****Une semaine avant la grande fête chrétienne, la bibliothèque était pleine à craquer. Une lecture publique de conte de Noël y était organisé pour les familles du quartier. La plupart étaient des jeunes parents accompagnés de leurs enfants. Ces derniers ne tenaient pas en place. On était loin du calme habituel. Voyant toutes ces personnes, je pensais évidemment à ma famille. Cela faisait maintenant plus d'un mois que je les avais quittés. Je ne pus réprimer une moue triste en les voyant si proche les uns des autres tout sourire. Toutes les places étaient prises sauf celle se trouvant à côté de moi. Je fermai les yeux un instant, et me focalisai sur la musique de mes écouteurs. Quelqu'un vient s'installer près de moi ce qui fait tomber une de mes oreillettes.
- Serait-ce toute cette agitation qui vous rend si morose? Ou serait-ce votre journée? questionna-t-il gentiment.
Encore cette voix... Je la reconnaîtrais entre toutes !
Je relève la tête et voit Jin souriant. Je le regarde bouche-bée. Jamais je n'aurais cru le revoir ni encore moins qu'il me parlerait directement. Je reste plusieurs minutes, qui me paraissent des secondes, à admirer ses traits fins et délicats. Tout simplement parfait, pensais-je. J'en oublie même de respirer. À en croire l'inquiétude sur son visage, je deviens blême.
Pris de panique, Jin me prend doucement le bras en se hâtant de me faire sortir pour que je puisse prendre l'air. Une fois dehors, il me scrute attentivement cherchant le moindre signe de faiblesse arriver. Devant cette expression si sincère, mon cœur dérape. Je manque de m'évanouir. Ni une ni deux, il me prend la main fermement en disant :
- Vous devez absolument manger quelque chose. Je connais un restaurant près d'ici où il n'y a pas grand monde le soir. Cela vous permettra de reprendre des forces tranquillement.
Nous arrivons dans un petit restaurant tout en longueur. Il m'installe précautionneusement sur la banquette du fond.
Je regarde silencieusement l'endroit dans lequel il m'a emmené. Une sorte de paravent nous séparait du reste de la salle. Nous étions ainsi cachés des futures clients potentiels, si toutefois il y en avait ce soir-là. Il semblait être familier des lieux et du gérant, un vieil homme à la tête toute ronde et au sourire généreux. Une grande gentillesse émanait de cet homme. Il prit des nouvelles de son jeune client :
- Et bien, cela faisait longtemps depuis la dernière fois ! Ça fait bien au moins deux semaines que tu n'es pas venu. Mais je te pardonne, je vois que tu n'as pas chaumé depuis, dit-il en lui souriant et en lui faisant un clin d'œil appuyé vers moi. Jin, mal à l'aise, se gratte la nuque. Il lui jure que ce n'est pas ce qu'il croit mais seulement qu'il a été débordé par le boulot. L'homme sourit puis prend sa commande.
- La même chose que la dernière fois, c'était délicieux.
- Et pour la jolie demoiselle ?
Jin me regarde, je suis toujours incapable de prononcer le moindre mot.
- La même chose également, répondit-il à ma place.
Une fois seul, il me verse un verre d'eau et me fait signe de le boire. Je prends le contenant, je l'apporte à mes lèvres et commence enfin à reprendre mes esprits. Je reprenais enfin des couleurs quand je vis qu'il louchait sur mes lèvres. Jin me sourie, et immédiatement, ma peau se colore cette fois-ci de rouge.
- Je suis rassuré de vous voir reprendre des couleurs. J'ai vraiment cru que vous alliez tomber dans les pommes, souffla-t-il rassuré.
- Je... je... suis... désolé...
Ce fût les seules mots qui sortirent de ma bouche.
- Je me présente Kim Seokjin.
- Je... je... sais... Je me cogne intérieurement le front en me disant que je dois absolument reprendre la situation en main. Car elle m'échappe totalement.
- Je vois... Oui, quel idiot !
- Non! Ne dites pas ça!
Il hausse les sourcils. Ses lèvres s'étendent largement en me voyant rougir de plus belle. Il comprend alors qu'il ne parviendrait pas à avoir de réponse ce soir. Pour me faciliter les choses, il décida d'engager une autre conversation.
- Je voulais vous offrir quelques choses depuis la dernière fois où l'on s'est vu, dit-il timidement.
Cette fois, c'est lui qui s'empourpre légèrement. Il cherche dans mes iris quelque chose, un souvenir peut-être ? Mes deux grands yeux ronds lui prouvent que non, je ne vois pas ce à quoi il faisait référence. Déçu, il s'affale sur la banquette en baissant la tête. Il est si craquant à cet instant que je ne peux pas le laisser comme ça. Alors je reprends la parole en lui demandant :
- Vous avez un cadeau pour moi ? Mais... Je ne le mérite pas, vous ne me connaissez même pas!
Jin se redresse et plante ses yeux dans les miens :
- J'en avais envie, fit-il en sortant le cadeau de sa poche.
Le livre n'était plus tout à fait neuf.
- Je vous prie de m'excuser, j'ai un peu honte de l'état du livre que je vous offre. Mais je me suis mis à le lire pendant ma convalescence en attendant de vous revoir. Malheureusement, je me suis endormi plusieurs fois avec..., m'avoua-t-il en grimaçant et en faisant la moue. Il n'avait pas arrêté de penser à elle. Il était triste à l'idée qu'elle, elle n'ait pas pensé une seule seconde à lui. Il ne comprenais pas pourquoi il ressentait ça. Un rire le sortit de ses pensées. Se moquait-elle de lui ?
- Je pensais vous faire plaisir en rachetant le livre pour lequel vous étiez si ému en le voyant trempé parterre. Vous le serriez si fort lorsque vous vous endormiez sur la banquette..., me lance-t-il agacé.
Je me stoppe net et le regarde longuement avant de dire :
- Je vous imaginais entrain de le lire et piquer du nez. Je n'ai pas pu résister... Je pensais même que c'était une blague. Je vois finalement que vous êtes sincère, m'excusai-je immédiatement. C'est même adorable de votre part, vous n'étiez pas obligé. On ne se connaît pas. Enfin, je pense mieux vous connaître, que vous, vous me connaissez... affirmais-je fièrement en le regrettant tout de suite. Il s'était avancé, nos visages étaient bien trop proche à mon goût. Il me murmure amusé :
- Ainsi vous pensez me connaître ?
- Euuuh... euh... oui, enfin non. Je veux dire...
Perdue dans mes pensées, je préfère m'arrêter là avant de ne dire encore plus de bêtise. Il éclate de rire, de ce rire qui lui est si caractéristique. Je l'accompagne. Le repas arrive et nous commençons à manger.
Soudain, je me rappelle l'une de ses paroles. Il avait lu le livre pendant sa convalescence... Que lui était-il arrivé depuis la cérémonie ? Curieuse, je me permets de lui demander :
- Que vous est-il arrivé ? Vous m'avez dit avoir lu ce livre pendant votre convalescence ? Était-ce grave?
Je ne peux m'empêcher d'être inquiète à son sujet. Je crois qu'il le remarque car je le vois avoir un sourire en coin.
- Rien de bien méchant, juste un gros coup de fatigue mais je vais...
- Je l'avais remarqué au cours de la cérémonie. Vous n'étiez pas le même ce soir-là... Vous étiez incroyable mais la tristesse dans vos yeux m'a complètement chamboulé.
Surpris, il ouvre de grands yeux ronds. Comment avait-elle pu voir ce que même ses frères n'avaient pas vu ? Finalement, elle avait pensé à lui pendant son absence. Elle avait regardé sa prestation. Cette pensée lui plaisait et il lui sourit immédiatement.
Je rougis après m'être rendu compte de ce que je venais de lui dire. Vais-je enfin arrêter de passer pour une idiote ? Il va vraiment finir par croire que je suis une fan hystérique qui croit mieux savoir que tout le monde ce qu'il vit. Je me secoue vivement la tête pour évacuer toutes ses pensées négatives. Puis je lui demande :
- Alors comme ça vous avez lu orgueil et préjugés ? Qu'en avez-vous pensé ? Ne trouvez-vous pas que ce livre est très intéressant ?
- En vérité, je l'ai trouvé incroyable. Ce bouquin parle de sujet qui sont encore d'actualité malgré les siècles passés. Nous n'avons pas tant évolué que ça finalement. Ses lèvres s'étirent en un large sourire lorsqu'il voit que mes yeux deviennent brillant d'intérêt et de passion. Puis il continue :
- Le statut social, l'argent ou encore le mariage de raison et non d'amour sont des thèmes encore très présent dans notre société. Ou encore le sujet de l'éducation !
- Ah vous trouvez également ? C'est pour cela que je l'aime tant. Et les personnages y sont décrits avec discernement, intelligence et avec une touche d'ironie. En parlant d'éducation, si vous viviez à cette époque et que vous étiez une femme, vous seriez parfaite à marier !
- Pourquoi ça ? demande-t-il intrigué.
