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- T'y étais presque Enzo.
- Laisse tomber, je suis trop nul.
Les lèvres pincées, je suivais des yeux le petit frère de mon copain qui se laissait mourir sur la table de la salle à manger, croisant ses bras sous son menton avant d'y plonger la tête. Cela faisait au moins une heure que j'essayais de lui faire apprendre sa fable pour demain mais rien n'y faisait, ça ne voulait pas rentrer.
- Continue Enzo. tonnait Mathieu de sa voix grave, bien installé dans le canapé et devant la télé.
- J'y arrive pas ! râlait le brun, me faisant mal au cœur.
- C'est pas en disant ça que tu vas réussir. Donc continue, ça va l'faire t'inquiètes.
Peut-être légèrement remis d'aplomb, Enzo levait la tête de son cahier avant de lire à nouveau "Le Corbeau et le Renard" de Jean De La Fontaine. De base, j'étais venue chez les Pruski pour glander en compagnie de Mathieu mais le problème du benjamin m'avait semblé plus important qu'une sieste.
- On reprend. l'encourageais-je après dix minutes . Vas-y, les cinq premières lignes au moins.
- Maître corbeau, sur un arbre perché... Tenait en son bec un- Un fromage. Maître renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : « Hé, bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli, que vous me semblez beau. Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. »... Après je sais plus.
- C'est déjà pas mal, t'as la moitié dans la tête.
- Mais il reste l'autre et j'y arrive pas. soufflait Enzo. Je vais me taper l'affiche devant toute la classe.
- Dis pas ça, il te reste encore l'après-midi pour connaître le reste. Je vais le lire à haute voix et faut que tu retiennes l'intonation. C'est comme une musique, une récitation. Donne juste un rythme derrière et ça va rentrer dans ta tête.
- Tu veux que j'mette une prod' derrière ?
Les sourcils froncés, je tournais la tête vers Mathieu qui avait décroché son regard de la télévision pour le poser sur nous, l'air totalement sérieux.
- Quoi ?
- Une prod' ? répétais-je, incrédule.
- Bah oui. C'est toi qui dit que c'est comme un son sa fable. P't-être qu'il retiendra mieux avec un truc derrière.
- Euh... Ouais, pourquoi pas. De toute façon, faut tout essayer hein.
Mathieu se levait du canapé pour venir vers nous, trafiquant deux-trois trucs sur son portable, avant de le poser à plat sur la table juste après avoir mis une musique. Mon front se plissait d'autant plus devant la mélodie plutôt étrange mais ça suffisait à faire hocher de la tête les deux frères.
