Chapitre 21

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 La ville ne se trouvait plus qu'à quelques kilomètres. Plus ils approchaient, plus la lumière vacillante qui étincelait aux fenêtres décharnées prenait des allures fantomatiques. Des imposants et hauts immeubles ne restaient plus que leur silhouette osseuse où des barres de métal sortaient des murs ici et là. Les vitres étaient éventrées, ne restaient que des dents de verres sur les lucarnes. Plus les blocards approchaient de leur but, plus la ville prenait des proportions austères.

 Mais l'orage les pourchassaient derrière eux, motivant les troupes à accélérer le pas.

 La fraicheur du vent après des jours sous un soleil cuisant était la bienvenue. Rhys se concentra sur cette sensation. Les doigts de la brise froide caressant son corps, mordant ses vêtements et jouant avec ses cheveux étaient bien plus agréable que ses poumons en feu qui serait bientôt asphyxiés. À chaque mètres parcourut, ses jambes se faisaient plus lourd et son allure diminuait.

 Elle n'était pas la seule à perdre le rythme. D'autres blocards ralentissaient autour d'elle, peu habitué à fournir autant d'effort. Ces jours de marches les avaient à peine échauffé pour ce qui les attendaient maintenant.

 L'air s'épaissit devant elle. Les nuages noirs encombraient le ciel sans pour autant déverser leur eau. Rhys était certaine qu'il faisait encore jour, mais même le soleil ne parvenait pas à franchir cet obstacle.

 Elle continuait à courir avec ses compagnons sans se retourner. Dans son dos, les éclats des coups de tonnerres vibraient tel un compte à rebours.

 Soudain, la façade famélique de la ville lui apparut beaucoup plus proche. Plus qu'une centaine de mètres. Elle se raccrocha à ces bâtiments prêt à l'engloutir.

 Jusqu'à ce qu'un éclair martèle le sol à quelques mètres d'elle. Les ondes de choc étaient si puissantes qu'elle fut projetée sur le côté, comme si une main de géant la renversait. Rhys s'étala au sol en recrachant air et poussière. Une douleur fulgurante pris sa cuisse droite d'assaut, mais elle ne s'en rendit pas compte tout de suite. Ce qui lui sauta aux yeux en premier fut le sifflement qui résonnait dans ses oreilles. Le grondement de l'orage ne saurait rivaliser avec ce menu son. C'était comme si on avait mis la météo en pause. Pourtant, lorsqu'elle se releva en titubant, l'orage continuait à se déchainer, visant ses camarades de ses éclairs comme si c'étaient des lances.

 Elle aurait souhaité se retourner pour hurler sa rage au vent, mais il lui restait un peu de bon sens. De plus, la main de Siggy, qui passait à côté d'elle, l'attrapa au vol. Elle se remit à courir, sourde des oreilles et ignorante de la tâche rouge qui s'élargissait sur son pantalon.

 Elle n'était pas la seule à être touché par les éclairs. Des garçons tombaient en chemin. Se relevaient. D'autres eurent moins de chance.

 Horrible, horrible, horrible se répétait-elle en boucle.

 Un blocard avait été touché et avait pris feu. Rhys allait se jeter sur lui, mais Poêle-à-frire l'en avait empêché à temps. Le malheureux n'avait plus aucune chance de toute façon.

 Voilà à quoi ils en étaient réduit. À des bêtes sauvages luttant pour leur propre survie. Oubliés, les camarades du bloc, les souvenirs partagés. Durant cette course contre la montre, ils étaient des animaux lâchés dans une arène où on leur criblé de flèche. Tant pis pour les autres, chacun n'avait de yeux que pour l'abris qui miroitait non loin d'eux.

 Rhys perdit peu à peu ses forces et sa volonté. Siggy l'avait lâché. Elle l'avait perdu de vu. Mais elle ne voulait pas rendre les armes maintenant. Elle se souvint de la promesse faites à Alby. Mettre les garçons en sécurité. Elle n'en avait pas terminé avec la vie.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant