42 Jim

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C'est quand même une situation inédite !

Du jamais vu. En tout cas, à moi, ça ne m'était jamais arrivé. Me voilà en train de fuir une nana hyper canon, enfermé seul comme un couillon dans ma chambre avec une demi molle.

Franchement, on devrait m'attribuer illico la médaille du mérite pour le seft-contrôle dont j'ai su faire preuve. Et au lieu de ça, au lieu d'être reconnaissante, Hélène a pété un plomb et m'a copieusement insulté.

Cette fille, c'est à n'y rien comprendre.

Quand je la drague, elle devient furax et me fout un râteau.

Quand je la respecte et ne veux pas profiter d'elle, elle devient furax aussi.

Okay, j'ai toujours su que les femmes sont compliquées, mais elle, c'est un vrai casse tête ambulant. Et le pire, c'est qu'au lieu d'être à mon tour en colère contre son comportement en dents de scie, extrême et sans aucune logique, je ne peux alors m'empêcher de repenser, allongé sur mon lit, à notre discussion sur sa famille, un peu plus tôt dans la soirée.

« —Tu te prends pour qui ? Mon père ? Ce connard ne m'a même pas reconnue en apprenant qu'il avait foutu ma mère en cloque. Quant à ma mère ? Je ne l'ai pas connue, enfin si, à peine, durant la première année de ma vie puis basta, plus de parents. Zéro ! Et tu vois, j'ai fait sans et je m'en porte pas plus mal. Alors, ce n'est certainement pas un coureur de jupon au chômage qui va me dicter ma conduite. Rend-moi mon putain de verre ! » m'avait-elle aboyé dessus.

Je fixe le plafond, songeur, me remémorant ensuite notre premier baiser.

« —Il n'empêche que si je n'étais pas là, sur cette Terre, ma mère serait encore en vie et accomplie. » s'était-elle mise à pleurer.

C'est à ce moment là que je l'ai embrassée. Non par pitié ou pour qu'elle la boucle enfin. Attiré tel le papillon de nuit vers la lumière qui éclairait sa bouche en cœur, je l'ai embrassée parce que c'était une évidence, parce que j'en mourrais d'envie, comme jamais je n'avais ressenti ça auparavant.

Hélène est belle, rayonnante, mais elle est aussi d'une fragilité déconcertante.

Ce baiser volé, c'était ma façon d'essayer d'apaiser ses angoisses, de récupérer au passage quelques bouts de tristesse. Une tristesse palpable dès notre toute première rencontre. J'ai toujours su que derrière ses airs sérieux et moralisateurs, se cachait une petite fille traumatisée.

Hélène n'a jamais eu la rage d'un léopard libre et sauvage comme sa combi en fausse fourrure pourrait le faire penser, non, elle ressemble à un chaton à peine sevré, abandonné au bord d'une nationale. Les autres tracent leurs chemins à vive allure et elle, jetée sur le bas côté, elle est paumée.

Putain, mais comment son père a t-il pu faire un truc pareil ? Se barrer dans son pays, ne plus jamais revenir, ne pas se retourner, comme si de rien n'était, comme si elle n'existait pas.

Okay, je ne suis pas non plus un enfant de chœur en ce qui concerne mes relations sentimentales, mais jamais je ne laisserai une meuf que j'aurais mise enceinte dans une telle merde, une si grande détresse.

Je me demande quel âge avait sa mère quand elle l'a eue. Je me demande comment elle a pu en arriver à penser qu'il valait mieux mourir plutôt que de continuer à se battre, auprès de son bébé.

Putain ! Je sens mes poings se serrer à imaginer l'enfance d'Hélène, orpheline, élevée par sa grand-mère maternelle, qui heureusement a l'air gentille et protectrice.

J'imagine son visage sombre quand chaque année, elle devait peindre, créer, dessiner, des putain de cadeaux pour la fête des mères et la fête des pères.

J'imagine sa haine à chaque fois qu'un adulte pensant être bienveillant, lui demandait ce que faisait son papa et sa maman dans la vie et si elle avait des frères et sœurs.

Putain ! Je lui ai moi-même posé cette question. Je suis vraiment trop con !

Et pourtant, je ne suis pas sans savoir à quel point les interrogations qui paraissent les plus anodines sont souvent les plus intrusives et remuantes.

Bon, Jim, ça ne sert à rien de ressasser un passé qui ne t'appartient pas.

Bouge toi le cul, enlève ton jean, fous-toi pépouz sous la couette et demande au marchand de sable de t'assommer vite fait bien fait à coups de pelle.

A suivre...

Confinée avec un Con finiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant