****Je referme la porte et me laisse tomber parterre adossé à cette dernière. C'était quoi ça? Qu'est-ce qui m'a pris?
Je l'ai vu à sa tête, il était choqué par mon geste. Mes coutumes françaises m'ont rattrapée plus vite que les signes de respects coréens... Quelle mouche m'a piqué ? J'aurai du le remercier en m'inclinant poliment et en lui donnant mon sourire le plus sincère. Mais au lieu de ça, j'ai posé ma grosse bouche sur sa joue...En y repensant plus sérieusement, je peux encore ressentir la douceur de sa peau sur mes lèvres. Je reste un moment avec mon index les effleurant. Il avait certes l'air surpris mais il m'a quand même sourit en retour. Ça n'a pas du tant le repousser que ça. Ouf. Je ne voudrais pas brûler les étapes de notre relation. D'ailleurs quelle est la nature de celle-ci? Connaissance ? Ami ? Drague ? Ou simplement professionnelle ?
Une simple connaissance ou un collègue ne viendrait certainement pas sonner à six heures du matin pour te déposer un pull et un livre avant son décollage imminent. Je doute également qu'il me voit comme une potentielle petite-amie. La réponse est donc évidente non ? Nous sommes amis. Raaaa, mon coeur aimerait que se soit plus...Mon réveil ne sonne pas avant une bonne heure, je retourne me coucher : pour dormir ? Non. Mon cerveau ne pense qu'à notre petit bisou, je m'allonge mais simplement pour me reposer les yeux. Sinon je vais ressembler à un cocker. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il soit passé par chez moi avant de se rendre à l'aéroport. Ne pouvait-il pas me faire parvenir ce qu'il voulait m'offrir par coursier ?
Je me doute bien qu'ils ont un planning plaqué au millimètre près. Alors pourquoi venir chez moi si c'est pour risquer de rater l'avion ? Il aurait pu me parler par message tout simplement. Il faut vraiment que je lui écrive plus souvent. J'ai l'impression qu'il oublie que les téléphones existent. Je me fais le serment de lui envoyer plus de texto dorénavant ! Après tout, nous sommes amis.
Toute la journée fut dénuée de sens. Je n'avais plus goût à rien. Plusieurs fois mes collègues m'ont demandé ce qui n'allait pas, tellement je soupirais. La simple idée de les savoir si loin, de le savoir si éloigné de moi, me fendait le coeur. J'aurai aimé me dire que nous nous retrouverions ce soir à la bibliothèque pour passer un peu de temps ensemble. Que puis-je faire pour tenir jusqu'à leur retour ? Jusqu'à son retour ?
D'un seul coup, une illumination me vient. Je dois trouver quelque chose à louer perdu dans la nature où tous les membres pourraient se détendre et s'éclater loin des regards indiscrets. Je pourrais ainsi passer du temps avec eux et surtout trouver quelques instants seuls, lui et moi. J'ai passé le reste de ma journée et la suivante à chercher cet endroit miraculeux. Je saute de joie sur mon fauteuil au milieu de tous mes collègues quand, enfin je tombe sur la perle rare qui est à moins de deux heures de Séoul. J'attire malheureusement l'attention sur moi avec mes exclamations de joie. Mes collègues me regardent tous de travers. Oups, à ce rythme-là, ils vont cramer que je ne travaille pas. J'inspire, j'expire et me calme.
J'essaierai de voir avec Liu quel serait le moment idéal pour réserver. Je m'étonne parfois mais elle connaît parfaitement bien l'emploi du temps des BTS. Je ne sais vraiment pas d'où elle tient ses sources mais elle ne se trompe que très rarement.Le soir venu, je décide d'envoyer un sms à Jin. Je n'ai pas osé le premier soir car avec le décalage horaire, l'atterrissage devait être compliqué... Mais je souhaite maintenant savoir s'il va bien et si tout se déroule comme prévu pour eux :
« Salut ! J'espère que tu as fait bon voyage et que le jet lag n'est pas trop dur... Est-ce que tout se passe bien ? »
J'appuie sur « envoyé ». Il ne répondra sûrement pas tout de suite mais au moins je lui ai écris. Bon ça serait mentir si je n'attendais pas sa réponse avec impatience. Alors pour ne pas trop passer ma soirée à fixer mon téléphone, je décide de retrouver Liu dans le salon qui est en train de regarder un drama. L'attente sera peut-être moins longue.****
À peine étaient-ils arrivés sur le sol américain qu'ils devaient déjà enregistrer une émission radio pour une chaîne locale. Le vol avait été rythmé par le sommeil et la répétition de leur speech et leur prononciation anglaise. Ils étaient tous un peu déphasés par le jet lag et la fatigue. Seul, Jin semblait bien et frais. Le baiser de Gisèle sur sa joue l'avait, comme qui dirait, boosté. Il ne ressentait ni la fatigue ni le stress, l'euphorie le gagnait dans tout son corps.
Même si leur manager leur avait passé un savon pour le fait qu'ils aient failli rater l'avion, il ne regrettait en aucun cas d'avoir pris l'initiative de frapper chez elle avant son départ pour les USA. La réaction de Gisèle avait largement dépassé ses attentes. Il s'attendait à recevoir de simple remerciement et peut-être même un peu de gêne pour l'horaire de sa visite. Le seul regret qu'il avait en ce moment même était de ne pas l'avoir prise dans ses bras en retour. Mais il n'avait pas osé sous le coup de la surprise. Puis elle a refermé la porte si rapidement...
Il n'avait pas eu une seule minute de répit depuis leur arrivée. C'est seulement à la fin du deuxième jour qu'ils pouvaient enfin un peu se reposer dans leur chambre d'hôtel.
Jin s'installa confortablement dans son lit et prit son téléphone avec lui. Il était sur le point d'envoyer un message quand il reçut celui de Gisèle en premier. Serait-ce le destin ? Que deux êtres puissent avoir la même idée au même moment était improbable.
Il lui répondit dans la foulée, heureux qu'elle est pu penser à lui.
« Tout se passe bien. Nous avons enfin un peu de repos. Je suis allongé dans mon lit, j'allais t'envoyer un message mais tu m'as devancé. J'espère que toi aussi tout va bien de ton côté. Essaye de ne pas t'endormir n'importe où, c'est dangereux. Surtout quand je ne suis pas là dans les parages pour te protéger. N'hésite pas à m'écrire. Je ne répondrais peut-être pas tout de suite mais je suis heureux dès que je vois l'un de tes messages. »Il était heureux. Il posa son téléphone sur son coeur tout en souriant bêtement le regard rivé au plafond. Quand soudain, Jimin lui sauta dessus en le chatouillant :
-Qu'est-ce qu'il te fait sourire aussi niaisement ?
Il essaya de se dégager de son agresseur mais en vain. Il finit par pleurer de rire tellement ça le chatouillait. Il tenta de placer entre deux assauts de Jimin :
-Arr... Arrêtes... ça chatouuuuille ! Je vais te le dire si tu arrêtes.
Il se stoppa net et regardait son ainé attentivement, agenouillé sur le lit.
-C'est Gisèle. Je crois que c'est... c'est... l'amour...
-L'amour ?! Alors ça y est ! Tu as enfin mis un mot sur tes émotions ! Ce n'est pas trop tôt... Je crois bien que tu étais le seul à ne pas le savoir parmi nous... Fit-il en se maintenant la tête avec une main en signe d'exaspération.
-J'ai peut-être été long mais je sais maintenant ce que je ressens pour elle. Son baiser a été l'élément déclencheur, je crois bien..
-Son baiser ?! Alors c'est vrai ? Vous vous êtes embrassés ? Questionna-t-il les yeux ahuris. Les oreilles de Jin rosissaient, il se tourna pour éviter le regard de son ami.
-Oui, enfin non... Ce n'est pas tout à fait ça... Elle m'a simplement embrassé la joue pour me remercier. Mais je l'ai su au battement de mon coeur. Il s'est mis à accélérer, j'en avais presque mal à la poitrine. J'ai ressenti une impression de renaissance et de plénitude au contact de ses lèvres. J'étais prêt à tout affronter avec elle à mes côtés.Pour toute réponse, son petit frère se remit de plus bel à le chatouiller tout en se moquant gentiment de ce qu'il venait de dire. Ils passèrent un moment ainsi à se battre. Ils furent bientôt suivis de Taehyung et Jungkook attirés par les rires bruyants de leur deux compères.
Quelques jours passèrent et il continuait de recevoir les messages de Gisèle. Il avait l'impression que la distance était moins importante grâce à ça. Quand elle lui annonça au bout d'une semaine qu'elle lui réservait une surprise à lui et au groupe à leur retour, l'impatience et la curiosité le consumaient de l'intérieur. Il la harcelait de question pour essayer de découvrir le pot aux roses. Mais elle détournait avec intelligence tous ces petits stratagèmes .
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