Chapitre 13

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 Rhys attendit que la porte de sa chambre claque dans son dos pour se jeter sous son lit. Elle se glissa dans les conduits d'aérations et rampa aussi vite que ses bras et ses genoux le lui permettait.

 Elle comptait retourner au sous-sol.

 Déboulant dans un couloir désert, elle s'enfonça dans le premier ascenseur et – heureusement qu'il n'y avait personne dans la cabine – appuya sur le bouton -3. Quelques minutes plus tard, les portes s'ouvrirent sur l'allée sinistre du dernier sous-sol.

 Ses pas résonnant entre les murs de bétons lui donnaient la chair de poule. Elle pressa l'allure, comptant les portes qu'elle dépassait pour se repérer. Dépassant la cinquième, elle pivota à droite et scanna le badge. Le déclic de l'ouverture bipa. Une lumière éclairait déjà la première salle. Rhys ne perdit pas de temps à détaillé les irrégularité des murs brutes. Elle appuya sur l'interrupteur pour éclairer la deuxième pièce.

 Le néon beaucoup plus puissant de la chambre blanche où Call était retenu prisonnier l'aveugla. Elle cilla avant de faire de nouveau face à celui qui avait essayé de la tuer.

 Il ne pouvait ni la voir, ni l'entendre.

 Comme tout à l'heure, Call émergea de son sommeil comateux, se redressa sur ses jambes et bondit en avant. Comme tout à l'heure, ses chaines incrustées au mur du fond lui permirent d'avancer d'à peine un mètre. Il hurla, et heureusement que le son ne traversait pas la vitre car Rhys était sûre de ne pas supporter ce beuglement monstrueux.

 Silencieuse, elle observa son ami sombrant dans la folie.

 À court de souffle, il finit par renoncer à tirer sur ses chaines et tomba à genou. Et le spectacle recommença, encore et encore. Toujours le même, dans une symphonie parfaitement chronométré. Soudain, Rhys fut saisit d'une idée qui l'ébranla comme un électrochoc.

 La silhouette dépravée de Call n'était pas vraiment derrière cette vitre. Elle en était certaine. Rhys tourna le dos au garçon mourant et s'empara de la chaise qui trainait dans un coin de la pièce. Elle frappa une première fois la vitre. Le plastique resta intacte. Avec plus de force, elle donna un nouveau coup, et sans apercevoir la fissure qui se dessinait, martela le mur vitré avec les pieds du siège. Le verre céda et éclata.

 Haletante, Rhys reposa la chaise en vacillant. Ses cheveux en pagailles dissimulaient son visage rougie par l'effort.

 La luminosité avait brusquement baissé au moment où la vitre s'était cassée. Il n'y avait pas de pièce blanche derrière la paroi transparente.

 Depuis le début, un immense écran diffusait en boucle la vidéo du prisonnier. Seule dans cette funèbre pièce, Rhys hésitait entre hurler de rage ou éclater de rire. Une réponse à une question soulevait toujours plus d'interrogations. Call était-il déjà mort ou n'avait-il jamais été malade ?

 Elle tourna les talons et ressortit dans le couloir. Rhys marqua un temps d'arrêt, jetant un regard circulaire autour d'elle. La porte d'en face l'intriguait. Toujours munit de la carte de Janson, elle visita la pièce. Juste une salle de maintenance, comme il le lui avait expliqué. Elle passa en vue trois autres sas avant de trouver quelque chose qui lui glaça le sang.

 Au fond du couloir se dessinait une porte dans l'ombre d'un néon. La curiosité lui fourmillait les doigts. Elle colla le passe-partout contre le scanneur et entra dans la chambre. Celle-ci était beaucoup plus grande que les précédente, tamisée d'une lueur bleuâtre. À pas de loup, la silhouette de la fille déambula au milieu de l'allée. Autour d'elle, des tubes renfermaient des créations grotesques et en cours d'évolution. On aurait dit des bébés monstres dans du placenta. Des Griffeurs en gestations...

 Un raclement métallique fit sursauter la blocarde. Elle tourna sur elle-même à la recherche de la source de ce bruit. Rhys se rendit compte qu'elle n'avait pas d'arme sur elle. Aucun moyen de défense.

 Comme le silence se refit, elle continua sa progression jusqu'à ce que les tubes laissent place à d'immenses cages plongées dans une semi-obscurité, contrastant avec la lueur bleuté. Des prisons, comprit-elle. Mais les barreaux de fer ne servaient pas à piéger des humains... L'ampoule n'éclairant pas totalement la surface, Rhys se rapprocha au plus près pour distinguer la silhouette informe qui se cachait dans l'ombre. Quand soudain, celle-ci surgit et se jeta sur elle. Pour de vrai cette-fois.

 Le premier réflexe de Rhys fut de bondir en arrière, jusqu'à se trouver aculée contre l'autre mur tandis que la bête métallique hurlait contre elle.

 Le cœur de la jeune fille loupa quelques battements. Elle avait cru ne jamais revoir ces effroyables bêtes. Les pattes du griffeur grinçaient contre les barreaux et sa gueule s'ouvrait pour en extraire un crie à la fois rauque et aigue.

 Alors que Rhys se remettait de sa découverte, le griffeur enfermé dans la prison d'en face émergea de l'ombre et, de sa pince, agrippa le t-shirt de la blocarde. Elle poussa à son tour un crie de surprise.

 Pour s'échapper, Rhys se débattit et tira sur son haut, jusqu'à ce que le tissu se déchire sur la partie gauche de son torse. De nouveau libre, elle détala vers la sortie, son seul et unique souhait pour le moment étant de mettre le plus de distance possible entre elle et les monstres. Elle courut aussi vite qu'elle le pouvait dans le couloir et se précipita dans la cabine. Là, elle ne se calma que quand les portes se refermèrent et que le monte-charge s'ébranla.

 D'abord pliée en deux, Rhys se redressa pour s'adosser contre la paroi. Elle enfouie son visage dans ses mains et frotta ses paupières jusqu'à ce que les larmes battent en retraite.

 Aris avait raison. Ils n'étaient pas en sécurité. Ils se trouvaient toujours au W.I.C.K.E.D qui continuait à créer des griffeurs en secret dans leur sous-sol.

 Complétement perdue et dévastée par le choc de la nouvelle, Rhys s'écroula par terre. Il fallait qu'elle trouve au plus vite une solution afin de sortir les blocards de cet endroit. Mais pour aller où ? Sortir comment ? Devait-elle continuait à jouer les idiotes ou se barrer tout de suite ?

 La réponse à la dernière question arriva plus vite que prévu.

 À mesure que les portes de l'ascenseur s'ouvraient sur le cinquième étage, le rayon lumineux du couloir s'agrandit jusqu'à envelopper toute la cabine dans sa bulle de lumière blanche. La jeune fille se remit debout et se figea aussitôt. À une dizaine de mètres devant elle se trouvait une femme noir occupée à discuter avec son collègue.

Rhys ? s'enquit Julia en reconnaissant le visage de l'adolescente dans le monte-charge.

 Cette dernière vacilla. Les jeunes femmes n'avaient que quelques secondes pour réagir. Rhys fut la première à sortir de sa torpeur. Elle pressa sa mains sur tous les boutons. Le temps que les portes se referment, Julia s'élança dans le couloir pour la rattraper.

Rhys ! Tu ne devrais pas être ici !

 Trop tard. L'ascenseur se verrouilla sous son nez. Rhys ne doutait pas que la scientifique prendrait les escaliers pour la retrouver.

 Trop engourdit par le trop-plein d'information, la blocarde ne fit pas attention à la progression de la cabine. Dès que les portes se rouvrirent, elle s'en extirpa et couru au milieu du couloir. Soudain, une alarme retentit de part et d'autre du bâtiment et des diodes rouges se mirent à clignoter en haut des murs, baignant les allées d'une lueur sanglante.

 Rhys ne ralentit pas, sillonnant les couloirs jusqu'à reconnaitre l'endroit. Elle fut obligée de s'arrêter à un angle quand elle croisa une troupe de soldat armée, probablement à sa recherche. Quand la voie fut libre, elle reprit sa course, et quelques minutes plus tard, percuta un homme à une intersection.

 Elle était foutu.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant