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𝚖𝚊𝚝𝚑𝚒𝚎𝚞Tout me rendait malade. Manger me donnait envie de vomir. Me doucher me donnait envie de chialer. Dormir me donnait envie de me réveiller. Rester debout me donnait envie de me coucher.
Même travailler je n'y arrivais pas, je n'y arrivais plus. À chaque client qui entrait dans la boutique, j'espérais à chaque fois qu'il ait les traits de ma guadeloupéenne, que je redécouvre ce nez fin, cette silhouette en volupté et ces cheveux en pagaille. Mais aucun d'eux ne ressemblait à ça, aucun d'eux ne ressemblait à Maë.
Et j'en faisais des cauchemars la nuit, j'me réveillais soit en sursaut et en nage, soit secoué par mamie qui me tirait de mes gémissements et de mes larmes. J'pleurais en dormant. Même en me voulant inconscient, j'arrivais à ressentir de la peine, c'était trop chaud.
Alors je ne parlais même pas de la barrière en fer devant le petit supermarché, je n'osais même plus lever les yeux sur elle, sachant très bien que Maë n'y était plus accoudée, attendant patiemment que je termine mon service pour qu'on bouge ensuite ensemble.
J'étais juste seul.
- Vas-y polak, j'te relève. Oh, Mathieu.
- Quoi ? grognais-je en me sentant me tirer de mes songes.
- J'ai dit que tu pouvais y aller, j'prends ta caisse.
- J'ai pas fini.
- T'es pas présent, moins que d'habitude en plus. Ça sert à rien, tu vas nous faire des écarts de caisse là, mauvaise idée.
- C'est bon j't'ai dit.
- Frérot, me force pas à faire quelque chose que j'veux pas. Rentre chez toi, je m'en occupe. Et prends soin de toi un peu.
Passant ma main sur ma barbe mal rasée, je soupirais une énième fois avant de céder et de me lever de ma chaise. Le moral à zéro, je remerciais vite-fait mon collègue d'une tape dans la main, avant de rejoindre les vestiaires, là où je me changeais.
Toujours à la vitesse d'un zombie dans des sables mouvants, j'ouvrais mon casier et récupérais mon ensemble de jogging bleu marine. Sans trop faire gaffe, je retirais mon gilet d'caissier avant d'enfiler mon sweat à capuche et de récupérer ma sacoche. Alors que j'allais refoutre ma tenue de travail dans le casier rouge, mes yeux tombaient sur mon portable que j'avais laissé là, ne voulant pas constater encore les milliers d'appels de mon ex.
Elle partait aujourd'hui, ce soir. Et je l'avais pas revu une seule fois, j'lui avais même pas dit au revoir. Le dernier souvenir de nous deux ? Nos deux gros egos qui se gueulaient dessus en larmes. Putain, elle était belle la vie.
- Bordel.
Je jurais avant d'attraper mon portable d'un mouvement vif, claquant la porte de mon casier juste après l'avoir récupéré. Sans calculer Salim qui fronçait les sourcils en me voyant débouler à nouveau dans le market, je partais en direction des escaliers menant au toit du bâtiment. Je ne pensais à rien, mon cerveau était encore plus vide que d'habitude, je faisais carrément abstraction de tout ce qui m'entourait.
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𝘤𝘰𝘴𝘮𝘰𝘴
Fanfiction𝗺𝗮𝘁𝗵𝗶𝗲𝘂 𝗽𝗿𝘂𝘀𝗸𝗶 "𝗽𝗹𝗸" • Tout individu collabore à l'ensemble du cosmos, même toi (29avril2022-18sept2022)