106 Hélène

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L'oreille collée contre la poitrine de Jim, j'écoute son cœur qui bat.

Padam padam padam...

Il l'a dit, il l'a enfin dit.

Il bat pour moi. Et le mien pour lui.

J'entends soudain le grondement du tonnerre dehors, précédé d'un éclair jaillissant à travers la fenêtre dans un ciel qui s'est assombri au fil de cette chaude journée de mai.

Une pluie diluvienne vient alors se cogner violemment contre la vitre.

Toujours blottie dans les bras de Jim, je souris discrètement.

Nos deux cœurs échaudés ne craignent plus l'orage.

Non.

Ils battent à l'unisson, ils dansent sous l'averse, en dépit de tout ce qu'on a pu se reprocher depuis que nous nous sommes rencontrés.

Et puis, cette fois, je l'ai laissé parler sans l'interrompre, sans lui avouer que je savais déjà tout sur son passé.

Le départ de Gaspard à une fête parmi tant d'autres, l'appel de Marceau depuis l'hôpital, l'accident, le procès, ce petit garçon d'à peine trois ans qui sans doute ne se souvient déjà plus de ses parents, et la culpabilité qui le ronge depuis. Qui le rongera toujours. 

Je me suis tue, je n'ai jugé personne, pris aucun parti. Je l'ai juste écouté avec bienveillance et empathie.

Il m'a ensuite proposé d'aller commander un delivroo et surtout, de me présenter Sophia, qui la pauvre s'est apparemment enfermée dans la salle de bain et qui surtout, lui avait donné l'autorisation de me raconter ce qui lui est arrivée et ce pourquoi il a déboulé chez elle et son ancien meilleur ami en plein milieu de la nuit, sans avoir voulu m'impliquer.

—Je suis sincèrement désolée, Sophia, de m'être conduite comme une...

—Conne finie ? se bidonne Jim, une frite entre les doigts.

Je pique un far, arborant une moue perplexe, le temps de comprendre sa vanne.

Je soupire.

Bon okay, je l'ai un peu cherché. C'est vrai que je l'ai beaucoup insulté depuis qu'il a emménagé chez moi. Je n'ai pas été super tendre avec lui.

Mais pour ma défense, j'ai eu peur.

Peur de ce que cet homme m'a fait ressentir dès que je lui ai ouvert la porte, parce qu'au fond, j'ai toujours su que cet arrogant et curieux personnage aux abdos dessinés et au regard aguicheur allait bouleverser ma vie toute entière.

Alors que je croque à pleines dents dans mon burger végétarien, je repense, limite nostalgique, à notre première rencontre :

« —Salut, avait-il dit avant de me reluquer de la tête aux pieds. Je ne savais pas que la coloc était avec un léopard.

Je n'ai alors pas compris tout de suite qu'il faisait de l'humour, sans doute parce que j'étais trop occupée à mater le tatouage qu'il avait dans le cou et qui finalement, telle la carte d'une chasse au trésor, fut la clé de tous ses mystères.

—Haha, ai-je rougi, excuse ma tenue mais il me semblait t'avoir donné rendez-vous cet après-midi.

—Tu me fais entrer ? m'a t-il souri. »

Sans le savoir, les sourcils froncés, les lèvres pincées et les bras croisés, c'est à ce moment précis que je lui ai ouvert en grand la porte de mon cœur.

...

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant