- Le Labyrinthe - Fanfiction -

Chapitre 17

 Winston avait beaucoup de mal à trouver le sommeil. Sa douleur le tenait éveillé, alors qu'au point où il en était, il aurait préféré s'évanouir pour anesthésier les sensations. Autour de lui, le campement était calme. Tandis que certains se retournaient dans leur sac de couchage – insomnie, mauvais rêves ? – quelques ronflements s'élevaient, suivant la fumée du feu dansant entre eux. Alors que le jour, ils cherchaient à fuir la chaleur, la nuit, celle apportée par les flammes n'était pas de refus. Winston savait qu'il était condamné. La mort rôdait au-dessus de lui, prenant la forme de son ombre. En fait, il était déjà mort. Mais il ne savait pas combien de temps il lui restait avant de devoir abandonner définitivement ses amis.

 Dans la pénombre éclaboussée par la lueur du feu, il observa les formes indistinctes de ses compagnons couchées au sol. Il ne saurait reconnaitre leur visage emmitouflé dans leur couverture, mais il les connaissait à peu près tous. Excepté Aris, avec qui il n'aurait malheureusement pas la permission de créer un lien.

 Winston finit par glisser ses yeux jusqu'au ciel. La voute noir percée d'étoile le narguait de sa beauté éternel. Il les rejoindrait bientôt. Et quand il serait là-haut, il pourrait veiller sur Rhys et sur ses amis.

 Du mouvement attira son attention à sa droite. Il tourna la tête. Thomas s'était redressé en tailleur et fixait la danse des flammes. Ses épaules s'affaissèrent d'un coup, comme s'il avait retenu son souffle et qu'il venait de l'expulser sur le feu pour l'éteindre. Il jeta ensuite un regard circulaire et tomba sur celui de Winston.

– Insomnie, ou cauchemar ? demanda le trancheur à son interlocuteur.

– Un peu des deux. ça va, toi ?

– Comme sur des roulettes.

 Pour contredire ses paroles, une toux s'attaqua à sa gorge, comme si le feu qui roupillait devant lui ravageait à présent son estomac.

 Thomas, inquiet, se leva.

– Je vais réveiller un medjack.

– Pas Rhys, réussit à articuler Winston.

 Il ne voulait pas qu'elle le voit dans cet état et qu'elle se fasse du soucis pour lui. Il ne pouvait pas lui cacher la réalité bien longtemps, juste repousser ce moment au plus tard. Pour l'instant, la fille avait besoin de repos, et de calme. Aussi mentalement que physiquement. Il ne doutait pas que leur passage au Wicked et le tatouage dans sa nuque l'avaient ébranlé. Apprendre que le chef d'orchestre de tous leurs problèmes était peut-être son père et qu'elle devait tuer un de ses amis avaient de quoi être perturbant.

– De toute façon, elle veut qu'on se remette en route la nuit, alors il va bien falloir la réveiller à un moment.

 Sa quinte de toux passée, Winston grimaça. Le feu dans sa cage thoracique était éteint mais la bataille qui remuait son estomac le tiraillait toujours.

– Va chercher Jeff. Quand il aura fini de m'ausculter, tu pourras réveiller Rhys.

 Thomas ne discuta pas plus longtemps et appliqua la demande du malade.

 On secoua son épaule avec tendresse, murmurant la douce syllabe de son prénom. Rhys grogna de désaccord et tourna le dos à cette force qui tentait de la réveiller. Elle se sentait bien dans ce sommeil comateux, loin de la réalité du désert, de la cruauté du Wicked, de la puanteur de sa transpiration, de ses jambes aussi lourde que les murs du blocs. Ici, dans l'abysse du sommeil, elle était si légère qu'elle se sentait flotter.

– Si je lui jetais mon eau au visage, vous croyez qu'elle va réagir ?

 Rhys ouvrit brusquement les yeux et se redressa aussitôt sur ses jambes lorsque la menace de Siggy parvint à ses oreilles.