48 Hélène

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Non, mais je n'imaginais pas du tout Jim posséder un torse comme celui-là. 

Je ne l'ai pourtant jamais vu ni entendu faire de la muscu à l'appartement. Le mec mange quasi quotidiennement du delivroo et ne bouge jamais sauf pour se pointer à ses rencards... Alors comment peut-il être aussi bien foutu ?

Il fait des pompes et des abdos pendant son sommeil ou quoi ?

Souffrant de somnambulisme, il se lève tel un automate inconscient et s'entraîne toutes les nuits, ce n'est pas possible autrement. 

—Non, mais tu prends des stéroïdes ? ne puis-je m'empêcher de lui demander, regrettant bien sûr mon franc-parler la seconde d'après.

Hélène, t'es sérieuse de lui sortir ça ? me sermonné-je intérieurement.

Quant à Jim, il rigole.

Je sens tout d'un coup le rouge me monter aux joues, et le pire, c'est que je n'arrive pas à détourner le regard de son tatouage, plus grand et plus imposant que je ne le pensais.

—Haha, n'importe quoi ! J'ai fait beaucoup de sport en salle ces trois dernières années... ainsi que de la boxe, pour me défouler. Mais là, avec l'arrivée du covid, la salle où je m'entraîne avait déjà fermé à cause de plusieurs cas, avant même le confinement.

—Ah.

Silence.

—Et sinon, tu comptes me mater encore longtemps, ou je peux aller m'habiller ? ajoute t-il, hilare. Tu veux voir le reste ou ça te suffit ?

Je relève la tête, scandalisée. Il en profite pour me faire un clin d'œil aguicheur.

—Non mais quel égo surdimensionné, je ne te matais pas, c'est... c'est ton tatouage que j'analysais. Je ne l'avais jamais vu en entier, tenté-je de me rattraper.

—Ouais ouais, il a bon dos mon tatouage, me sourit-il. Et il n'y a pas que mon égo de surdimensionné, si tu vois ce que je veux dire...

—Pff, n'importe quoi ! gloussé-je malgré moi en fuyant fissa dans la salle de bain.

Je me soupçonne d'avoir zyeuté une micro seconde son entre jambes.

Paniquée, je lui claque la porte au nez.

Mais Jim n'en a visiblement pas terminé et s'écrie de l'autre côté :

—Et dis, pour hier soir, j'espère que tu comprends pourquoi j'ai dû freiner tes ardeurs.

Mon sang ne fait qu'un tour en entendant cette ignominie. Je rouvre illico la porte.

—Mes ardeurs ? m'exclamé-je, furibonde.

Oh, j'avais déjà oublié que Monsieur se pavane torse nu... Je suis sûre qu'il a fait exprès d'oublier ses vêtements dans sa chambre.

Non, tu n'arriveras pas à me déstabiliser une seconde fois, espèce d'exhibitionniste !

Je réussis malgré tout à garder la tête haute. Pleine d'aplomb, je soutiens même son regard rieur. Le mien est noir et se veut imperturbable.

—Mes ardeurs ? répété-je en haussant le ton. Tu te fiches de moi, là ? Qui est-ce qui a embrassé l'autre en premier, hein ?

—Ah, alors tu te souviens ? Tu es bonne actrice, j'ai cru pendant le petit dej que t'avais oublié cet incident à cause du rhum. 

—Incident ?

—Incartade, si tu préfères.

Je soupire.

—En me levant ce matin, j'avais oublié, si, et puis... malheureusement, ça m'ait revenu.

—Hum, toujours est-il que ce premier baiser  ne comptait pas, tu pleurais et ça m'a stressé. Je ne savais pas quoi faire d'autre.

Je lève les yeux au ciel, de plus en plus excédée.

—Mais quel sournois, j'hallucine. Donc, tu embrasses toutes les filles qui pleurent devant toi ?

Il hausse les épaules.

—Aucune idée, tu es la première fille qui fond en larmes devant moi. D'habitude, elles fanfaronnent et rigolent à mes blagues pour flirter. Je ne critique pas ta méthode de drague, hein, mais c'est inédit pour moi, c'est tout ce que je dis.

—Pardon ? Parce que tu penses que je t'ai raconté ma vie en chialant pour te draguer ?

Je crois que là, ça y est, je suis hystérique.

—Quand je pense que j'ai cru que t'étais devenu un gars sympa... Comme quoi, un goujat reste un goujat !

Mais curieusement, au lieu de se vexer, il sourit de plus bel. Ces joutes verbales semblent beaucoup le divertir.

Non, mais j'y suis ! C'est un jeu pour lui. C'est évident, il adore me chercher, et le pire c'est qu'il sait à chaque fois comment me trouver. Il sait faire vibrer la corde sensible. Dans tous les sens du terme.

Je rougis en me concentrant dur comme fer pour ne pas flancher en re-matant ses abdos.

C'est fou. Tantôt il me donne envie d'apprendre à le connaître voire plus si affinité, tantôt de le virer de cet appart à grands coups de pieds dans le derrière.

Bon sang, ça rime à quoi ?

Et si c'était moi finalement le problème dans cette relation en dents de scie ?

Et si j'étais une proie trop facile ?

Toute chamboulée, je m'enferme pour de bon dans la salle de bain.

Et si ce petit jeu entre nous m'amusait finalement plus que je ne veux bien me l'avouer ?

Oh oh oh, à suivre... ;-) A ce rythme là, je t'aime moi non plus, le confinement risque d'être long... :D

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant