Chapitre 19

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 Cela faisait depuis deux jours qu'ils avaient perdu un ami. Deux jours de plus qu'ils erraient dans ce désert au milieu d'un paysage identique. Seul le sol avait changé. La land de sable avait débouché sur une terre sèche et craquelée, tout aussi infertile. Les ruines éparses de la précédente ville avait laissé place à une mer de néant. Ils n'avaient désormais plus aucune zone d'ombre, à l'abandon sous le soleil flamboyant.

 Deux jours de plus à accumuler la crasse sur leur peau, privés d'hygiène. Une fine barbe avait poussé sur les mentons des garçons, accentuant leurs traits d'adultes maussades.

 Et cela faisait depuis deux jours que Rhys n'avait pas prononcé un mot. La fille sarcastique et impétueuse avait disparu. Ne restait d'elle qu'un corps sans vie au yeux brillants d'une détermination glacial.

 Thomas craignait de ne pas retrouver la fille du bloc. Celle qui charriait tout le monde, toujours prête à faire valoir une remarque cinglante. Celle qui se montrait dure pour repousser les garçons, mais qui ne récoltait que des sourires en retour. Thomas craignait d'avoir perdu cette fille-là. Il avait déjà perdu Chuck. Il ne survivrait pas à la perte de Rhys. Il en avait déjà fait l'expérience et ne souhaitait pas revivre cette situation.

 Le disque jaune atteignait le plus haut point dans le ciel. Minho ordonna une pause. Personne ne discuta son injonction. À peine eut-il terminé sa phrase que la moitié d'entre eux se débarrassèrent de leur sac avant de s'échoir sur le sol. A ceux à qui il restait un peu de dignité, ils prirent le temps de s'installer.

J'en peux plus... soupira Newt à côté de Thomas. J'ai l'impression qu'on y arrivera jamais.

 Sortant sa bouteille d'eau, Thomas jeta un œil en direction de la ville. Elle lui paraissait pourtant de plus en plus proche.

On aura bientôt plus d'eau et de nourriture, souligna Poêle-à-frire non loin.

 Le cuistot avait raison. La gorge du coureur était aussi aride que ce désert, mais il ne lui restait qu'un fond. Comme à chaque arrêt depuis deux jours, il se contenta d'humidifier sa langue. Reboucher la bouteille lui demandait toute sa volonté. Il boirait volontiers un océan.

 Ses deux meilleurs amis s'étendirent de part et d'autre de son corps, prêt à récupérer quelques forces pour la suite du voyage. Mais il manquait une personne pour qu'il se sente pleinement apaisé malgré la difficulté de la situation.

 Thomas se redressa sur un coude et observa la seule fille du groupe s'installer à l'écart. Il y avait trois jours, il aurait pensé qu'elle s'éloignait des garçons pour un peu d'intimité, mais même avant la mort de Winston, elle se couchait avec eux. Il la soupçonnait d'être piéger dans une bulle de négativité. La voir s'éteindre petit à petit lui brisa le cœur. Pourtant, il avait l'habitude avec elle.

 En sortant un drap de son sac, Rhys fit tomber le pistolet. Elle le ramassa et le considéra quelques longues secondes avant de se résigner à le reranger. L'ombre de Thomas se dessina au-dessus d'elle.

Au fait, tu l'as trouvé où, ce flingue ? Il me semble que Wicked n'utilise pas d'arme létale. Enfin, c'est ce que j'ai compris à travers les haut-parleurs quand on s'enfuyait.

 Le brunet ne s'attendait pas vraiment à une réponse de sa part, mais elle le surprit à lui fournir une explication.

Je l'ai récupéré sur le corps de Gally.

 Thomas eut un mouvement de recul, soudain projeté une ou deux semaines plutôt, au moment où Gally le menaçait avec cette arme.

 Indifférente à ses tourments, Rhys fourra le pistolet dans son sac.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant