****Mon week-end a été tellement riche en émotion que j'en ai oublié le fait que tout mon service était présent lors de cette soirée. En arrivant au bureau, toutes mes collègues me sautent au cou en me bombardant de questions. Ou est-ce que j'avais trouvé une robe pareille ? Comment se fait-il que Jin me connaisse ? Depuis combien de temps je le connais ? Pourquoi je ne le leur avais jamais dit ? Qu'est-ce que voulait me demander Namjoon ? Bref ce genre de question ultra intrusive. J'essaye d'esquiver tant bien que mal leurs interrogations. J'y parviens plus ou moins bien en répondant très brièvement, voire en leur mentant légèrement. Non mais, de quel droit elles se mêlent de ma vie privée ?
Voyant qu'elles ne tireraient pas plus d'information de ma part, elles retournent à leur bureau. Je décide d'aller me chercher un verre d'eau pour me rafraîchir et me changer les idées. En allant dans la cuisine commune, ma collègue que j'apprécie le moins m'y retrouve.
-Où es-tu passée après la représentation des BTS ? Je ne t'ai plus vu autour de leur table après ?
-Je... Je me suis sentie mal et j'ai dû rentrer chez moi plutôt que prévu..., lui mentis-je à moitié puisque ce n'était pas entièrement faux. Ce que j'oublie de dire c'est que je roupillais dans l'un des salons de l'entreprise. Mais elle n'a pas besoin de le savoir. Je ne sais pas pourquoi mais je ne la sens pas. Est-ce l'intuition féminine ? Peut-être... Elle rajoute sournoisement :
-Et dire que tu m'as assuré que Jin ne nous remarquerait même pas avec le monde... Je dois dire que tu es une bien bonne menteuse. Et en plus, tu mets tout en œuvre pour l'attirer dans tes filets. Je dois bien avouer que tu m'impressionnes et me déçois. Moi qui pensait que tu étais une bonne petite fille qui savait rester à sa place...
Elle me toise de haut en bas puis s'éloigne de la cuisine. Je reste interloquée par la conversation que je viens d'avoir. Ou du moins devrais-je dire, par le jugement qui m'a été porté. Je ne relève pas. Après tout, si elle est aussi fan que moi de Jin, elle doit être déçu qu'il ne l'ai pas remarqué. Je comprends, j'aurai été pareil mais en moins virulente. Je n'aurai jamais osé dire ça à l'une de mes collègues.Je retourne à mon poste. Je fouille dans mon sac à la recherche de mon téléphone. Tiens, c'est étrange, je pensais avoir mis la veste de Jin dans le fond de mon cabas mais je la retrouve sur le dessus. Je peux aussi divaguer. Je suis sur un petit nuage depuis dimanche matin. J'ai, je dois l'admettre, un peu la tête en l'air. Mais je m'empresse de la remettre dans le fond de mon sac, il ne faudrait pas que quelqu'un la remarque...!
Quand je repense à ce qu'il m'a dit : « Il n'y a qu'une femme qui m'importe ce soir... », je ne peux m'empêcher de rougir. Pourquoi a-t-il dit une chose pareil ? Je baisse la tête. Toutes les attentions qu'il a eu envers moi... Il était si protecteur et sûr de lui ce soir-là...
-Qu'est-ce qu'il y a Gisèle ? Tu as trop chaud ? Tu es toute rouge ? Je peux t'accompagner sur le toit si tu as besoin de prendre l'air ? S'inquiète mon collègue un tantinet collant.
Je sursaute, m'arrachant ainsi à mes pensées et décline son invitation poliment. Il va commencer à me gonfler celui-là, je le sens... Je secoue la tête et me refocalise sur mon ordinateur. Je vais devoir faire des efforts pour me concentrer aujourd'hui. J'ai déjà hâte d'être ce soir pour le revoir.Je fais mine d'être débordé venant l'heure de la pause du midi. Je ne veux pas que l'interrogatoire se poursuive à table. Je leur annonce plutôt que je vais manger un sandwich rapide devant mon ordinateur. Ils se dirigent vers la cuisine mais mon collègue ennuyeux décide de venir me parler un peu avant d'aller déjeuner. Il me complimente encore de ma tenue de samedi soir. Il me gêne, je ne sais pas quoi répondre.
Au même moment, je reçois un message sur mon téléphone. Je lui fais signe que c'est important et que je dois absolument répondre. Il s'incline et s'éloigne timidement. Je lis le message :
« Salut ! Est-ce que tu as retrouvé la forme ? Je pense que oui sinon tu ne m'aurais pas agrippé le poignet comme tu la fais mais je veux des nouvelles. Et de toi directement ! »
Mes yeux s'arrondissent d'étonnement : « Kim Taehyung » avec un petit cœur violet. Comment se fait-il que j'ai le numéro de V dans mon portable ? L'aurait-il rentré au moment où il nous a pris en photo ? C'est possible, cela lui ressemble parfaitement bien ! Je rigole.
« Oui je vais bien, tu as profité de la photo de groupe pour rentrer ton numéro. Tu es vraiment malin ;) »
« :) Vas-tu un jour venir nous rendre visite ? On n'a pas eu le temps de beaucoup papoté... Tu as préféré faire la belle au bois dormant... »
Je rigole de plus belle ce qui a le mérite d'attirer les regards vers moi depuis la baie vitrée de la cuisine. Je me redresse et fait mine de retourner à mon travail. Après quelques minutes, je reprends mon téléphone pour lui répondre.
