Chapitre 23-2

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J'ouvris donc la porte, un grand sourire niais aux lèvres, comme je le supposais toute jeune femme écervelée recevant des fleurs ! Le bouquet était tellement gros qu'il me dissimulait presque entièrement l'homme qui le tenait. Vu sa taille, il devait avoir besoin de ses deux mains pour le tenir. Le risque qu'il puisse tenir une arme était donc limité. Je me fis la réflexion idiote, que j'aurais bien aimé être une jeune fille lambda dont le plus gros souci était de choisir la couleur de son vernis à ongles et de savoir si elle aurait un vase assez grand pour y mettre le bouquet que son petit ami lui faisait envoyer toutes les semaines. Mais bien sûr, c'était tout ce stress qui me montait à la tête, je n'avais même jamais mis de vernis de ma vie !

— Oooh... il est magnifique ! m'écriai-je avec ma plus belle voix d'évaporée. Qui est-ce qui me l'envoie ?

— Comme si tu ne le savais pas, pétasse ! dit l'homme d'une voix agressive et vulgaire.

Ce fut l'un de ces moments où tant d'actions se déroulent simultanément que l'on a la sensation qu'elles se passent au ralenti. Tout en me faisant cette réponse très distinguée, l'homme lâcha le bouquet qui s'écrasa mollement par terre. Puis dans un même mouvement, il sortit une arme qu'il pointa sur ma poitrine et tira. J'eus juste le temps de penser que nous nous étions trompés et qu'Aria allait en payer le prix fort, avant qu'une grande douleur explose dans ma cage thoracique et que tout devienne noir.

***

J'avais froid et mal partout, surtout à la poitrine. Un poids semblait me comprimer le torse, gênant ma respiration. Bizarrement, j'avais comme l'impression que c'était un moindre mal, mais j'avais beau essayer de me souvenir, je n'en récoltai que des maux de têtes fulgurants et l'impression d'avoir le cerveau en charpie. Je dus encore perdre connaissance, car lorsque je repris mes esprits pour la seconde fois, tout me parut plus clair et des bribes de souvenirs commençèrent à me revenir par flash. On m'avait tiré dessus à bout portant, je devrais être morte ! J'essayai de bouger et fut récompensée par une myriade de douleurs irradiant d'un peu partout, certainement dues à ma position à plat ventre sur le sol dur et froid, ligotée et bâillonnée comme une dinde de Noël. Pour couronner le tout, j'étais en sous-vêtements ; je comprenais mieux pourquoi j'avais si froid.

Je commençai à être prise de frissons incontrôlables, rendus plus que douloureux par ma position tout sauf naturelle. De plus, ma douleur dans la poitrine commençait à m'inquiéter car elle ne s'était pas atténuée, bien au contraire. J'essayai de me calmer et de prendre de petites inspirations régulières. Je m'apprêtai à ouvrir doucement les yeux, quand j'entendis les voix de deux hommes qui se rapprochaient et semblaient se disputer. Je les gardai donc fermés et essayai de rester le plus immobile possible, alors qu'ils pénétraient dans la pièce. Ils se turent un instant, puis reprirent leur discussion comme si je n'étais pas là.

— Non mais t'es vraiment un malade, toi ! Qu'est-ce qu'on aurait dit au patron si elle était morte ?

— Arrête ton char, John ! Elle risquait pas de crever d'une fléchette tranquillisante, répondit l'homme qui m'avait tiré dessus avec toujours autant de classe, un chewing-gum dans la bouche.

— Bien sûr que si, espèce de crétin ! Vu que tu lui as tiré dessus à bout portant et en plein cœur. C'est une chance qu'elle soit toujours en vie. Ah je te jure, les amateurs... ronchonna le fameux John pour lui-même.

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant