Chapitre 28 - Aimer se détester

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 On le secoua jusqu'à ce qu'il entre-ouvre les paupières. Dans la pénombre de la forêt, à contre-jour, il ne distinguait que des silhouettes penchées sur lui derrière ses yeux plissées. Aucune n'appartenant à Rhys.

 On lui saisit les bras avec brutalité pour l'obliger à se mettre debout, puis on l'entraina dans la clairière. Des garçons trainant par-ci, par-là l'observèrent passer d'un œil curieux. Il leur renvoyait une tête d'enterrement doublé d'un regard mitrailleur.

 On lui fit contourner la ferme, bâtiment fait de bric-à-brac qui semblait à peine stable. Une fois dépassé un des murs, une sorte de trou profond et rectangulaire creusé dans la terre se dévoila sous une grille de bambou.

 Le gnouf.

 On le poussa dans la percée avant de refermer la porte quadrillée. L'endroit était vide et sentait la terre et l'humidité.

 Il s'agit bien sagement et attendit.


 Elle était en train de ramasser les œufs quand elle vit les coffreurs embarquer le bleu jusqu'au gnouf. Indignée, elle avait abandonné son panier au milieu de la basse-cour et s'était précipitée à la recherche d'Alby.

 Elle tomba d'abord sur Newt, accompagnant leurs amis coureurs aux portes qui ne tarderaient pas à s'ouvrir.

Vous l'enfermez déjà ?! demanda-t-elle de vive-voix en rejoignant le petit groupe, interrompant leur conversation.

On avait convenu à la première heure.

 Newt lui jeta un regard agacé, de part car elle venait de lui couper la parole, mais aussi pour lui rappeler qu'elle avait déjà négocier la liberté du bleu pour un soir et qu'elle n'avait plus le droit de se plaindre. Sauf que c'était ce qu'elle faisait de mieux.

Il a mangé au moins ?

 Personne ne lui répondit. Elle chercha du soutient dans le regard de Thomas, mais il fixait la pointe de ses chaussure. La jeune fille fut déçu que son meilleur ami ne la soutienne pas. Minho détournait également les yeux quand elle se tourna vers lui. Seul Newt garda la tête haute.

Avec le festin d'hier, il peut bien tenir jusqu'à midi.

 Rhys souffla son irritation au moment où les portes s'ouvrirent dans un grincement sonore. Les deux coureurs abandonnèrent la medjack et le sarcleur pour s'aventurer dans les couloirs du labyrinthe.

 Rhys fut la première à tourner les talons, se dirigeant vers la ferme. Dans la cuisine, Poêle-à-frire la rouspéta gentiment de ne pas avoir apporté les œufs, mais elle l'ignora avec son indifférence habituelle. Cependant, elle ne se gêna pas pour se servir une tranche de pain et la tartiner de confiture sous les yeux du cuistot. Il préféra se taire et reprit ses poêles où grillait le bacon de Winston.

 Rhys lécha le couteau dégoulinant de marmelade de fraise avant de le déposer dans l'évier. Dans le frigo de Siggy, elle trouva des bouteilles de lait de chèvre, se servit un verre puis s'en alla, assiette en main. Elle contourna le bâtiment de la ferme pour se rendre au gnouf.

 D'abord, à travers les barreaux de bambou, elle ne voyait que le mur en terre irrégulier du fond, encadrant un large trou surplombé d'un grille de fortune. Elle n'y avait jamais pensé jusque-là mais elle n'avait jamais vu de bambou dans la forêt. Pourtant elle y passer le plus clair de son temps. Alors d'où sortait ce bois exotique ? Probablement la boite qui avait dû l'importer d'Asie.

 L'Asie. Elle savait où se situer ce continent. Elle pouvait le placer sur une carte. Elle connaissait quelques coutumes de ces régions. Pourtant, elle était incapable de dire où elle se trouvait.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant