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Jamais de ma vie je n'ai fait travail plus dégradant que ce soir. Je ne connais pas la relation qu'entretient Jackson avec mon employeur mais j'espère que c'est une simple connaissance car cet homme est ignoble. C'est le genre de personne à reluquer chaque femme qui passe devant lui de la tête aux pieds sans s'en cacher.

Lorsque je suis arrivée, il m'a à peine salué mais ne s'est pas gênée de me mater avec insistance sans une seule fois me regarder dans les yeux. Puis il m'a jeté à la figure avec un sourire en coin ce que l'on peut appeler ces bouts de tissus mon uniforme de la soirée.
À vrai dire, c'est à peine si mon corps était couvert. Ma jupe était bien trop courte même pour une lycéenne dévergondée... Et le haut laissait clairement apercevoir mes rondeurs plus élevées que la normale en Corée. Pour couronner le tout, j'ai dû porter une sorte de casque futuriste couvrant entièrement mon visage.

Vous me direz que ce n'était pas plus mal car au moins on ne reconnaissait pas mon visage mais c'était sans compter tous les mots déplacés ou sifflements auxquels j'ai dû faire face pendant plusieurs heures. Je vous évite les détails... Qu'est-ce que j'étais sensée promouvoir au juste ?
Je n'ai moi-même pas tout compris... une sorte de café-piano bar, je crois. Mais alors pourquoi je devais me vêtir de la sorte pour distribuer ces tracts ? Aucune idée...

Bref, au bout de quatre longues heures, je décide de mettre fin à mon supplice et retourne voir l'homme. Je lui signale qu'il fait bien trop froid pour que je puisse continuer dignement. Si je peux avoir encore un temps soit peu de dignité...
-Très bien, dans ce cas-là, tu comprendras que je ne peux pas te rémunérer puisque tu n'as pas accompli ta mission jusqu'au bout. De toute façon, une fille comme toi, ça s'exhibe gratuitement...

Alors là s'en est trop, je lui mets une claque magistrale sur la joue, lui jette mes talons de douze mètres de haut sur le torse, attrape de justesse mon sac et pars en courant le plus loin possible de cet enfer. Une fois assuré d'être assez éloigné de cet homme immonde, je me laisse glisser contre le mur d'un immeuble qui me semble étrangement familier. 
Mes larmes inondent déjà ma vue. Après quelques minutes à pleurer parterre, je sens des vibrations émettre depuis mon sac. J'attrape difficilement mon téléphone, la main encore tremblante.

Seokjin a essayé de m'appeler plusieurs fois. Ce sont maintenant ses messages qui apparaissent devant mes yeux humides.
« Tu as bientôt finit ? » « Il se fait tard. » « Dis-moi où tu es, j'arrive te chercher ! »

Je lève la tête vers le ciel et le remercie d'avoir mis sur mon chemin une personne comme Jin qui se soucie autant de moi. C'est alors que je reconnais enfin les lieux. Je suis adossée à son immeuble. Je me suis dirigée inconsciemment chez lui comme si je savais que j'allais être en sécurité une fois là-bas. Je lui envoie une réponse : « Tu es chez toi? »

Sa réponse ne se fait pas attendre : « Oui. »
Je ne prends même pas la peine de regarder ses autres messages que je me dirige dans le hall de l'immeuble, appuie désespérément sur le bouton de l'ascenseur et appuie sur le bouton de sa sonnette frénétiquement.

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Il venait tout juste de poser son téléphone devant lui sur le plan de travail de la cuisine, attendant impatiemment sa réponse, que la sonnette retentit continuellement dans tout l'appartement jusqu'à ce qu'il ouvre enfin la porte.

Gisèle se jeta littéralement dans ses bras en déversant des torrents de larme qu'elle avait tenté de calmer plutôt.
-Que s'est-il passé ? Gisèle, répond-moi ! Qu'est-ce qu'il ne va pas ? Regarde moi, je t'en prie...

Il lui attrapa son menton pour la forcer à le regarder. Une nouvelle fois, son coeur se brisa quand il vit la tristesse dans son regard. Elle n'était manifestement pas en état de s'expliquer. Alors, il la serra dans ses bras plus fortement qu'à l'habitude tout en la berçant tendrement. Elle finit par enfin se calmer. Ses pleurs s'espaçait de plus en plus pour qu'au final nous ne puissions qu'entendre quelques reniflements par ci par là.

Toujours dans l'entrée dans les bras l'un de l'autre, il ne remarqua pas tout de suite la tenue qu'elle portait. C'est quand il la sentait trembler qu'il s'écarta pour mieux la voir. Il rougit instantanément en se maudissant d'avoir des pensées si déplacés dans un pareil moment.
Il la dirigea vers sa petite cheminée, l'alluma en un claquement de doigt et courut récupérer une couverture dans sa chambre.

De retour dans le salon, il mit la couverture sur ces épaules et l'enroula dedans. De une, cela lui permettait de cacher cette tenue provocante lui déclenchant des idées absurdes... Et de deux, elle se réchauffera plus rapidement. Il la fit s'assoir sur le tapis devant la cheminée et s'installa derrière elle l'entourant de ses bras, collant son corps au plus près d'elle afin d'essayer de lui transmettre toute sa propre chaleur.

Ils restèrent un moment ainsi. Le menton de Seokjin posé sur l'épaule de Gisèle, leurs deux joues collées l'une à l'autre. C'était agréable de sentir qu'au contact de sa peau, la chaleur reprenait vie sur celle de Gisèle. Il essuyait de temps en temps quelques larmes qui perlaient le long de ses joues. Gisèle reprit enfin la parole :
-Merci Seokjin... Merci d'être là à mes côtés. Si tu savais comme ta présence me fait du bien et me réchauffe le coeur.

Comme simple réponse, il lui caressa doucement la joue et lui embrassa  tendrement la tempe. Elle lui demanda timidement :
-Est-ce que je peux me retourner et te prendre dans mes bras ?
-Hum... c'est que... je... Comment dire ? Tu... Je vais t'apporter d'autres vêtements avant. Je ne voudrais pas que tu tombes malade...
Elle eut tout juste le temps de tourner sa tête vers lui qu'il s'éclipsait déjà. Elle ne put s'apercevoir que ces oreilles étaient devenues rouges vives.

D'un seul coup, elle reprit conscience de l'accoutrement dont elle était vêtue et sa honte la fit se cacher entièrement sous la couverture jusqu'au retour de son prince charmant.

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Seokjin, ne pars pas...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant