Chapitre 7

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 Elle était toujours bloquée à cette même page de son carnet. Stylo en main, elle jouait avec dans un geste absent pendant que son cerveau s'efforçait de formuler des phrases. Elle n'avait droit qu'à un essai. Une page, et après, c'était la fin de l'aventure. Elle devait choisir ses mots avec soin. Aller droit au but sans paraitre mécanique. Juste une feuille pour écrire qu'ils avaient quitté le labyrinthe, qu'ils s'étaient retrouvés encerclé par tous les Griffeurs du bloc, qu'ils s'étaient battus, qu'elle avait tapé le code, que Clint était mort, avec beaucoup d'autres garçons qu'elle connaissait juste de vu, qu'ils s'étaient enfuis, que Call avait essayé de la tuer (voulait-elle vraiment écrire cette partie-là ?), que Gally avait tué Chuck avant de le rejoindre dans la mort (elle ne savait toujours pas d'où il sortait puisqu'il avait disparu depuis des jours), que des soldats les avaient emmené loin du W.I.C.K.E.D, et que le monde de dehors était dévasté. Et qu'en bonus, elle avait retrouvé son père.

 Comment raconter tout ça de manière concise ? Elle devait apporter une fin à son récit.

 Rhys finit par abandonner son projet quand la porte de sa chambre s'ouvrit. Elle se leva de son bureau et accueillit Julia, qui lui apportait un plateau repas.

Comment vas-tu Rhys ? Pas trop déboussolée ?

 Julia se débarrassa du plateau lourdement garnit sur la table, à côté du calepin ouvert sur la dernière page.

On va dire que c'est le décalage horaire, plaisanta Rhys pour justifier son humeur.

 Mais c'était à peine si la femme l'avait écouté. Elle avait remarqué le cahier et se penchait dessus, curieuse.

Oh c'est donc pour ça que tu tenais tant à récupérer tes affaires ? Tu tiens un journal intime ? C'est une très bonne initiative quand on a vécu ce que tu as vécu. Si tu veux, nous avons des psychiatres. Si tu as besoin de parler, ils sont là. Tu pourras également leur confier ton journal, ils seront très intéressés de lire les écrits d'un sujet du Wicked.

Ça va aller merci.

 Rhys, qui devait se sentir touchée par la générosité dont faisait preuve la femme brune et l'attention particulière qu'elle lui apportait, se renferma sur elle-même. Elle regagna le bureau pour récupérer son carnet et l'éloigner de Julia.

 Newt avait déjà lu ce qu'il y avait à l'intérieur, c'était un nombre suffisant.

J'ai vu qu'il ne te reste qu'une page. Si tu veux, nous pouvons t'en donner un nouveau. Nous en avons pleins ici.

 Elle hésita à répondre par l'affirmative, avant de se raviser. Son histoire devait contenir dans un seul cahier. Elle trouverai les mots juste pour raconter la fin du récit.

 Cependant, elle en profita pour demander quelque chose à la femme. Rhys tourna les pages jusqu'à retrouver le croquis du tatouage de Call. Elle n'en avait toujours pas percé le mystère. Peut-être que Julia savait ce que cela signifiait. Elle lui présenta le dessin.

Vous savez ce que c'est ?

 Julia déchiffra l'esquisse. Des rides de concentrations apparurent sur sa peau brune.

C'est du morse. C'est une forme de langage codé utilisé dans l'ancien temps.

Et qu'est-ce qui est écrit ?

Des prénoms, il me semble. C'est normal que ce ne soit pas aligné ?

 Rhys acquiesça. Elle avait recopié le tatouage exactement comme il était.

Il est écrit Newt, Thomas, Rhys, Chuck, et Alby.

 L'ancienne blocarde fronça les sourcils. Pourquoi les noms de ses amis étaient-ils gravés dans le dos de Call ?

Les prénoms forment le mot ''Etyca'' à en juger leur agencement, ajouta Julia.

 Encore ce mot. Rhys ne savait pas ce qu'il signifiait, mais elle n'arrivait pas à s'en débarrasser.

Tu devrais manger avant que ça ne refroidisse.

 Julia lui souhaita un bon appétit et la laissa dans sa chambre. Rhys s'attarda sur son repas, ses pensées divergeant vers différentes réflexions, quand un bruit raisonna dans le silence.

 Elle se trouvait seule dans cette pièce, et à part le bruit de sa mastication et des couverts tintant contre l'assiette, tout était calme. Elle se retourna et jeta un regard circulaire dans la chambre. Une tête apparut sous son lit. Un corps masculin s'extirpa, puis se redressa. Il épousseta la poussière sur ses vêtements, avant de lui tendre une main chaleureuse.

 Éberluée, Rhys s'était levée de sa chaise. Elle s'était emparée du couteau et le pointait vers l'inconnu qui débarquait dans sa chambre sans prévenir et par elle ne savait où.

Tu peux reposer ton couteau. Je ne vais pas te faire de mal, lui assura le garçon.

 Il arborait un sourire énigmatique. Le genre de sourire qui signifiait qu'il savait exactement ce qu'il faisait, comparé à son interlocutrice, qui était déboussolée.

Je sais me battre, le menaça la fille.

Et moi j'ai de la force, répliqua-t-il sur un ton amusé.

 Il y eut un silence durant lequel l'inconnu dévisagea Rhys. Il semblait apprécier ce qu'il voyait. Ou plutôt, approuver qui il voyait. Rhys de son côté restait crispée, le bras tendu vers lui. Elle n'osait même pas esquisser un mouvement vers son sac. Il contenait toujours le pistolet qu'elle avait subtilisé à Gally.

Il m'a beaucoup parlé de toi, finit par déclarer le garçon. J'avais hâte de te rencontrer. Mais je savais que je pouvais attendre des mois, voire des années avant qu'on te retrouve. Finalement ça n'a pas été long.

T'es qui ? Qu'est-ce que tu fous ici ? l'agressa à-demi Rhys.

 Elle allait obtenir des réponses cette fois-ci, pas comme avec Call quand il s'était réveillé pour la première fois et avait débité des mots délirants.

Je pouvais pas attendre plus longtemps. Dès que j'ai appris que tu étais arrivée, j'ai pas pu résister à l'idée d'aller te voir. Tu corresponds à l'idée que je m'étais faite de toi. Quoi que tu m'as l'air plus agitée.

 Elle fit abstraction de cette remarque. En fait, elle était concentrée sur les traits de son visage. Il lui était familier. Elle était certaine de l'avoir déjà vu, contrairement à Janson.

On se connait... souffla-t-elle alors qu'un souvenir effleurait sa mémoire. T'es le petit garçon du couloir.

 L'inconnu la lâcha du regard pour la première fois afin d'aller coller son oreille contre la porte. Son expression changea, passant de calme à alarmé.

Mince. Ils vont arriver. Surtout, ne dis pas que je suis venu, ok ?

 Dans l'incompréhension total, Rhys hocha tout de même la tête. Alors que le garçon se glissait sous le lit, elle se courba pour voir d'où il était sorti. Un conduit d'aération assez large pour faire passer un corps humain se trouvait juste sous son matelas. L'inconnu commençait déjà à s'engouffrer à l'intérieur.

Attends ! l'immobilisa Rhys.

 Il tourna la tête vers elle, signifiant qu'il était prêt à l'écouter.

Toi aussi tu viens d'un labyrinthe ?

Ouais. Ça fait une semaine qu'ils m'ont sortie de là-bas.

 On toqua à la chambre de Rhys. Elle pivota pour jeter un œil à la porte. Quand elle regarda de nouveau sous le lit, le garçon n'était plus là. La personne frappa de nouveau contre le battant. Elle eut tout juste le temps de se relever pour ne pas avoir l'air suspecte lorsque la porte s'ouvrit.

 Julia entra pour récupérer le plateau repas vide et lui souhaiter une bonne nuit.

- Le Labyrinthe - Fanfiction -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant