40 Hélène

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Les prunelles de Jim sont carrément envoûtantes à ce stade de la soirée. Et j'ai beau savoir que ce désir ardent ne mènera nulle part, pire encore, que je le regretterai sitôt consommé, je ne pense plus qu'à une seule chose. Qu'il m'embrasse. Passionnément. Sans retenu. Presque bestialement.

Sauf que penser de cette manière, aussi crument, n'est pas du tout mon genre et que tout ça est hors de question !

Non, cette fille éméchée et entreprenante qui semble avoir pris le contrôle sur ma vie, d'ordinaire rangée et sage, ne gagnera pas. Je refuse de succomber à une tentation passagère, éphémère, sans avenir, parce que ce soir j'ai bu après avoir appris que comme dans les films de catastrophe naturelle, on était confinés, enfermés chez nous, risquant sinon de mourir contaminés par un virus contagieux en train de se propager vitesse grand V.

Perturbée par son regard doux et enjôleur, je recule de quelques centimètres en enfonçant ma tête sur le dossier du canapé.

—ça doit être très dur de perdre sa maman pendant l'adolescence, réalisé-je.

—ça l'est. Mais je m'en suis remis depuis ! Et puis, je m'y étais préparé, elle était malade depuis quelques années déjà, un cancer.

Je sens mon cœur se serrer.

—Oh, la pauvre. Quelle horreur cette maladie.

—Oui... Ta maman aussi était malade ? me demande t-il comme si on était en pleine partie de ping pong question/réponses sur nos vies de merde.

—Non, elle s'est suicidée. Elle s'est suicidée à cause de moi, annoncé-je de but en blanc.

L'alcool, ce putain de sérum de vérité !

Tu parles trop Hélène ! Tu le connais à peine ce mec et voilà que tu te confies à lui comme si vous vous racontiez de simples banalités.

—Ne dis pas ça ! rétorque t-il sèchement.

Il m'attrape alors le visage.

Je retiens mes larmes.

Pourquoi ai-je dis ça ?

A lui ?

Comme ça, sans hésiter ?

Qu'est-ce qui t'arrives Hélène, toi, qui t'es forgée au fil de toutes ces années une armure que tu pensais impénétrable ?

—Ne dis pas ça, tu m'entends ! poursuit Jim, fâché, mon visage toujours serré entre ses mains.

—C'est pourtant la vérité, elle ne me voulait pas, c'était trop tard pour avorter, mon père, ce connard, dont elle était follement amoureuse, est reparti dans son pays, nous abandonnant toutes les deux. Pendant qu'elle, impuissante et bloquée, ce sont ses rêves qu'elle a dû abandonnés.

—Arrête, tu n'étais qu'un bébé, un bébé n'est jamais le coupable de quoique ce soit. Tu es si belle, si forte, si courageuse, Hélène.

Il m'effleure la joue avec son pouce.

—Y n'empêche que si je n'étais pas là, sur cette Terre, ma mère serait encore en vie et accomplie.

Au moment où je sens que je vais craquer et fondre en sanglots, Jim pose furieusement ses lèvres sur les miennes.

Son baiser est sévère et réconfortant à la fois. Je ne le repousse pas au contraire, je savoure cette folie qui semble me faire tout oublier.

Je ne suis plus triste ni en colère.

Pendant que sa bouche humide se presse contre la mienne, je ne pense plus à rien, je me sens presque en paix, je me sens bien. C'était comme si j'étais confortablement lovée au creux de mon petit nuage de coton, lévitant, tout doux, tout tiède, sentant la menthe et le cyprès.

Alors que sa langue vient de temps en temps caresser la mienne, je reprends mon souffle entre deux danses, respirant à m'en faire tourner la tête, son parfum mentholé.

Puis, mon petit nuage de coton, tel un ascenseur émotionnel, redescend tout doucement pour me reposer un étage plus bas, sur le sol froid et dur de la réalité.

Jim recule, mal à l'aise.

—Je... je suis désolé Hélène, je ne voulais pas, c'était plus fort que moi, je voulais que tu arrêtes de dire des âneries, que tu arrêtes de t'accuser d'un drame dont tu es la victime.

Je le scrute plusieurs secondes, perdue moi aussi. Puis, enhardie, je décide de laisser la fille éméchée et entreprenante prendre le dessus. J'attrape Jim par la nuque et le ramène vers moi pour l'embrasser.

A suivre... ;-)

Bon ben j'ai écrit 30000 mots en 1 mois, je ne suis plutôt contente ! En espérant surtout que l'histoire vous plaise. N'hésitez pas à commenter :-) ça m'aiderait beaucoup !

Bon après-midi !

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant