Chapitre 3-1

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Waouh...il n'y avait pas à dire, trois heures de sommeil c'était totalement insuffisant pour avoir une bonne mine au réveil ! Le reflet peu glorieux que me renvoya le miroir en pied présent dans la pièce me confirma sans problème cette affirmation, lorsque je jetai un coup d'œil machinal à mon image. Avant que mon regard ne dérive vers le reste de la chambre.

Cela faisait plusieurs mois maintenant que j'occupais cette chambre d'ami. Cassie m'avait affirmé à mainte reprise quelle était dorénavant la mienne et que je pouvais la décorer selon mon goût mais...je n'arrivais pas à m'y résoudre. Peut-être étais-je bridée par la peur profonde, ancrée tout au fond de moi, que c'était surement trop beau pour être vrai...certainement en fait. À peine cette pensée m'avait-elle effleuré l'esprit, que les souvenirs de la nuit revenaient en force, ainsi qu'une inquiétude sourde.

Je m'empressai de sortir du lit et de me ruer dans la chambre de Cassie, tant pis si je la réveillais. Mais nul besoin de m'inquiéter pour cela. Sa chambre était vide et son lit recouvert de la couverture en patchwork qu'elle avait fait elle-même, même pas défait. L'inquiétude se muât immédiatement en angoisse. Il ne pouvait pas lui être arrivé quelque chose ? Non, il y avait certainement une bonne explication. Fébrilement j'allais consulter mon portable mais...aucun nouveau message. J'essayai encore une fois de la joindre, sans plus de succès que précédemment. Mais que se passait-il à la fin ?

De plus en plus inquiète je me dirigeai vers la salle de bain et jetai machinalement un coup d'œil à ma montre. Plus que dix minutes avant que ma visiteuse nocturne n'arrive ! Vu de ce côté de la nuit, toute cette histoire me paraissait de plus en plus surréaliste. Et si finalement, tout cela n'avait été qu'un rêve particulièrement tordu ? Après tout, j'espérais tellement comprendre d'où me venait cette...particularité et depuis si longtemps, que cela n'aurait rien eu d'étonnant si mon subconscient avait décidé de me jouer un petit tour à sa façon ! De toute manière je serais vite fixée, me dis-je en filant sous la douche où je laissai avec bonheur l'eau chaude noyer toutes mes interrogations et profitai de ces quelques minutes de répit pour me réveiller tout à fait.

J'en étais à peine sortie que la sonnette retentit. Je consultai de nouveau l'heure...neuf heures pile...finalement, je n'avais pas rêvé. Je restai un instant figée, sans savoir si je devais m'en sentir soulagée ou au contraire effrayée ? Si cette partie-là de l'histoire était vraie, le reste devait certainement l'être aussi. Ce qui n'avait rien de particulièrement réjouissant et fit courir sur mon corps un long frisson d'appréhension.

Le son strident et insistant de la sonnette retentit de nouveau et je grimaçai, tirée très efficacement de mes réflexions. Non mais elle ne pouvait pas attendre une minute tout de même ? Au moins elle avait sonné aujourd'hui plutôt que d'entrer comme une voleuse, c'était déjà ça ! pensais-je avec un soupir.

— J'arrive, deux minutes ! lui criai-je d'un ton excédé alors qu'elle sonnait pour la troisième fois, tandis que j'allais chercher de quoi m'habiller dans ma chambre.

Un jean et un tee-shirt à manches longues feraient l'affaire en cette journée d'automne. Ne sachant pas où nous allions exactement, je rajoutai une veste. Puis enfilai mes bottes préférées et partis ouvrir la porte à blondie qui avait, une fois de plus, le doigt collé à la sonnette.

Je déverrouillai la porte plus bruyamment que nécessaire, avant de saisir la poignée d'un geste brusque tellement son comportement m'exaspérait. Mais à l'instant où j'allais ouvrir, mes doutes et mes inquiétudes pour Cassie m'envahirent à nouveau et je suspendis mon geste. Mais qu'est-ce que j'étais en train de faire ?

Cette fille antipathique était une parfaite étrangère ! Sans compter que je la suspectais de plus en plus de ne pas être étrangère à la disparition de mon amie. Mais c'était tout moi ça ! Une fois ma décision prise, je ne revenais jamais en arrière. J'étais plutôt du genre spontanée et irréfléchie une fois lancée et soyons franc...plus qu'intriguée par notre petite conversation de la nuit dernière. Je me sentais étrangement incomplète depuis...comme si le fait de « peut-être » bientôt connaître les raisons de ma différence...avait creusé comme un vide en moi. Vide qui avait besoin d'être comblé. C'est donc avec le ventre noué par l'appréhension et l'esprit plein de doutes, que j'ouvris la porte d'un geste plus mesuré que je n'en avais eu l'intention de prime abord.

Elle se tenait sur le pas de ma porte dans une pose digne des meilleures couvertures de Vogue et ce, malgré le fait qu'elle portait les mêmes vêtements que la nuit dernière. Les seules différences étaient ses cheveux qu'elle avait attachés en une queue de cheval haute, ainsi que les ombres qu'elle arborait autour des yeux et qui de toute évidence, n'étaient pas le fruit d'un maquillage sophistiqué. Elle avait passé la nuit ici ou quoi ? Vu la moue dégoutée qu'elle arborait et qui signifiait clairement que l'environnement ne lui plaisait guère, cela me paraissait de plus en plus plausible.

Pendant une fraction de seconde je me sentis coupable à l'idée qu'elle ait peut-être dû passer la nuit dans ce couloir défraichit et couvert de tags, mais cela me passa bien vite lorsque je croisai son regard froid et condescendant. Elle me détailla dans un silence pesant. La désapprobation inscrite sur tous les traits de son visage, exprimait cent fois mieux que des mots ce qu'elle pensait de moi et de mon apparence. J'avais beau avoir eu plus que mon lot de ce genre de regard au long de ma courte vie, je n'en sentis pas moins une saine colère m'envahir. Non mais pour qui elle se prenait celle-là ?

— Bon, puisque vous êtes enfin là, on va peut-être pouvoir y aller maintenant ! me coupa-t-elle avant que je n'aie eu le temps de lui exprimer le fond de ma pensé. Nous allons prendre votre voiture, je vous indiquerai la route.

— Même pas un bonjour ? Ce n'est pas très poli, ne pus-je m'empêcher de lui sortir.

Ce n'était pas la diatribe assassine qui m'était venue spontanément à l'esprit, mais un soupçon de sarcasme ça fait toujours du bien lorsque l'on est en colère. C'était vrai quoi ! Son attitude de sociopathe commençait sérieusement à me porter sur les nerfs.

— Je n'irais nulle part avec vous, tant que je ne saurais pas ce qui a pu arriver à mon amie ! ajoutai-je, mon regard coléreux fixé sur elle.

— Votre amie ? Aucune idée, me répondit-elle d'un ton de totale indifférence. Mais quoi qu'il ait pu se passer...je n'y suis pour rien. Elle n'était même pas là quand je suis arrivée.

— Elle a disparue ! Comme par hasard le soir même où vous vous pointez chez nous sans y être invitée pour m'apprendre que je suis "soi-disant" en danger. Je trouve ça un peu gros comme coïncidence. Normal donc que je pense à vous en priorité, vous ne trouvez pas ?

— Oui, vous faites preuve d'un sens logique remarquable...félicitations ! ironisa-t-elle avec un méchant sourire. Mais croyez bien que si cela avait été moi, je m'en serais déjà servi contre vous cette nuit, plutôt que de me taper toute cette longue et ennuyeuse discussion ! Bon, on peut y aller ?

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant