25 Jim

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Il est un peu plus de seize heures quand j'entends Hélène tourner les clés dans la serrure.

Je me redresse précipitamment, vautré sur son canapé devant un truc mis au hasard à la télé. C'est une émission culinaire. Ça me donne faim alors que j'ai mangé une énorme pizza quatre fromages, il n'y a pas si longtemps que ça. Hélène me rejoint dans le salon.

—Ça va ? Alors, cette première journée à l'appart ? me demande t-elle poliment.

J'avais déjà oublié à quel point elle était belle, putain ! Même avec le bout du nez rougi par le froid qu'elle a dû affronter dehors.

—Ton appart est vraiment top, il ne me reste plus qu'à meubler un peu ma chambre et ce sera nickel, lui répondis-je, content.

—Tu m'étonnes, parce qu'à part ta guitare, tu ne possèdes pas grand-chose comme affaire dis donc. Tu joues dans un groupe d'ailleurs ?

—Pourquoi ? Ça te ferait kiffer ? la chambré-je en lui offrant mon plus beau sourire enjôleur.

Elle soupire en haussant les épaules.

—Pff, t'es vraiment lourd, on ne te l'a jamais dit ?

—Jamais. Tu es la première. D'habitude, les filles se jettent sur moi sans que je n'aie à lever le petit doigt.

—Vantard !

Et hop, petit clin d'œil rien que pour elle.

—Et donc, tu es fière de n'être qu'un physique avantageux pour toutes tes conquêtes qui ne cherchent même pas à te connaître avant de te sauter dessus ? dit-elle, la mine songeuse.

Outch !

—Tu es en train de me traiter de beau gosse sans cervelle ou c'est moi ? m'offensé-je.

—Je n'ai pas dit ça, rigole t-elle. Tu m'as mal interprétée. Je trouve juste triste d'attirer les midinettes grâce à un corps d'Apollon et un regard de braise. La beauté intérieure, ça ne se découvre pas au premier coup d'œil ni au premier coup d'un soir, d'ailleurs. Il faut creuser, apprendre à connaître l'autre... C'est la partie la plus cool et intéressante de l'histoire finalement.

Hum... pensé-je, silencieux. C'est ça ton petit secret, Hélène.

C'est donc pour cette raison qu'elle se montre toujours autant sur la défensive quand je la drague, voire carrément agressive. Elle refuse d'être un trophée de plus, une jolie coquille vide accrochée à mon tableau de chasse.

Okay, je comprends mieux pourquoi mon charme légendaire n'a pas l'effet escompté sur toi.

Chat échaudé craint l'eau froide. Du coup, la question est : Quel salaud avant moi t'a déjà entourloupée avec ses belles paroles ?

Et moi alors ? Ai-je vraiment envie d'apprendre à connaître une fille pour réussir à enfin l'attirer dans mon plumard ?

Non Jim, arrête tout, ce serait le début des emmerdes ! Et des emmerdes, t'en as eues assez pour tout le restant de ta lamentable existence.

Pourtant, je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m'empêcher de lui faire du rentre-dedans, de la pousser constamment dans ses retranchements. Et j'adore ça.

—Alors, comme ça, tu trouves que j'ai un corps d'Apollon et un regard de braise ? minaudé-je.

Je tapote le coussin en velours posé juste à côté de moi.

—Viens t'asseoir Hélène, on peut apprendre à se connaître avant, aucun problème, insinué-je en esquissant un sourire en coin.

—Tu es incorrigible, Jim. Rentre-toi bien ces mots dans ta cervelle de pré pubère en rut, une bonne fois pour toute ! Je ne coucherai jamais ô grand jamais avec un mec tel que toi. JAMAIS ! Maintenant, tu m'excuseras mais à cette heure-ci, y'a ma série qui va commencer. Elle est bientôt finie ton émission que je puisse zapper ? Tu me passes la télécommande ?

Scotché, je la regarde s'avachir dans le fauteuil en face, à l'opposé de là où je suis.

Bon, ma nouvelle colocataire se montre clairement et assurément inaccessible. Cette meuf est intouchable et c'est peut-être pas plus mal au final.

—Tiens, attrape !

Je lui lance la télécommande qu'elle saisit au vol avant de changer de chaîne.

—Merci, coloc, me sourit-elle.

C'est moi où je viens d'être FriendZoner ? Ou plutôt définitivement ColocZoner ?

Ben merde alors !

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant