75 Jim

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20 heures 30, le président vient d'annoncer la levée progressive du confinement et les règles établies à suivre, car on est loin d'en avoir terminé avec la covid-19, surtout que des variants semblent aussi circuler un peu partout dans le monde. Du coup, j'ai bien peur qu'on en ait pour plusieurs années à parler distanciation sociale, masque barrière, gel hydro alcoolique, quarantaine et tests PCR. J'imagine même, vu la connerie humaine qui nous caractérise tous si bien, qu'on sera très bientôt confinés à nouveau. Je ne vois pas comment un virus ayant provoqué une pandémie mondiale en à peine quelques mois pourrait avoir disparu du jour au lendemain... Et donc forcément, notre « remise en liberté » dans la cohue et la foule, surtout en ville, va raugmenter en flèche le nombre de cas, c'est mathématique.

Mais bon, en même temps, on ne peut pas non plus rester enfermés dans nos bulles respectives pour le restant de nos jours. Même si, je l'avoue, rester enfermé ici avec Hélène, loin de la civilisation et donc des problèmes, ne me dérangerait pas plus que ça en fin de compte. 

—Oh yeah baby ! Nous sommes libres, m'exclamé-je en sur jouant le rôle de mec joyeux et soulagé par l'annonce tant attendue du gouvernement.

—Oh bon sang, on va reprendre une vie normale, enchaîne Hélène, souriante.

Elle, qui s'était murée dans le silence depuis le début de l'allocution, retrouve enfin la parole.

—Tiens, tu ne fais plus la gueule ? la cherché-je aussitôt, un sourire narquois au bord des lèvres.

—Pff, je ne faisais pas la gueule, combien de fois vais-je devoir te le répéter, punaise !

—Hum, on aurait dit pourtant, haussé-je les épaules.

—Ben non, roh.

—Et sinon, tu restes au Perrier citron vert ou tu veux que je te l'agrémente avec un peu de menthe, de sucre de canne et un soupçon de rhum ? Il faut fêter le déconfinement, non ?

—Je ne sais pas si le rhum est une bonne idée... hésite t-elle. C'est que ça ne m'a trop réussi la dernière fois.

—La dernière fois, on était déprimés et on s'est fait des shoots de vieux rhum. Là, nous sommes heureux et je te propose un Mojito, ce qui est quand même moins fort. T'inquiète, je te mettrai beaucoup de glaçons pour noyer l'alcool.

—Bon, aller, tu as raison, il faut fêter ça après deux mois enfermés. 

—Exactement !

Elle éteint la tv pendant que je m'attelle déjà derrière le comptoir de la cuisine.

Je coupe les citrons verts, puis rince les feuilles de menthe achetées la veille pour une recette de samossas au poulet que j'aime beaucoup cuisiné et qu'Hélène a d'ailleurs adoré.

—Pff, depuis que tu as emménagé ici, tu sais que j'ai l'impression d'être devenue alcoolique ? soupire t-elle en s'asseyant sur le tabouret en face.

—Tu exagères, nous avons bu quoi ? Dix fois en tout sur deux mois, c'est rien, c'est loin d'être de l'alcoolisme.

—Ben ça fait quand même deux fois par semaine, voire un peu plus.

—Hé la comptable, t'es pas au boulot là, ne te prends pas la tête, profite, me marré-je.

—Tu sais, moi, je buvais plutôt dix fois par an avant. Et je suis sûre qu'en plus, avec tous tes bons petits plats là, que j'ai pris deux ou trois kilos. Je le sens que mes jeans me serrent, ça craint du boudin !

Je lui tourne le dos pour aller chercher la bouteille de Perrier dans le frigo.

—Pff, t'es loin d'être un boudin ! rétorqué-je du tac au tac.

Elle rit. Je reviens pour verser l'eau gazeuse dans les verres.

—Non mais j'ai pas dit ça non plus, oh, fronce t-elle les sourcils.

—Haha, Hélène, tu es objectivement la femme la plus canon et adorable que je n'ai jamais rencontrée, alors avec dix kilos en plus, crois-moi, tu resterais parfaite.

Hélène devient rouge comme une pivoine. Je pense que moi aussi.

Pourquoi j'ai sorti un truc aussi gnian-gnian, putain !? pensé-je, blasé.

Je baisse la tête, préférant me concentrer sur la préparation de nos deux mojitos.

—Bon, je suis désolé, je n'ai pas d'angostura, changé-je de sujet.

—De l'angos quoi ?

—Angostura, ça se rajoute dans le Mojito. C'est la petite touche finale, c'est super bon.

—Ah okay, mais t'inquiète pas hein, je n'ai aucun moyen de comparaison, vu que j'ai jamais bu ce cocktail avant ce soir.

J'écarquille les yeux, étonné.

—Non, c'est vrai ? Comment est-ce possible ? Il faut tout t'apprendre à toi ! Tu as quel âge déjà ?

—Vingt deux, papi, en profite t-elle pour se moquer.

Elle esquisse un joli sourire espiègle.

Je m'étouffe avec ma propre salive.

—Papi ? On a seulement cinq ans d'écart, je te signale.

—Sans doute, mais tu commences déjà à te dégarnir sur le devant, là, au dessus du front, dit-elle en tendant le bras par-dessus le comptoir pour me toucher les cheveux.

Je frissonne avant de piquer un fard.

—Quoi ? N'importe quoi !

Hélène, elle, pique un fou rire.

—Haha, très drôle, me froissé-je comme un môme à qui on aurait fait gober un gros bobard.

Elle me sourit alors tendrement.

A ce moment précis, j'ai l'impression que le temps vient de se figer.

Je ne vois qu'elle et je n'ai qu'une envie.

L'embrasser.

A suivre...

Coucou !
Bon déjà désolée, je n'ai pas pu écrire hier soir comme c'était initialement prévu. Ensuite, ce chapitre est pour moi pas « très intéressant » mais il est ce que j'appelle un chapitre de transition... vers la nouvelle grande partie « Après le confinement » ! :-)
Dans cette partie, j'espère réussir à continuer à pimenter bien comme il faut la relation Jim-Helene ;-) mais punaise, quand vont-ils enfin craquer ces deux là ? ^^
Bon lundi et joyeux Halloween 🎃

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant