54 Jim

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Trois semaines plus tard, nous revoilà au même point. Toujours enfermés, à attendre impatiemment devant la télévision la nouvelle allocution du président, prévue ce soir à vingt heures.

—Du coup, tu manges quoi toi, ce soir ? demande Hélène en ouvrant le frigo.

Avec Hélène, ça fait maintenant un peu plus d'un mois que nous vivons ensemble en tant que colocataires.

Qui aurait cru qu'on aurait pu tenir aussi longtemps ?

Pas Pierrick en tout cas, qui à chaque apéro webcam, tente de lever un lièvre pour me convaincre de retourner chez lui depuis sa séparation confirmée avec Marjorie, à peine deux jours après le début du confinement.

Malheureusement pour lui et contre toute attente, Hélène et moi, on s'entend bien, très bien même. Il y a eu parfois quelques tensions et non-dits, c'est vrai, surtout durant la première semaine qui a suivi notre court moment d'égarement à cause d'un trop plein de Diplomatico, mais depuis qu'on a compris tous les deux qu'on devait absolument établir des limites à ne pas franchir, je pense que je n'aurais pas pu faire de meilleur choix.

La journée, elle bosse beaucoup, enfermée en télétravail dans sa chambre, alors que moi, je traîne, je vagabonde, je vaque à mes occupations, et le soir, soit on partage le dîner ensemble, soit on est chacun de notre côté au téléphone avec nos amis ou la famille.

Et parfois, pour s'aérer un peu l'esprit, on remplit une attestation de déplacement ensemble, puis on part tous les deux se promener dans le périmètre des dix kilomètres autorisés.

—Des pâtes, je pense, lui répondis-je, zappant nonchalamment à la tv.

—Encore ? Et sinon, les fruits et les légumes, tu connais ? Tu as déjà goûté au moins ? me charrie-elle.

—Oui. Regarde, même que j'en ai, lui répondis-je en me relevant du canapé pour aller ouvrir le placard sous le comptoir de la cuisine. Tiens ! T'as vu ?!

Je lui tends fièrement un paquet de farfalles rouges et vertes, aux goûts tomates et épinards.

—Pff, t'es con, rit-elle.

Je lui souris avant d'attraper une casserole que je remplis d'eau et dans laquelle je rajoute une pincée de sel et un cube de volaille.

—Tu en veux ?

—Sans façon, je vais finir mon gratin de blettes plutôt, dit-elle en mettant son tupperware dans le micro-ondes.

—Quelle idée ! Un gratin de blettes, qui peut manger un truc pareil ?

—Ben moi, fronce t-elle les sourcils.

—Non mais toi, ça ne compte pas, tu as des goûts trop bizarres. Un gratin dauphinois ou un gratin de macaronis au fromage, okay, mais tes blettes, elles ne ressemblent à rien et ça pue.

Bip du micro-ondes.

Elle roule des yeux avant de récupérer son tupperware réchauffé. Alors que je me retourne pour ajouter ma dose de pâtes dans l'eau bouillonnante de la casserole, Hélène s'approche tout à coup par derrière pour me fourrer une cuillérée surprise de son gratin dans la bouche. 

—Tiens, goûte ! s'exclame t-elle, morte de rire.

Pris en traitre, je me retrouve avec de la blette plein le gosier. Je grimace.

—Toi, tu perds rien pour attendre, la menacé-je après m'être forcé à avaler.

Et là, tel un gamin à la cantine de l'école, j'enfonce mes doigts dans son gratin insipide et flasque pour lui tartiner de force le visage avec.

Collée contre le frigo et ainsi à ma merci, que nenni, cette peste ne laisse pas faire, elle gesticule dans tous les sens pour tenter de s'échapper.

Mais c'est elle qui m'a cherché, c'est elle qui a commencé ! pense le petit garnement revanchard qui est en moi.

Je la maintiens fermement plaquée dans mes bras et lui colle de la bouillie de blettes sur ses lèvres entre ouvertes, la moitié lui tombant dans le décolleté.

—Arrête, tu m'en mets partout ! Jim, arrête ! se débat-elle en rigolant aux éclats.

Nos deux bustes sont serrés l'un contre l'autre. Calmé, je m'immobilise soudain, sentant la chaleur de son corps en train d'envelopper le mien.  

Et je ne sais pas pourquoi...

Peut-être l'enfermement qui a fini par nous monter à la tête...

Mais c'est à ce moment-là, ce moment précis, que tout a dégénéré entre nous...

Oh oh oh ... à suivre ;-)

AUJOURD'HUI, et après un mois et demi d'écriture pour cette nouvelle romance, je fête mes 40 000 mots sur WORD !!! Franchement, je pensais pas, et clairement, ce qui me motive, ce sont vos like et commentaires. Merci mille fois ! :-)

Alors que ma dark romance Ta poupée russe, dispo aussi sur wattpad, fait 60000 mots, J'espère viser les 70 000 minimum pour Confinée avec un Con fini.

J'espère que toute l'histoire vous plaira !

Bon week-end. :-)

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant