Chapitre 20

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 La fine épaisseur du duvet se durcit. Dérangée par le soudain inconfort du sac de couchage, Rhys se réveilla. La lumière vive du jour lui brûla les rétines. Mais ce qui lui surprit le plus fut sa joue qui reposait directement contre la poussière. Son corps entier était recroquevillé sur le sol même, comme si elle cherchait à emmagasiner sa chaleur corporel durant une rude nuit hivernal.

 Rhys se redressa. Ses yeux s'habituèrent à l'éclat puissant soleil. Malgré la désagréable et oppressante chaleur qui la plaquait par terre, elle se leva. De grosses gouttes de sueur dégoulinaient sur sa peau, léchant sa chair déshydratée. Elle fit un tour sur elle-même. Ils avaient disparu. Les blocards étaient partis sans elle, effrayés de découvrir qu'elle avait fait partie du personnel de WICKED. La ville se découpait devant la forme floue des montagnes. Les garçons étaient probablement partis depuis longtemps, elle ne voyait pas leur ombre se mouver sur la terre craquelée. Se pouvait-il qu'ils avaient déjà atteint la ville ?

 Rhys était seule désormais. Seule, et coincée entre un bleu impitoyable et une terre sèche et infertile.

 Pourtant, une vois chuchota au loin. Rhys fit quelques pas vers ce murmure invisible. Il n'y avait personne. Pas l'ombre d'une silhouette. Mais Rhys entendit cet appel. Il ne provenait pas de sa tête. Sa source prenait son élan dans des cordes vocales bien tangible. Rhys s'arrêta et tendit l'oreille. La brise inexistante lui rapporta ce que la voix chuchotait ; son prénom.

 Rhys... Rhys... Rhys...

 Telle une incantation cherchant à vous envouter. Rhys reconnu la voix. C'était la sienne. Mais cette prière ne s'échappait pas de sa gorge. Rhys plongea dans l'incompréhension et s'y noya comme si cette eau d'incrédulité pouvait hydrater son corps et rafraichir sa chair aussi brulante que le noyau de l'astre solaire. Dans un puissant cri, elle hurla son nom au rythme de cette autre voix qui était la sienne mais qui ne lui appartenait pas. Ses lèvres remuèrent pour s'accorder à cet unique syllabe. Jusqu'à ce que sa langue soit aussi sèche que la terre qu'elle piétinait. Assommée de fatigue, Rhys tomba à genou. Elle ressentit sa chute au ralentit. Son cœur battait la chamade comme si elle avait couru un marathon. Elle inhala un peu de cet air saturé de poussière pour calmer son pouls. Mais ses poumons se bloquèrent. Elle étouffait. Une pression invisible l'étranglait. Pour la relâcher brusquement. Elle put enfin avaler à grande goulée.

 Une main se dessina devant ses yeux. Elle crut d'abord à une hallucination causé par la déshydratation ou une insolation. Mais quand elle la saisit, ses doigts se refermèrent sur la texture de la chair et la moiteur. Cette main l'aida à se relever. Rhys dévisagea sa sauveuse, et elle lut dans ses iris verts son propre visage. Rhys recula d'effarement, mais la poigne de fer l'immobilisa, l'empêchant de s'éloigner. Son regard était dur face à celui de Rhys, égaré. Cependant, elle remarqua une différence avec son reflet.

 Alors que ses propres cheveux étaient coupés courts et gras, ceux de son miroir cascadaient tel une lave épaisse et soyeuse dans son dos. Une couronne de tresse réhaussait ce visage féérique. Rhys prononça enfin ce mot qui résonnait tantôt dans ce désert.

Rhys.

Mais son double répondit par une autre syllabe.

Etyca.

 Des centaines, voire des milliers de silhouettes identiques à la sienne surgirent autour des deux femmes, articulant ces deux prénoms en même temps. En syncope, leur murmure se propageait dans l'assemblée tel le ruban d'un écho.

 Rhys ? Etyca ? Elle ne savait plus qui elle était.

 Et ces voix... sa voix décuplée en des centaines de fois, faisait germer une migraine dans son crâne. Elle se prit la tête entre les mains et les supplia de se taire. La première femme, la seule silencieuse, déposa son indexe sous le menton de Rhys afin de lui relever le visage avec douceur.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant