104 Hélène

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Je referme la porte de ma chambre sans comprendre pourquoi j'ai joué une scène pareille, aussi improbable et débile. Je n'en reviens pas, et le pire c'est que j'ai tout improvisé. J'avais promis à Louise de lui laisser une chance.

Mais en même temps, est-ce que justement, ce n'est pas mon subconscient qui vient de s'exprimer à ma place en fuyant ses plus plates excuses, en lui pardonnant ?

Suis-je réellement prête à oublier toutes ses petites cachotteries, ses dérobades sur son passé tortueux et son départ de Sauternes sans aucune explication ?

Parce que Louise a beau m'expliquer par a + b d'après les dires de son Pierrick que Jim tient à moi, dans les faits, ce que je vois moi, c'est qu'il m'a déjà brisé le cœur après à peine quelques jours d'idylle.

Franchement...

Pour moi, le début d'une histoire d'amour ne doit contenir aucune rature, c'est fluide et limpide.

Si on doit en permanence réécrire la première page, qu'est-ce qui va se passer ensuite ?

Je ne veux pas d'une relation tumultueuse, je ne veux pas prendre de risques, je déteste prendre des risques et Jim, c'est un gros danger ambulant sur mon chemin.

Il existe aucune assurance pour les dégâts causés par l'amour !

Et puis, il ne s'agit pas de n'importe qui, on est colocataire et ça aussi c'est un facteur non négligeable à prendre en considération. Ni lui ni moi n'avons envie de quitter cet appartement, ce quartier, la pâtisserie de Marilyne.

Donc autant stopper toute cette pagaille avant qu'il ne soit trop tard et qu'on ne puisse plus se blairer, se supporter. 

Je secoue la tête de haut en bas comme pour valider, approuver ma détermination à ne pas flancher, à ne pas capituler.

Tandis que je retire mon haut pour me mettre en pyjama, il vient soudain toquer à ma porte.

J'ai la tête de coincée dans mon t-shirt.

—Hélène, c'est mort, je te laisserai pas t'inscrire sur Tinder, dit-il de l'autre côté de la cloison.

Mon cœur s'arrête net, avant de repartir de plus bel en se cognant dans tous les sens contre ma cage thoracique.

—Hélène, je suis désolée par avance mais je vais rentrer dans ta chambre sans même te demander ton autorisation, me prévient-il.

Je me décompose. Je suis en soutif, la tête toujours bloquée sous mon t-shirt.

—Putain, Jim ! crié-je en rougissant.

En même temps, ce n'est pas comme s'il pouvait voir mes joues dans cette posture ridicule, ventre et soutien-gorge à l'air.

Je n'ose plus bouger. Je l'entends qui referme la porte derrière lui.

—Haha, tu veux de l'aide ?

—J'ai mon collier qui s'est pris dans l'étiquette et si je tire, je le casse, lui expliqué-je en essayant de garder mon calme et un minimum d'amour propre.

—Attends, fais voir.

Il s'approche à pas de velours, puis je sens tout à coup ses mains me frôler pour essayer  de me libérer.

—Voilà. Tu peux l'enlever ou le remettre, comme tu veux, me laisse t-il le choix.

Je le redescends aussi sec pour me rhabiller. Je dois être rouge écarlate. J'ai trop honte.

—Hélène, je mérite largement ta petite saynète de ce soir, j'en ai conscience, mais s'il te plaît, maintenant, c'est à mon tour, écoute-moi.

—Jim, on s'est trompés en essayant de sortir ensemble, ça ne sert à rien d'insister, tenté-je alors de l'arrêter, parce que je sais que s'il continue, je vais craquer.

On m'a toujours appris que la meilleure des défenses c'était l'attaque, donc je me montre offensive.

Bats les pattes !

Interdiction de me refaire bernée par ses yeux enjôleurs, sa voix de velours et sa bouche sexy.

—Bon, j'avais prévu de tout t'expliquer depuis le début, pour Sophia, pour Gaspard, pour tout quoi. Mais franchement, tu me laisses plus le choix là, je vais commencer par la fin.

—La fin ?

—Je t'aime Hélène, je suis fou de toi et je me suis conduit comme un vrai con quand tu me l'as susurrer au creux de l'oreille parce que j'ai pris peur, tu as raison, je ne suis qu'un lâche. Mais tu sais ce qui m'effraie bien plus encore que mes sentiments ?

—Je...

—De te perdre, de ne plus jamais pouvoir te prendre dans mes bras, comme ça... dit-il en m'enveloppant contre lui.

—De ne plus jamais pouvoir te caresser la joue, comme ça... sort-il en m'effleurant le visage du bout des doigts.

—Et... de ne plus jamais pouvoir t'embrasser... Comme ça... finit-il, juste avant de sceller ses lèvres aux miennes.

A suivre... ;-)

Aller, exceptionnellement, deux chapitres en une soirée... :-)

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant