Chapitre 32-1

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— Tout d'abord, tu dois te détendre au maximum pour qu'il se sente en confiance. Là, tu lui transmets ton stress, et ce n'est pas une bonne idée.

— Non, sans blague ! lui répondis-je d'un ton acide, les dents serrées, accompagné de mon plus beau regard noir.

Regard que je reportai bien vite sur le serpent qui ondulait de plus en plus fort sur mon bras, signe évident de son énervement croissant.

— Essaye de faire baisser ton rythme cardiaque, c'est principalement ça qui l'énerve. Il calque instinctivement son mouvement dessus.

Maintenant qu'il le disait, ça devenait flagrant, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Je n'avais pas particulièrement peur des serpents, mais celui-ci était potentiellement mortel et j'étais déjà à deux doigts de l'effondrement, autant physique que psychologique, avant que cet énième problème ne me tombe dessus.

— Regarde-moi et respire profondément. Il faudrait déjà que vous vous calmiez tous les deux pour que cela ait une chance de fonctionner. Car comme tu l'as si justement souligné tout à l'heure, il ne te connaît pas bien. Il n'est venu vers toi que parce qu'il n'avait pas d'autre choix.

— Merci beaucoup pour le compliment indirect ! J'apprécie énormément, lui rétorquai-je, la voix pleine de sarcasmes.

Comme à son habitude, il ne releva pas et continua son explication comme si je n'avais pas ouvert la bouche.

— Perçois son essence animale et essaie d'entrer en contact avec elle. Une fois que ce sera fait, visualise Adam sous sa forme humaine et projette cette image vers l'essence du cobra, ça devrait marcher, dit-il comme s'il faisait ça tous les jours.

— Cela semble simple à t'entendre, mais bizarrement ça m'étonnerait beaucoup que ce soit le cas, marmonnai-je avant de fermer les yeux et d'essayer de faire ce que l'on attendait de moi.

Contre toute attente, je n'eus aucun mal à faire le vide et à trouver l'essence d'Adam. Elle ressemblait un peu à celle de Martha, tout en étant subtilement différente. Mais avant même que je n'aie le temps de tenter un contact, je me sentis submergée par une sensation douce, chaude et soyeuse et qui sentait bon le chat... Féline. Instinctivement, j'essayai d'entrer en contact avec elle par la pensée, mais à ma plus grande surprise, je ne rencontrai que le vide. Enfin, le vide, pas tout à fait. C'était un peu comme si cette riche odeur émanait d'une petite partie de moi, dont je n'avais jamais eu conscience jusqu'à présent. Un sifflement aussi furieux qu'hostile jaillit de la gueule d'Adam, et Jude sortit instantanément son arc.

— C'était quoi, ça ? me demanda-t-il d'un ton aussi inquiet que suspicieux.

— Je ne sais pas, répondis-je d'un ton, je m'en rendis compte, bien peu convaincant.

Je ne pouvais empêcher le doute de transparaître dans ma voix. Je subodorais que cela avait certainement un rapport avec Féline et plus précisément au lien que nous avions tissé sans le vouloir. Celui-ci avait-il définitivement disparu ou, au contraire, avait-il modifié quelque chose en moi ? Il fallait bien l'admettre, j'étais perdue et je ne savais rien ! Tôt ou tard il allait bien falloir que j'en parle à quelqu'un si je voulais obtenir des réponses. Alors pourquoi pas à Jude ? C'était le seul métamorphe duquel j'étais assez proche pour que cela soit envisageable.

La vérité était que j'avais peur d'en parler. Peur de reconnaître que cette étrange connexion me manquait. Principalement l'horrible sentiment de solitude qui ne me quittait jamais et qui s'était subitement désintégré au contact de la panthère. C'est maintenant qu'elle avait disparu que je m'en rendais compte. Mais surtout, peur que ce soit inhabituel voire anormal, même pour des métamorphes, et de me retrouver une fois de plus mise à l'écart et traitée comme une bête de foire. Toutes ces tergiversations mentales n'avaient pas duré plus de quelques secondes mais n'étaient pas pour autant passées inaperçues aux yeux de Jude qui me fixait d'un air circonspect.

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant