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Qu'est-ce qu'il fait là ?! J'avais pourtant demandé aux garçons et à Liu de ne surtout pas dévoiler mon adresse. Je ne voulais pas le revoir. Je savais que se serait trop dur pour moi. Et j'ai eu raison.
J'ai luté contre moi et mes émotions afin de ne pas lui sauter au cou et de lui dire à quel point j'étais heureuse de le revoir sur pied et en bonne santé. Il semblait malgré tout encore si affaibli.

Pour ne pas céder à mes sentiments, j'ai écourté sa venue et lui ai refermé de façon ingrate la porte aux nez. J'ai alors couru jusqu'au canapé du salon et me suis effondré dessus en déversant pour la énième fois un torrent de larmes dans les pauvres coussins déjà témoins de mes nombreux troubles psychologiques en ce moment.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée vautré là dedans mais même lorsque j'ai entendu Liu franchir la porte, mes pleurs ne se sont pas stoppés pour autant. Au contraire, ils se sont intensifiés.

Elle arrive à mon niveau et me prend dans ses bras. Ses caresses me calment un temps soit peu. Je n'ai pas besoin de lui dire quoique se soit, elle sait déjà qui est la cause de mes tourments et de mes si vives émotions.
-Tu sais si c'est aussi dur que ça, tu ne devrais plus essayer de réfréner tes sentiments... Ça me fend le coeur de te voir dans cet état. Et ce depuis l'accident... Tu ne souris plus et ne rigole plus. Tu te coupes de toute relation sociale, excepté moi. Tu sais, tu manques beaucoup aux garçons alors j'imagine que ça doit être pareil, voir pire pour Jin...
-Si je fais ça, tu le sais très bien, c'est parce que je n'ai pas le choix...
-On a toujours le choix Gisèle... Et tu as fait le choix de TE faire souffrir et de LE faire souffrir. S'il a fait ce qu'il a fait le jours de l'agression, c'est qu'il t'aimait plus que tout au monde, plus que sa propre vie. Et toi pour le remercier, tu le fuis et l'évites du jours au lendemain... Tu te mets à sa place un peu parfois, ou tu fais juste l'égoïste ?
-De toute façon, à quoi bon ? Mon visa expire à la fin de l'année... Je devrais retourner en France et récupérer ma petite vie de franchouillarde... Loin d'ici, loin de lui! Et puis elle avait raison Eunji, de quel droit Jin serait à moi ?
-Peut-être parce que tu es l'élu de son coeur ? Ça ne se commande pas les sentiments... Regarde toi, tu en es l'exemple même. Réfléchis à ce que je viens de te dire et va te détendre en prenant un bon bain bien chaud. Je vais préparer le dîner en attendant.

J'obtempère et me dirige vers la salle de bain. Après tout elle a raison, un bain chaud ne me fera aucun mal. Mais a-t-elle raison pour les reste ? Dois-je laisser parler mon coeur à défaut d'écouter ma raison ?
Puis une fois entrée dans le liquide tiède, je repense à la conversation que nous venons d'avoir ensemble une nouvelle fois. Est-ce qu'elle a raison ? Est-ce que mon comportement est celui d'une personne égoïste ? Mais n'est-ce pas égoïste d'écouter ses propres sentiments avant ceux des autres ? Quant est-il des sentiments de Jin ? De ses fans ? De mes amis ? Les fais-je souffrir ?

Je pensais le protéger en faisant ça mais est-ce que je ne me protégeais pas moi, plutôt ? N'ai-je pas peur de souffrir plus que de raison lorsque je devrais finalement le quitter pour de bon et retourner en France ? Mais est-ce que je peux souffrir plus que maintenant ?

Toutes ses questions fusent dans ma tête à présent, remettant en question mes choix jusqu'à présent.
Mais comment revenir en arrière maintenant ? Comment me faire pardonner auprès de Jin ? Est-ce qu'il voudra bien comprendre mes raisons ? Mais comment revenir vers lui après tous mes agissements pour l'éviter ? Je ne peux certainement pas le recontacter par téléphone... Ce serait lâche de ma part... Je ne sais plus quoi faire, je suis perdue.

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Après sa conversation brève avec Liu, il reprend la direction du label, déterminé à avoir ce qu'il veux. Il ne peut plus endurer ce qu'il vit en ce moment. Leurs petites manigances à tous le blessent plus qu'ils ne le protège. Il doit poser les points sur les « i » avec le président.

Il se dirige tout droit vers l'immense bureau de la personne que l'on surnomme Bang PDnim et toque à la porte de son vaste bureau. Il attend qu'on lui autorise l'accès puis entre. Il referme la porte doucement, s'avance énergiquement vers lui et le salue respectueusement.
-Jin! Je ne pensais pas te voir si tard. Comment vas-tu ? Tu te remets tranquillement ?
-Non, ça va mal. Et vous savez très bien pourquoi. Alors ne tournons pas plus autours du pot.
-Je vois. J'aurai dû me douter que tu comprendrais vite. Tu es quelqu'un de très perspicace. Mais que veux-tu que je fasse ? Elle a fait son choix et je ne peux rien faire contre malheureusement...
-Peut-être parce qu'elle s'est sentie obligé par quelqu'un ? Je sais à quel point, en Corée, nous savons faire ce genre de chose : parler sans ouvrir la bouche, mais le regard lui ne trompe jamais. Et je dois dire qu'elle a bien appris de nos coutumes. Que lui avez-vous proposé en échange ?

Son interlocuteur remonte les petites lunettes qu'il avait sur le nez et se racle la gorge, comprenant qu'il n'a plus le choix. La vérité doit être révélé.
-.... Un emploi. Je savais qu'elle ne pourrait pas refuser une telle offre avec tous ces scandales qu'elle traînait derrière elle... Personne ne l'aurait prit. Et elle le savait très bien, elle aussi. Cependant, sache que je ne lui ai rien fais signer concernant ce deal. C'est elle qui a décidé de ne plus te contacter. Contractuellement, elle ne risque rien mais je ne peux rien faire si elle a décidé de ne plus te fréquenter... Mais vois le bon côté des choses, cette relation était vouée à l'échec. Vous souffrirez moins maintenant, tous les deux, que lorsqu'elle devra retourner dans son pays.

Les derniers mots qu'il entend le révolte. Alors qu'il est assis sur le siège en face du bureau, il se lève et s'énerve.
-Comment pouvez-vous dire ça ? Je sais que ce que vous cherchez par dessus tout c'est nous protéger... Mais vous ne pouvez pas interférer avec notre vie privée comme ça. Nous ne sommes pas des poupées de chiffons que vous pouvez exposer comme bon vous semble. Nous sommes humains et nous avons des émotions. JE suis humain et si je choisis de poursuivre ma relation et qu'ensuite j'en souffre, ce sera MON choix.

Sur ces dernières paroles, Jin le salue une dernière fois poliment, respectant la hiérarchie, même s'il ne souhaite qu'une chose : s'en aller en claquant la porte.

Au dortoir, il se dirige directement dans la chambre de son frère Yoongi sans même toquer à la porte.
-Yaaa, frappe avant d'entrée ! Imagine j'étais à poil !
-C'est pas comme si on s'était pas déjà vu tous à poil chacun...

Il s'allonge dans le lit, attrape un coussin et le serre très fort dans ses bras. Il observe le plafond sans rien dire. Yoongi comprend qu'il a besoin de parler alors il s'arrête dans son écriture et vient s'installer à côté de lui. Il prend lui aussi un coussin dans ses bras et attend qu'il fasse le premier pas.
-Pourquoi c'est si compliqué que ça les sentiments ?
-C'est compliqué parce qu'on a décidé que se soit compliqué. Qu'est ce qu'il ne va pas ?

Il s'installe cette fois-ci plus confortablement dans le lit pour être assis de la même manière que Suga et lui raconte sa soirée.
-Woua je suis choqué d'apprendre que tu aies fait ton stalkeur... Hyung, je m'excuse d'avance pour tout le monde mais on avait promis à Gisèle de ne rien dévoiler sur son adresse et de ne pas essayer de rentrer en contact avec elle avant que ce ne soit elle qui fasse le premier pas. Même si on a eu beaucoup de mal à comprendre sa requête, on a accepté parce que c'était son choix. Mais maintenant que tu me racontes ta conversation avec Sihyuk, je comprends mieux... Qu'est ce que tu comptes faire ?
-Qu'est-ce que je devrais faire à ton avis ?
-Hum, peut-être écouter tes sentiments et foncer pour cette fois, non ? Tu ne trouves pas que vous avez assez attendu tous les deux pour vivre votre histoire d'amour pleinement ?
-Mais elle ne veut pas me revoir...
-Alors force un peu les choses. Je dis bien un peu, hein. Ne commence pas à faire ton vrai stalker.
-Comment alors ?
-Hum, premièrement en te déclarant, non ? Puis, peut-être en organisant ensuite une rencontre inopinée forcée ?
-Mais si je la mettais mal à l'aise en la forçant à me voir ?
-Alors demande de l'aide à tes potes. Liu nous avait parlé que Gisèle avait pensé organiser un week-end tous ensemble après notre tournée américaine. Mais les choses ont mal tourné et elle n'a jamais eu l'occasion de mener à bien son idée. Demande lui peut-être des conseils.

D'un seul coup, une illumination lui vient. Il remercie son ami en lui embrassant le dessus de la tête et s'empresse de retourner dans sa chambre. Son choix était fait. Et il allait tout mettre en œuvre pour y arriver et le plus vite possible. L'impatience de la retrouver le gagnait.

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Seokjin, ne pars pas...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant