l'est, affirme t-il en se tournant vers moi.

Son visage si près que je peux voir les détails de sa barbe de trois jours.

—Tu es toujours aussi sûr de toi, hein ? m'exclamé-je, le tête relevée vers lui, en me forçant cette fois-ci à soutenir son regard de loveur.

Il me sourit. Un sourire sexy avec une adorable fossette qui creuse sa joue gauche.

—Tu n'as qu'à goûter, et tu verras, lance t-il d'une voix veloutée.

Euh ? Il parle toujours de son plat, là ?

Il s'approche encore. J'en ai le souffle coupé. Je reste immobile, mais mon cœur, lui, n'a jamais été aussi rapide. 

Oh oh oh, à suivre... :-)

Je sais je suis pas sympa sur ce coup là. ;-)

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant