Chapitre 3 - Catégorie 3

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 Après des nuits à garder les yeux ouverts devant des écrans, des heures de sommeil sacrifiées à travailler en secret, le moment était enfin venu.

 Ils avaient tout préparés, de A à Z, du plan A au plan C. Ce n'était plus le moment de reculer.

 Ils se trouvaient tous les trois à une intersection dans les conduits d'aérations, pas loin de la salle informatique.

 Tous les trois à quatre pattes, ils attendaient.

Dans exactement 18 minutes et 33 secondes, les opérations A et B de catégorie 2 se terminent, récita la fille. Je me mets en position dès que l'alarme sonne. J'aurai exactement 6 minutes pour rejoindre le sous-sol. Là-bas, il m'en restera 3 pour les sortir et étouffer le mouvement de panique.

 Elle releva la tête et planta son regard vert dans celui de son meilleur ami.

Pendant ce temps, toi, tu te rends dans la salle des archives. Tu auras quelques minutes pour arrêter les serveurs. Ça va aller ?

 Aris hocha la tête. Ce n'était pas comme s'il avait le choix. Puis Rhys se tourna vers le garde ;

A trois heure quarante-sept, pas avant, pas après, tu déclenches le black-out. Compris ?

Et si on n'est pas en position, ce n'est pas dangereux ? s'inquiéta le soldat de son côté.

On sera en position, le rassura l'adolescente.

 N'ayant plus rien à se dire, un silence grisâtre et anxieux voilât la scène. Rhys jouait avec un fil de son uniforme, Aris tapotait ses doigts contre ses cuisses, le soldat les observait à tour de rôle. Il ne lui restait que très peu de temps pour les avertir, mais son cœur tanguait entre la culpabilité et la survie.

 Il choisit la seconde.

Une dernière chose.

Les deux adolescents relevèrent la tête.

Quoi qu'il adviendra, là-bas, faites-moi confiance.

 Aris afficha un air troublé, Rhys quant à elle, pali.

Je suis dans votre camp. Je serai toujours de votre côté. Vous me croyez ?

 Lentement, le jeune garçon acquiesça. La fille resta pétrifiée. Le garde sentit son hésitation. Il tendit sa main vers elle. Elle l'esquiva.

Rhys. Je t'ai fais confiance tout le long du processus. Je t'ai laissé prendre les décisions. J'ai pris des risques pour faire fonctionner ton plan. Maintenant, c'est à ton tour de me faire confiance. On va y arriver, je te le promet. On va s'en sortir. Mais pour ça, il faut que tu me fasses confiance. Promet-le moi.

 Quelque chose de grave perturba l'entièreté du bâtiment, au-delà des conduits d'aérations dans lesquels ils étaient planqués. La plainte suave d'une alarme se réverbéra dans les bouches de ventilation. Au dehors, les couloirs devaient se teindre de rouge.

 C'était le signal. L'armée du bras droit venait de franchir la sécurité du WICKED. A présent, c'était à eux de jouer.

C'est parti.

 Les trois jeunes quittèrent leur nid, chacun partant de son côté.

 Rhys sentit l'angoisse et l'adrénaline effleurer son estomac. Elle ressassait sans cesse les derniers mots du garde. Fais-moi confiance. Confiance. Promesse. Comme une chanson qui la hantait et rampait avec elle.

 Au bout d'un moment, elle émergea du conduit d'aération et atterri dans un couloir éclairé d'une lueur rouge intermittente. Rhys s'était toujours posée la question sur le choix de cette couleur pour annoncer un danger. Pour masquer le bain de sang ?

 S'assurant qu'il n'y avait personne, elle sortit une carte d'accès qu'elle avait volé dans la journée et la passa dans la commande de l'ascenseur.

 Elle tremblait en attendant que les portes s'ouvrent. La jeune fille jetait des regards furtifs derrière elle avec pour seule pensée, le visage de Thomas.

 Il ne lui restait plus qu'une minute et le courant serait coupé. Ils ne s'étaient pas laissait de marge, c'était trop risqué. Mais une fois de l'autre côté, elle serait sauvée.

 La cabine s'ouvrit enfin.

Que fais-tu ici à cette heure si tardive ?

 La jeune fille se retourna brusquement au son de cette voix. A quelques mètres d'elle se tenait Janson accompagné de plusieurs garde et d'un médecin.

 La panique englua son cerveau, offrant le temps nécessaire au directeur et à son équipe de se rapprocher d'elle.

 Au prix d'une dernière prière d'espoir, elle s'enfonça dans la cage d'ascenseur et enclencha le bouton de lancement.

 Les hommes réagirent aussitôt. Pendant que certains bloquaient les portes pour les empêcher de se refermer, d'autres gardes saisirent les bras de la jeune fille. Ils l'extirpèrent de la cabine et l'immobilisèrent face à Janson.

Alors comme ça, tu veux y'aller ? lui demanda le directeur.

L'adolescente se contenta de lui jeter un regard incendiaire. Elle ne cherchait pas à se débattre, elle savait reconnaitre quand elle avait perdu.

Le médecin s'approcha du petit groupe, une seringue à la main. L'aiguille brillait sous les quelques néons. Les yeux de la fille s'affolèrent. Janson suivit son regard.

Oh ça ? Ne t'inquiète pas, c'est indolore. Ça va juste te paralyser le temps de t'emmener à la salle d'opération.

 L'homme en blouse blanche palpa la peau de son cou avant d'y enfoncer la seringue.

Si tu veux tant te rendre dans le labyrinthe, on ne va pas t'en empêcher. Mais tu vas devoir passer par l'Effacement. Pas de traitement de faveur.

 Alors que son corps s'engourdissait et qu'elle perdait peu à peu la sensation de ses membres, elle esquissa un sourire sur ses lèvres en espérant que ce sérum paralysant le figerait sur son visage.

Envoyez l'équipe technique dans la salle informatique 312 afin de lancer l'opération A et B de catégorie 3, articulèrent les lèvres du directeur adjoint sous les yeux vitreux de la fille.

 Comme elle perdait peu à peu ses forces, l'un des gardes la porta. Il avait les yeux d'un bleu lumineux. Un bleu qui rappelait le ciel. L'espoir.

 Le soldat les avait trahit, elle et Aris. Soit il avait fini par cracher le morceau, soit il était un espion depuis le début. En tout cas, l'armée du bras droit n'était pas ici, à éliminer les soldats. Personne ne viendrait sauver les jeunes enfermés dans le sous-sol.

 Mais sous les effets de la drogue qu'on venait de lui administrer, l'espoir la berçait.

 Elle avait dissimulé un code, entre les lignes. Un message que même lorsqu'elle n'aurait plus aucun souvenir, lui permettrait de se rappeler.

 Toujours prévoir un plan D.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant