50 Jim

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Alors que toutes les chaines d'info ne parlent plus que du covid et du confinement à la tv, lassé et ne voyant toujours pas Hélène revenir de son travail, j'attrape la télécommande, appuie sur le bouton Marche/Arrêt et décide d'accepter la proposition de Pierrick en allant boire vite fait un café chez lui.

Après tout, qui sait combien de temps le confinement va durer ?

Finis les alfer work dans les bars et les apéros chez les amis.

Quand on y pense, c'est très anxiogène de s'imaginer enfermer dans un appartement sans date butoir, sans savoir si les règles déjà énoncées hier soir par le gouvernement seront durcies ou au contraires progressivement assouplies...

On avait normalement jusqu'à midi avant la mise en place du couvre feu. Mais si j'ai bien compris, il reste encore une certaine « tolérance » jusqu'au week-end prochain, pour permettre ainsi aux gens de rejoindre leurs proches dans d'autres départements et régions.

Bref, les infos arrivent au compte-gouttes et comme certaines directives ne sont pas encore très claires, je vais profiter d'un dernier instant de liberté pour partager un dernier café avec mon pote, Pierrick. Il m'a en plus précisé par sms que sa meuf n'était pas là, ce qui est parfait !

—Ben mince mon Pierrick, t'as une sale gueule ! lui dis-je en arrivant chez lui. Toi, t'as encore forniqué toute la nuit !

—Pff, même pas, Marjorie fait encore la gueule. On s'est embrouillés jusqu'à tard hier soir, me répond t-il, deux grosses poches violacées sous les yeux.

Lui qui a toujours été considéré comme the beau gosse du groupe lorsqu'on était au collège, commence à prendre un sacré coup de vieux entre son embonpoint grandissant et ses quelques poils de barbe poivre et sel. C'est fou comme on n'est pas tous égaux face au temps qui passe. Il a mon âge et pourtant ses soucis de couple semblent accélérer le vieillissement de ses cellules.

Il referme la porte derrière moi avant de se diriger vers la cuisine. J'enlève mon manteau et le suis.

—Ah merde ! Désolé pour toi, mec.

Je ne lui demande pas pourquoi il s'est disputé avec sa copine parce que primo, je m'en balance, deuxio, moi je n'aimerais pas qu'on se mêle de ma vie privée, et tertio, connaissant Pierrick, même si je m'en balance, il va quand même tout me raconter dans les moindres détails pour avoir mon avis. 

—Tu veux une bière ou un café ?

—Non non, un café s'il te plait, j'ai trop picolé hier soir. 

—Avec ta nouvelle coloc ? Hélène, c'est ça ?

—Ouais.

—Elle est où là ? A l'appart ? Il est bien ? Vous allez vous confiner ensemble ? C'est pas chaud l'idée de se confiner avec une nana qu'on connaît à peine ?

—Haha, moins chaud que de se confiner avec toi et ta meuf.

Il me tend une tasse fumante de café et s'ouvre une bière pour lui.

—Bon, ben trinquons à la fin de l'humanité et sans doute aussi à la fin imminente de mon couple, s'exclame t-il en levant son verre.

—Ah ouais, c'est à ce point avec Marjorie ? Pourtant, ça se passait plutôt bien entre vous, m'étonné-je.

—Je le croyais aussi, sauf qu'en fait, elle me reproche que des trucs à la con depuis que t'es parti, comme si ta présence ne rendait pas encore notre vie de couple concrète. Avant, et ne le prends pas mal hein, mais comme tu la saoulais, on s'enfermait systématiquement dans la chambre et on baisait. Je la soupçonne d'ailleurs de l'avoir fait exprès pour te pousser à te casser...

Je ris.

—Mais ça, c'est évident mec ! Une nana ne beugle jamais aussi fort sauf si elle veut qu'on l'entende, me marré-je. Ta copine ne m'a jamais apprécié de toute façon, je ne suis pas con hein, je l'ai toujours su.

Pierrick se gratte le derrière du crâne, un peu gêné.

—Ah ? Tu savais ?

Je souffle sur mon café encore brûlant.

—Non mais Pierrick, t'as vu la tronche qu'elle tire quand elle me voit ? On dirait qu'elle n'a pas chié depuis des semaines tant elle est tendue du string.

Nous explosons de rire.

—Toujours est-il que tu me manques, Jim. Je suis convaincu vu la dispute qu'on a eue hier soir que ce confinement va précipiter notre rupture.

—Bah, une de perdue, dix de retrouvées !

—Ouais et tu m'expliques comment je vais réussir à pécho en restant enfermé chez moi ? T'imagines si le confinement dure trois mois ?

J'hausse les épaules, blasé moi aussi par cette hypothétique abstinence.

—Heureusement que les pornos existent, conclus-je. 

—Et la bière pour noyer son chagrin ! ajoute Pierrick avant d'en avaler une grosse gorgée.

A suivre...

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant