Chapitre 25-1

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Je restai un instant indécise, ne sachant où aller. Je me trouvais dans un couloir sans fenêtre et faiblement éclairé, qui semblait se terminer par un coude à chacune de ses extrémités. D'autres portes apparaissaient à intervalles réguliers. Je décidai donc de commencer par voir ce qui se trouvait à l'intérieur, car à l'instar de la mienne, elles étaient toutes équipées d'un petit œilleton. Les deux pièces qui jouxtaient ma cellule étaient vides. Celle de droite était une sorte de débarras et celle de gauche une salle d'observation dans laquelle donnait le miroir sans teint, ainsi qu'un autre dans le mur opposé. En voyant cela, mon cœur fit un bond dans ma poitrine : il y avait peut-être une autre personne dans cette cellule ? Peut-être Cassie ?

C'est plein d'espoir que je m'approchai de la porte se trouvant à l'extrémité gauche du couloir en retenant ma respiration. Malheureusement, elle était vide. Je décidai de ne pas me laisser décourager et me rendis à la dernière porte du couloir qui s'avéra être une sorte de salle de garde. Un homme dont je ne pouvais distinguer les traits était couché sur un lit de camp et semblait dormir, son arme à portée de main. Je m'éloignai le plus silencieusement et le plus rapidement possible pour ne pas risquer de le réveiller. Nous devions être la nuit, d'où les lumières tamisées et ma sieste forcée.

Je me contrains à m'arrêter quelques secondes pour réfléchir à la suite des évènements. Puis je me fis la réflexion que cet endroit me faisait de plus en plus penser à un labo de recherches, et qui dit laboratoire, dit généralement expériences sur les animaux. Je cessai donc de retenir mes sens et les laissaient se déployer à la recherche de présences qui m'indiqueraient à coup sûr la direction à suivre. Je fus très vite assaillie par trop de signatures différentes pour pouvoir toutes les isoler. Puis vint très rapidement des sensations plus précises de froid, de peur et de désespoir qui submergèrent absolument tout le reste. Je tentai malgré tout de surnager dans toutes ces sensations et essayai d'en isoler une en particulier pour me focaliser dessus. Je choisis celle qui apparut comme la plus claire et la plus cohérente à mon esprit humain et me dirigeai donc dans cette direction, qui s'avéra être la droite.

J'avais beau faire attention, mes pieds nus émettaient de petits claquements secs, amplifiés par tout le carrelage blanc présent dans le couloir. J'avais beau essayer de me convaincre que c'était ma peur qui amplifiait les sons, que je n'étais pas si bruyante que cela, mais je ne pouvais m'empêcher d'être de plus en plus terrorisée à l'idée de me retrouver nez à nez avec un garde, surtout sans vêtements et sans rien pour me défendre. J'étais trop vulnérable. Il fallait que je trouve quelque chose pour me protéger au cas où, une arme, n'importe quoi. Il fallait surtout que je sorte d'ici maintenant, immédiatement même. C'était une question de vie ou de mort ! Je n'en pouvais plus de ces barreaux et de cette cage exiguë, je mourais à petit feu depuis trop longtemps, il fallait que je sorte. Une rage animale m'envahit et un grondement sourd voulut sortir de ma poitrine.

C'est à cet instant que je me rendis compte que ces pensées et ces sensations ne m'appartenaient pas, mais étaient celles d'un animal. Ces émotions venaient de supplanter les miennes avec tellement de facilité que, sur le moment, je ne m'en étais pas rendu compte. Ce qui me troublait le plus était de ne pas m'en être aperçue immédiatement. Ces émotions s'étaient confondues avec les miennes et m'avaient presque forcée à faire des choses qui ne me ressemblaient pas. À l'image de cette compulsion à m'enfuir alors que j'étais venue là dans un but précis et important. C'était cette sensation inhumaine, ce grognement animal roulant dans ma gorge alors qu'elle n'était pas faite pour ça, qui m'avait permis de reprendre le contrôle. Je jetai un regard un peu hébété autour de moi. Cette désagréable expérience m'avait au moins permis de me rendre compte que je faisais n'importe quoi. J'errai dans les couloirs à la merci du premier garde ou de la première caméra venue. C'était déjà un foutu miracle que je n'aie pas été repérée. Mon plan n'était pas complètement mauvais, mais il me fallait un endroit calme pour pouvoir reprendre mes esprits, avant de finir tout droit dans la gueule du loup.

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant