- Le Labyrinthe - Fanfiction -

Chapitre 23

 Rhys examina l'étiquette de la boite de conserve qu'une femme lui avait donné. Elle était incapable de traduire cet assemblage de lettres. Leur repas devait provenir d'un pays étranger. Elle décapsula l'opercule et plongea sa cuillère dans la sauce brune pigmentée de flageolé. Peu importe que c'était, elle avait tellement faim qu'elle pouvait en manger des dizaines.

 Une fois son service terminé, Brenda vint s'assoir aux côtés de la jeune femme. On avait déplacé le groupe de blocard dans un autre bâtiment ; une sorte de hangar réaménagé. Les résidents avaient allumés un grand feu au milieu d'un cercle de vieilles couvertures et d'oreillers éventrés. Les blocards s'étaient affalés sur ces maigres coussins et dégustaient avec précipitation et gloutonnerie les boites de conserves qu'on leur servait. À part les crépitements du feu, seul un concert de mastication et de frottement de couverts contre métal planaient dans l'air.

– Tu t'es bien défendue, la complimenta Brenda en ouvrant son diner.

– Crois-moi. Si je ne m'étais pas plantée un bout de verre dans la cuisse et si j'avais pas des courbatures littéralement sur tout le corps, je t'aurai mis au tapis en trois secondes.

 Rhys répondit la bouche pleine, ce qui amusa la brune.

– J'en doute pas une seconde.

 Après une courte pause, Brenda reprit ;

– Jorge m'a raconté dans les grandes lignes ce que ton ami Thomas lui a dit. C'est ton petit ami à ce qu'il parait ? Je t'envie un peu. T'es entourée de beaux garçons. Les mecs de ma bande ressemblent à du pain rassis.

 La medjack écarquilla les yeux un peu plus à mesure que la fille s'avançait dans son discours. Elle avait trop d'informations à contrer. Elle commença par la beauté des blocards.

– Tu rigoles ? T'as vu leur tronche ? On dirait qu'ils se font fait percuter par un camion et qu'ils se sont parfumés avec du plonk.

 Trop affamée pour poursuivre, Rhys se servit une cuillère plus grande que ce que pouvait accueillir sa bouche avant de continuer.

– Et je ne sais pas ce que Thomas a raconté à ton chef, mais on est pas ensemble, grimaça-t-elle comme si cette simple idée était répugnante.

 Brenda haussa les épaules avant de faire courir son regard sur les garçons installés autour du feu.

– L'asiatique là-bas, fit-elle en le désignant du menton.

 Rhys suivit son regard.

– Il est plutôt charmant, n'oserai-je dire canon.

 La medjack ne savait que répondre. Elle n'avait jamais considéré les blocards de cette façon.

– Y'en a pas un qui t'intéresse parmi ce lot de prétendants ?

 Replongeant son attention dans sa boite de conserve, Rhys secoua la tête.

– Je te les laisse tous si tu veux.

 Brenda examina longuement la blocarde, absorbée par son repas. Après un long silence, elle détourna les yeux vers le feu et déclara ;

– Tu devrais tomber amoureuse de temps en temps. ça distrait en période apocalyptique.

 Brenda se leva sur ce dernier mot et disparut parmi la foule éparse. Newt prit sa place.

– Thomas est un magicien. On devrait le nommer ambassadeur, fit-il en désignant d'un geste vague le hangar, les gens, le feu et le repas qu'on leur offrait.