- Vous êtes parfait ! Vous savez chanter, danser, cuisiner, parler plusieurs langues... Autant de qualité pouvant vous qualifier de « Jeune homme accompli » ! Et en plus vous êtes beau, rajoutai-je presque automatiquement. Il se rapprocha doucement amusé par ma remarque et planta ses yeux dans les miens.
- Il est vrai que vous me connaissez un peu... Après tout, tout le monde sait que suis WWH, worlwide hansome ! dit-il en m'adressant un clin d'œil accompagné de son fameux baiser volant. Mais il continue en me questionnant avec ses yeux malicieux :
- Vous me trouvez beau ?
Je deviens rouge pivoine. Pour cacher mon malaise, je prends le verre de soju qui est devant moi et le bois d'une traite. Immédiatement, je me ressers une fois puis deux fois.
Jin éclate de rire. Ses larges épaules se mettent à trembler. Il me retire la bouteille des mains et il enchaîne sur d'autres sujets de conversation moins déstabilisante pour moi.
Jin passait un bon moment avec elle. Ils parlaient longuement du livre. Elle lui avoua que ses parents lui avaient offert avant de partir. Et qu'ils lui manquaient énormément. Il comprenait alors sa réaction de ce jour-là. Il était touché et attendrit par cette jeune femme qui s'ouvrait à lui.Je commença à somnoler gentiment. Il était tard. Jin insiste pour me raccompagner. Il ne peut décemment pas me laisser rentrer toute seul dans mon état.
Sans vraiment protester dû à l'alcool dans mon sang, nous faisons quelques pas à l'extérieur, quand je perds l'équilibre et manque de tomber sur la chaussée. Il me retient de justesse en me pressant fort dans ses bras. Nous nous regardons longtemps dans cette position. Je ne parviens pas à détourner mon regard de ses lèvres pulpeuses. L'alcool joue certainement un très grand rôle dans cette obsession.****
Lui, son cœur se mets à battre plus fortement. Il lui arrivait souvent de prendre ses frères dans ses bras, mais des femmes non. Il remarque le regard qu'elle posait sur ses lèvres et, sans comprendre pourquoi, il avait envie de l'embrasser. Il se reprend, s'écarte et l'oblige à monter sur son dos. C'est plus sûr ainsi, semble-t-il. Une fois sur son dos, elle enfouit automatiquement sa tête dans sa nuque. Elle inspire profondément et lâche :
- Aaaah Jin, il sent si bon !
Des frissons lui parcourent tout le corps au contact de son souffle sur sa peau. Décontenancé, il hâte le pas en la maintenant éveillée pour qu'elle puisse lui indiquer le chemin. Il est soulagé quand au bout de quelques minutes, ils arrivent.Devant la porte, elle ne parvient pas à faire le code. Jin continue de la soutenir afin qu'elle ne s'écroule pas. Réveillée par les bruits, quelqu'un vient finalement ouvrir en grognant. Sa colocataire? Elle commença par la réprimander, lui dire que ce n'était pas une heure convenable quand elle s'arrêta en voyant Jin derrière elle. Il la salua et entra avec Gisèle sous le bras. Il lui demanda où se situa sa chambre. Liu ne parvînt qu'à seulement pointer du doigts une porte. Était-elle réveillée où rêvait-elle ? Jin ne pouvait tout bonnement pas se trouver dans son appartement en ce moment même. Impossible. Elle les suivît, resta dans l'encolure de la porte et les regarda.
Jin l'installe dans son lit doucement tout en lui maintenant la tête. Il lui retire ses chaussures puis la couvre. Elle s'empare immédiatement de sa peluche. Il grimace en voyant qu'elle serre Tata, le personnage de Taehyung et non RJ. En se redressant, son regard se pose sur son chevet. Une photo de lui y trône. Il sourit. Puis couche face contre terre le second cadre, celui de Eun Woo. Pourquoi ce geste? Serait-ce de la jalousie ? Impossible, il n'est pas comme ça mais il ne voulait pas qu'elle s'intéresse à quelqu'un d'autre que lui.Cette nuit-là, Jin trouva plus facilement le sommeil grâce à l'agréable soirée qu'il venait de passer avec elle. Il avait manqué une session entière d'entraînement avec les membres et s'était fait engueuler par la suite mais il souriait malgré tout. Il n'avait pas vu l'heure passer avec elle. C'était très agréable. Mais en y repensant, elle ne lui avait même pas dit son prénom. Il n'a même pas insisté pour le savoir. Quel imbécile ! Il se jura d'aller lui demander demain dès son arrivé à la bibliothèque.
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