Chapitre 4 - Call

7 0 0
                                    

Quand tout est une illusion, et qu'il n'y a pas de vérité, à quoi se raccrocher ?


 Il était assis dans une pièce sombre, les mains liées derrière son dos. Pourtant, la corde qui le maintenait immobile sur la chaise était inutile. Il s'en souvenait à présent. Il se souvenait de tout. Call ne s'était jamais rappelé de son passé aussi tôt dans l'épreuve. La première fois, il s'en était rappelé vers le milieu de la phase 2, mais il s'était fait surprendre par Thomas. Au deuxième essai, tout lui était revenu d'un coup, à la fin de la phase 3. Il n'avait pas eu le temps de comprendre, de réaliser ce qu'il devait faire qu'il était déjà trop tard. La troisième fois, il s'en était souvenu au début de la phase 3 et avait eu assez de temps pour préparer un plan en toute discrétion. Mais Janson l'avait surpris au dernier moment, et il avait encore raté.

 Intrigué par ses manigances, le directeur l'avait interrogé jusqu'à tout lui faire avouer. Sous la torture particulière du W.I.C.K.E.D, Call avait été obligé de révéler une partie de sa mission. Au moins pour préserver le reste, l'autre moitié étant beaucoup plus importante.

 Rhys lui avait fourni les éléments lui permettant de les libérer. Mais comme elle mettait trop de temps à s'en souvenir, Call avait pris les devants et avait intégré l'Epreuve. Il devait la tuer. Il devait tous les tuer. C'était le seul moyen de les sauver. Sauf que Janson ne l'entendait pas de cet avis. Il voulait garder ses sujets bien au chaud au sous-sol et collecter le vaccin qui coulait dans leur sang. Mais Call n'était pas du genre à baisser les bras. Il avait des alliés, au sein du W.I.C.K.E.D qui l'aidait à atteindre l'objective finale.

 Ce qui était fascinant, c'était qu'à chaque fois qu'il se rappelait sa mission, ses échecs lui revenaient également en mémoire. Il n'avait pas à tout recommencer à chaque fois. Il devait reprendre son travail là où il était resté coincé, comme un joueur bloqué à un niveau qui rallume la partie après une pause.

 Cette fois-ci, au quatrième essai, il s'en était souvenu très tôt. Peut-être trop tôt. Il n'aurait pas dû tenter sa chance dans la salle informatique. Il n'avait pas évaluer tous les risques. Il n'était pas prêt. Il aurait dû attendre le milieu de la phase 2. C'était le moment le plus propice à la victoire. Il aurait trouvé un moment seul avec elle, et l'aurait étranglé. Mais il était tellement pressé d'en finir. Ce manège avait duré depuis bien trop longtemps. Sauver Rhys devenait de plus en plus urgent. Alors il avait pointé le canon sur elle. Il aurait pu tirer. Mais au dernier moment, il n'avait pas trouvé le courage. Elle paraissait tellement réelle en face de lui. Tellement terrifiée, tremblante, attendant que la douleur la déchire. Il savait que c'était faux, mais le mensonge avait pris le dessus sur la réalité, et Call en avait oublié sa mission. Après quoi, il était trop tard. Janson avait repéré l'anomalie et l'avait enfermé dans cette pièce sombre.
Il dû s'écouler des heures, où peut être juste une dizaine de minutes avant que le directeur

 Janson se matérialise devant lui. Des pixels grésillèrent jusqu'à dessiner le visage de l'homme. Il affichait un sourire satisfait.

Call. Comme on se retrouve.

 Call ne répondit pas. Il n'avait rien à dire, il savait déjà ce qui allait se passer.

Tu es coriace comme garçon. Parfois, j'ai l'impression que les chirurgiens font exprès de te laisser tes souvenirs pour que tu foires notre mission. Mais je connais Brenda. Il n'y a pas plus croyante qu'elle en W.I.C.K.E.D. Sais-tu ce qu'il va se passer ?

 Call ne cilla pas d'un millimètre bien qu'il était capable de répondre à cette question.

Nous allons t'effacer la mémoire. Ce qui, je te le rappelle, laisse des séquelles à force de manipulation. Jorge va ensuite t'apprivoiser, de nouveau. Puis, quand le moment sera venu, nous te reverrons là-bas. Je pourrais te virer du programme, mais ta présence fournit de trop bon modèle aux sujets. Les variables de Rhys par exemple, sont toujours très prometteuse. Un jour tu es son frère, le lendemain celui qui l'a jeté en pâture. Un jour tu es celui qui la sauve, le lendemain tu es celui qui la trahi. Toutes ces émotions que tu créais en elle sont une source de variables très prometteuse pour trouver un vaccin. Mais je suppose que tu te rappelles de tout ça, hein ?

 Le garçon se remémora ce que lui avait un jour dit Rhys alors qu'ils étaient dans la salle informatique. La vraie Rhys.

 Elle lui avait appris que cela ne servait à rien de gaspiller son énergie à lutter contre le W.I.C.K.E.D. Ils étaient beaucoup trop malin et manipulateur pour eux. Ils avaient toujours un coup d'avance. Ils étaient calculateurs et perfides. Elle avait souligné que c'était la définition du mot machiavélique. Elle aimait les surnommer Machiavel.

 Rhys lui avait confié que pour détruire le W.I.C.K.E.D, il fallait en faire pleinement partie. Il fallait leur faire croire qu'on se soumettait entièrement. Et si jamais ils nous attrapaient, il valait mieux reconnaitre sa défaite et capituler. C'était le meilleur moyen de s'en sortir.

 Alors Call, au lieu de cracher du venin à Janson, resta parfaitement silencieux et immobile. Son absence de réaction agaça le directeur.

– On se retrouve de l'autre côté.

 Call senti comme un électrochoc dans son cerveau. Tout devint noir autour de lui. Et puis il se réveilla.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant