La mousse synthétique du fauteuil s'adaptait à la perfection à la forme de son corps, épousant sa silhouette comme un moule qui lui était destiné. Et puis Brenda vint titiller sa tranquillité en s'affalant sur le même canapé. À contre cœur, Rhys replia ses jambes contre elle pour faire de la place à sa nouvelle amie.
La brune suivit le regard émeraude de celle qui somnolait paresseusement sur ce sofa depuis une dizaine de minutes. Non loin d'elles, Thomas et Newt jouaient aux cartes en compagnie de Jeff. Brenda comprit immédiatement les pensées de Rhys. Même s'il fallait chercher loin, et creuser profondément pour trouver la vérité derrière ce visage impassible.
– Tu as dit que tu voulais me ressembler ? s'enquit Brenda en survolant son interlocutrice, étirant un sourire sournois sur ses lippes.
Rhys acquiesça paresseusement, ignorant encore où cette conversation allait la mener.
– Alors commence par te débarrasser de cette lâcheté.
– Pardon ?
Outrée par les propos cru de son amie, Rhys se redressa, soudainement complétement réveillée.
– Arrête de te cacher et assume le fond de ta pensée, poursuivit Brenda.
Cette dernière ne se départit pas de ce sourire dégoulinant d'une innocence manipulatrice. En face, la medjack commençait à fulminer.
– T'es une trouillarde, roucoula Brenda d'une voix parfaitement maitrisée.
Rhys bondit sur ses pieds et toisa son amie, confuse par ce déferlement de cruauté gratuite. Brenda s'était aussitôt levée.
– Moi, trouillarde et lâche ? Après ce que j'ai fait ? Me jeter plusieurs fois sur des monstres alors que le simple fait de les apercevoir signe ton arrêt de mort. Me braquer une arme chargée sur la tempe pour épargner mes amis. Me jeter sous la foudre pour aider les retardataires à se mettre à l'abris. Tu appelles ça de la lâcheté ?
Rhys était sur le point d'exploser face à la mine imperturbable de Brenda, qui alla jusqu'à étirer son sourire mauvais pour la faire enrager.
– Je ne parlais pas de tes nombreux actes héroïques. Mais de ça.
Brenda pointa son index sur le cœur de Rhys. La blocarde vacilla, décontenancée par la tournure que prenait cette dispute.
– Tu penses être forte en te détachant de tout sentiment. Mais c'est juste de la faiblesse.
Brenda ne prenait plus plaisir à humilier son amie. Ses mots étaient durs comme du roc, mais son sourire avait fondu. Elle voulait seulement confronter Rhys à sa réalité. La percuter d'une vérité atroce. L'assommer de phrases empoisonnées. Afin de la secouer jusqu'à extraire le fruit de ses sentiments. Brenda était là pour ramasser les baies que le cœur renfermé de Rhys refusait de partager. Avant qu'ils ne pourrissent.
Pétrifiée, Rhys tourna la tête vers ses amis, cherchant le soutient de leur voix. Le réconfort dans leurs yeux. Mais aucun d'eux ne prêtaient attention à la tempête qui sévissait juste à côté d'eux. C'était comme si Rhys et Brenda étaient enfermées sous une cloche de verre imperméable. Aucun son ne pouvait entrer ni en sortir. Elles étaient coupées du monde. Peut-être même que les autres ne pouvaient les voir, alors que les filles avaient toujours accès au décor.
Rhys reporta son attention sur Brenda. Le visage de celle-ci se transforma et muta en une copie exacte de celui de Rhys. À un détail près. Une couronne de tresses auréolait sur une cascade d'obsidienne.
Cette apparence lui appartenait, cependant, ce n'était pas elle. Rhys faisait face à Etyca. Un brouillard d'incompréhension obstruait son cerveau.
– T'as compris ce que j'essaie de te dire ou il te faut un dessin ? reprit Etyca.
Là, Rhys reconnaissait bien son propre caractère. Sa propre façon de parler. Son expression se ferma. Elle cracha sa réponse.
– Ce n'est pas parce que je ne ressens aucune culpabilité que je suis un monstre sans cœur. Je les considère tous comme mes frères. Je donnerais mille fois ma vie pour eux. Et je pense l'avoir suffisamment prouver.
– Là est le problème. Tu ne sais pas faire la différence. Tu caches ce que tu ressens sous des couches d'amitiés et d'amour fraternel. Tu les ranges dans la même boîte, alors que chacun mérite une place bien distincte. Un trône. Chaque lien est unique. Apprend à les nuancer. Tu t'interdis de tomber amoureuse pour protéger les autres, mais en réalité, c'est toi que tu veux préserver. Tu crois être forte en résistant à tes sentiments, mais bien au contraire. C'est de la pure lâcheté. De quoi as-tu peur dans ce sentiment ? Alors qu'il est réciproque. Que fuis tu ? Tu te crois courageuse après tout ce que tu as traversé, mais côté cœur, tu ne prends aucun risque. Parce que tu sais comment ça va se finir. Ils t'en empêcheront. Ils te l'interdiront.
Plus Etyca s'avançait dans son discours, plus Rhys confirmait qu'il lui manquait une case.
– Tu te prives de tellement d'expériences et de sensations. Même si c'est pour une durée éphémère. Laisse tes émotions faire surface. Laisse-les s'exprimer.
Telle une prédatrice tournant autour de sa proie, Etyca la contournait, et la pièce autour d'elle se brouillait sans pour autant disparaitre. Il devint difficile pour Rhys de distinguer clairement le visage de Newt. Ou celui de Thomas. Elle devinait à leur mouvement qu'ils continuaient de jouer aux cartes.
– Arrête de te braquer. Détends-toi. Ne réfute pas chacun de mes propos simplement parce que tu as peur de moi. Ouvre ton esprit, et avec, ton cœur.
Cette fois-ci, Rhys ancra son regard dans celui de son double.
– Tu te prends pour Cupidon ? Aphrodite ?
– J'avoue que ça me plaît un peu de te tourmenter, mais je fais surtout ça pour que tu t'endurcisses. Tout ce que je te dis, c'est pour t'aider. Pour te sortir de Wicked.
– Qui es-tu bon sang !
– Etyca.
– Non. Je sais comment tu t'appelles, mais qui es-tu ?
– Oh. Tu veux dire mon rôle ? Je ne suis pas ton ennemi. Je suis toi. Tu m'as créé.
– T'es en train de me dire que je suis schizophrène ?
– Non.
– T'es quoi alors. Mon inconscient ?
– On peut appeler ça comme ça... Je suis là pour te réveiller. Arrête d'avoir peur. C'est l'amour qui te sauvera. C'est l'amour qui t'a sauvé une première fois. Pourquoi tu ne laisses pas Call finir ce qu'il a commencé ? Pourquoi tu t'accroches autant à la vie ?
– Super... Mon inconscient me pousse au suicide...
– J'essaie de t'ouvrir les yeux. Au sens littérale du terme. Pourquoi tu résistes ? Au fond de toi, tu le sais. Tu ne veux juste pas le comprendre. C'est trop insensé, irréaliste pour qu'un esprit aussi rationnelle que le tiens puisse le concevoir. Tu es tellement intelligente et pourtant... Tu refuses de voir la réalité.
Rhys en avait assez de cette fille qui se prenait pour elle et croyait tout savoir d'elle. Elle voulait quitter cet endroit et se réveiller au plus vite. Fuir son double le plus loin possible. Emprisonner cette partie d'elle-même dans un coffre-fort et le jeter au fond de l'océan. Etyca devina parfaitement ses pensées. Rhys avait fermé les yeux pour ne plus la voir, mais sa voix susurrait dans son oreille ;
– Je reviendrai te hanter jusqu'à ce que tu acceptes la réalité.
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- Le Labyrinthe - Fanfiction -
FanficVous connaissez tous l'histoire, vous venez de la lire, ou de la regarder. Ou bien vous l'avez lu ou regardé il y a longtemps, et vous êtes nostalgique de cette époque. Je vous invite à replonger dans cette univers tout droit sorti du génie de James...