« À mon avis, pas n'importe qui peut rentrer dans votre donjon ! »
« Ahahah, notre donjon... On a quand même le droit de recevoir quelques invités de temps en temps. »
« Humm, même quand il s'agit de fille ? »
« ... »
« Ah tu vois ! »
« Je trouverais bien une solution, fais-moi confiance. »
Je souris car je sais à quel point il peut être entêté. C'est sûrement ce trait de caractère qui le rend si talentueux. Finalement, cette petite conversation virtuelle tombait à point nommé. Il m'a délivré de mon collègue. Ce dernier va vraiment m'embêter. Je soupire et repose mon téléphone.****
Jin ne parvenait pas à écrire son message pour Gisèle. Il n'avait pas envie de l'écrire. Il avait au contraire très envie de la revoir, de parler avec elle. Mais Suga avait raison. Aller la retrouver au risque qu'elle se fasse suivre par un paparazzi serait bien trop dangereux pour elle comme pour eux. Il ne pouvait en aucun cas être aussi égoïste et suivre ses envies. Il devait être sage et pondéré dans ses choix. Si seulement il ne mettait en danger que lui mais il y avait bien trop de personnes chères à ses yeux impactées dans ses actes.C'est finalement vers dix-sept heures qu'il se décide enfin à lui envoyer ce message :
« Gisèle, je suis désolé. Je ne pourrais pas être présent ce soir à la bibliothèque. J'ai attrapé un petit rhume. Le staff et les membres veulent absolument que je me repose. Je te tiendrais au courant quand je me sentirais mieux. »
Un léger mensonge mais cela pourra expliquer son absence à la bibliothèque. C'est mieux pour elle. Mais sa réponse n'arrive pas... Elle est très certainement encore au travail. Les minutes lui semblent des heures. Il tourne en rond dans le salon en regardant son téléphone toutes les dix minutes. J-Hope entre dans la salle.
-Jin ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu révises tes pas de danses ? lui demande-t-il en rigolant.
-Non rien, j'attends une réponse.
-Et bah ! Il y a un problème avec ta famille ?
-Non, non. Ma famille va très bien ! Je...
-Mais qu'est-ce qu'il y a ? Ta tête me stresse !
-Rien, rien ! C'est moi, je... Je réagis bizarrement en ce moment.
J-Hope le regarde fixement comme s'il le scrutait de l'intérieur à la recherche d'une explication. D'un seul coup, un sourire illumine son visage. Il se rapproche de Jin pour être à quelques centimètres de son oreille :
-Gisèle ? Cette belle jeune femme à la robe satinée rose ?
Jin se recule instantanément et le regarde interloqué. Comment a-t-il pu savoir que c'était elle le sujet de ses pensées ? Ne saurait-il plus cacher du tout ses émotions ?
-Raaaah, allez quoi, c'est bon ! J'ai compris, va ! Elle te plait, hein ? C'est elle qui te mettait en retard les soirs de répèt ? Tout s'explique maintenant ! s'exclame-t-il en lui tapant amicalement le dos.
-Je... Je ne sais pas quoi répondre... baragouine-t-il en regardant ses pieds.
-Bon, je préfère ça plutôt que tu ne veuilles plus travailler avec nous... !
-Mais enfin, qu'est-ce que tu t'imaginais ? Jamais je ne penserais ça ! Vous êtes tout pour moi. Je me sens juste parfois moins talentueux que vous... avoue-t-il en rebâtissant son regard une nouvelle fois sur ses pieds.
-Arrêtes tes bêtises ! Tu ne voies même pas ton propre talent ! Gisèle, elle, le voit très bien. Elle était subjuguée par ta voix samedi soir, comme nous tous à vrai dire. Jin, arrêtes de douter de toi et fais-toi confiance.
Il relève la tête à la simple mention de Gisèle. À ce moment-là, son téléphone sonne. Hoseok comprend que c'est la réponse tant attendue donc se retire sans rien ajouter.
« Alala, je suis désolée. Tout est de ma faute ! Tu m'as prêté ta veste et j'ai oublié de te la rendre... Je m'en veux... J'espère que tu iras mieux très vite. »
Il sourit. Son message est attendrissant, elle s'inquiète pour lui.
« J'irai mieux d'ici une semaine même pas. Mais nous avons un enregistrement vidéo dans quelques jours, ils ne veulent pas que je prenne le moindre risque d'empirer mon cas. »
« Bien, prends soin de toi et à bientôt ? »
Son point d'interrogation le fait sourire. Elle lui demande astucieusement quand ils se reverront. Il espère très vite mais préfère rester vague.
« Oui à bientôt. ;) »
Quelqu'un lui saute sur le dos alors qu'il était assis sur le canapé du salon.
-À bientôt qui ?
Jin cache son téléphone dans sa poche et se retourne en se libérant des bras de Jimin.
-Ça ne te regarde pas...
-Hummm, une petite copine ?! crie-t-il tout surpris.
Jin l'attrape et asseye de couvrir sa bouche.
-Ne crie pas si fort, Jimin !
Il se calme et se rapproche de son grand-frère.
-C'est ça alors, je ne me suis pas trompé ?! Ton silence en dit long, confirme-t-il fièrement. J'espère que ce n'est pas Gisèle. Elle est si beeeelle...
-Jimin... dit-il en fronçant les sourcils.
-Ok, ok, j'ai compris ! C'est elle ! s'exclame-t-il les mains en l'air comme s'il se rendait à la police. Puis il s'enfuit dans sa chambre.Jin se rassoit dans le canapé et souffle. Comment se peut-il que J-Hope et Jimin puissent s'imaginer qu'elle soit sa copine ? Qu'ont-ils vu pendant la soirée ? Comment a-t-il pu être aussi transparent vis-à-vis de ses émotions ?
Cette soirée de samedi a mis durement à l'épreuve ses émotions. Ceci dit, cela lui a permis d'y voir un peu plus clair. Une chose est sûre : il n'aime pas que d'autres garçons s'intéressent à elle ou tournent autour d'elle.****