Chapitre 35-2

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Elle secoua la tête et soupira comme si c'était une dispute récurrente entre eux et qu'elle savait que, quoi qu'elle fasse ou dise, cela ne changerait rien. Son intervention m'avait certainement évité une épreuve longue et douloureuse, mais elle ne l'épargnerait pas à Jude. Je le compris en voyant la compréhension se faire sur le visage de Charles. Continuer à me frapper moi serait une erreur, mais céder devant sa femme était inacceptable pour lui.

— Bien que rien ne m'oblige à me justifier devant une « humaine », cracha-t-il comme la pire des insultes en s'approchant de moi de manière à me surplomber de toute sa hauteur, je vais quand même t'expliquer ce qu'il se passe. Jude est accusé de trahison pour avoir révélé notre existence aux humains, ce qui est un crime extrêmement grave. Voire l'un des pires qui soit pour notre espèce, car il en va de notre survie à tous.

Un murmure d'approbation parcourut la foule.

— J'aurais même eu droit de le tuer pour ça. Mais par égard pour l'aide qu'il nous a apportée, j'ai allégé sa peine et il l'a acceptée. Il recevra donc dix coups de fouets en public, et si tu ne te pousses pas de mon chemin, c'est moi qui bougerai et je n'hésiterai pas à viser autre chose que son dos. Ce serait dommage d'abîmer un si beau visage, tu ne crois pas ?

Il avait un tel sourire victorieux en prononçant ces paroles que, non seulement, je sus qu'il le ferait, mais qu'en plus il y prendrait encore plus de plaisir. C'est impuissante et la rage au ventre que je me relevai péniblement pour m'écarter et rejoindre le bord de la place. Je ne pus m'empêcher de pleurer lorsque je croisai le regard de Jude, qui avait l'air plus inquiet pour moi que pour lui. Mais avant qu'un nouveau coup ne pleuve, je décidai te tenter le tout pour le tout.

—Vous avez tort, ce n'est pas un traître ! déclarai-je aussi fort et clairement que je le pus, afin que tout le monde puisse m'entendre, même si je m'adressais directement à Charles et aux membres du conseil.

— Il n'avait rien dit à l'inspecteur jusqu'à ce qu'Aria soit enlevée et que vous lui demandiez de l'aide. Qu'il vous a accordée sans la moindre hésitation, bien que vous le preniez déjà pour un traître et qu'il savait ce qu'il encourait. L'inspecteur Worth avait décidé de nous aider sans poser trop de questions et nous avions réussi à éluder le peu qu'il nous demandait. Si finalement il a fini par lui dire, il l'a fait pour vous, pour sauver Aria, Adam et moi, et nous espérions les autres aussi. De plus, l'inspecteur a couvert vos traces, mettant en jeu sa carrière pour vous, et rien n'a été découvert. Donc toute cette violence est inutile et vous punissez un homme bon et loyal pour rien. Si en fait... Pour vous avoir aidé ! Vous n'êtes rien de plus qu'un monstre qui prend plaisir à dominer et humilier les autres.

Tout le temps de ma tirade, qui me parut interminable, je ne quittai pas Charles des yeux. Un silence de plomb suivit mon petit discours.

— Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ? me demanda froidement Daphné.

— Oui, intervint soudainement Adam en se plaçant à côté de moi. J'ai été témoin des efforts du policier pour nous aider à garder l'anonymat. C'est un homme bien et digne de confiance. Jude a eu raison de se fier à lui, sinon ils ne nous auraient jamais retrouvés à temps.

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant