Chapitre 6-2

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*Version non corrigée*





— Il semblerait qu'ils aient eu raison de croire en vous, me chuchota-t-il doucement dans l'oreille. Bienvenue chez les monstres Christina.

Sa dernière remarque teintée d'amertume et d'ironie me désarçonna. Ça et le fait qu'il me lâcha subitement avant de s'écarter de quelques pas.

Je me stabilisai tant bien que mal et me retournai, tandis que j'ouvrais les yeux en douceur. Tout autre action entrainerait à coup sûr un allez simple du contenu de mon estomac vers le buisson le plus proche. Une fois certaine que je n'allais pas vomir, je levai les yeux sur l'homme devant moi et...waouh !

Le moins que l'on puisse dire était...qu'il ne passait pas inaperçu avec son bon mètre quatre-vingt-cinq, ses vêtements intégralement sombres, ses long cheveux noirs et son regard...tout sauf amical ! Ce dernier contrastait tellement avec la voix douce qui m'avait chuchotée à l'oreille, que j'eus un instant d'hésitation.

— Il vient de se passer quoi là, exactement ? lui demandai-je, attentive à ne pas le fixer bouche bée.

Car hormis son physique impressionnant, je ne pouvais détacher mon regard de l'arc démesuré qui dépassait de son dos. Il se prenait pour Robin des bois ou quoi ?

— Vous avez laissé libre court à votre empathie. Je vous ai aidé à relâcher le contrôle que vous exerciez sur vos perceptions. Ce qui fait officiellement de vous...une métamorphe. Maintenant que le doute n'est plus permis, je suppose que des félicitations s'imposent ?

— D'après votre ton, cela n'a pas l'air d'être une bonne chose ? lui dis-je d'un ton interrogateur, un peu désarçonnée par son comportement.

Au lieu de me répondre, il esquissa un semblant de sourire crispé, assorti d'un haussement d'épaules. Toute cette situation commençait vraiment à me courir. Je m'apprêtai à lui exprimer le fond de ma pensée, quand Charles choisit ce moment précis pour revenir dans la clairière. À voir son air satisfait et suffisant, cela s'était passé exactement comme il l'espérait.

— Très bien. Maintenant que vous avez accès à vos perceptions vous allez pouvoir passer à la pratique, dit-il d'un ton plus que satisfait, alors qu'il me lançait quelque chose de bleu et d'informe, qui s'avéra être un pull de femme, une fois que je l'eus attrapé au vol.

— Imprégnez-vous de l'odeur et suivez la piste. Jude vous accompagnera.

Un grognement mécontent me fit comprendre que Jude était le clone irascible de Robin des bois se tenant sur ma gauche.

— Même pas un s'il vous plait ? Je suis déçue, ironisai-je. Vous êtes toujours aussi agréable où vous faites un effort spécial juste pour moi ?

J'en avais marre à la fin de son comportement de dictateur psychopathe ! Une exclamation amusée me parvint, venant certainement de mon acolyte récalcitrant. J'avais réussi à l'amuser au moins, c'était déjà ça.

Comme à son habitude Charles ne prit même pas la peine de répondre et quitta la clairière sans oublié de me jeter un regard mauvais au passage. Finalement, je commençais à regretter de moins en moins qu'il n'ait pas pris la peine de me recueillir. Mon idéal de famille parfaite et aimante était en train de prendre l'eau à toute vitesse.

Je fus tirée de mes réflexions mélancoliques par un claquement de langue impatient. Bien que son attitude me désarçonne et m'agace prodigieusement il avait raison sur un point, plus vite je m'y mettrais, plus vite je pourrais me laver les mains de cette histoire de fous.

Je restais un instant là, figée comme une idiote, le pull entre les mains sans savoir très bien quoi en faire. J'étais sensée percevoir les émotions ? Qu'attendaient-ils de moi, que je le renifle ? Je n'étais pas un foutu chien ! Jude qui devait en avoir marre de faire le pied de grue, s'était adossé à un arbre et me regardait d'un air à la fois moqueur et amusé.

— Alors, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

Je décidai de ne pas relever son ton sarcastique et me contentai de le foudroyer du regard. Du moins c'était mon intention, mais celui-ci ne dût pas avoir l'effet escompté, car au lieu de prendre un air un minimum contrit, il éclata de rire. Folle de rage, je lui tournai le dos. Il n'était pas question que je lui demande de l'aide, ma fierté ne me le permettrait pas.

Je tentai donc de faire le vide dans mon esprit, fermai les yeux et faute d'une meilleure idée, portai le pull à mon nez. Je respirai lentement et profondément, essayant d'analyser et décortiquer toutes les odeurs qui me parvenaient. La plus prégnante était une odeur d'agrumes épicés, plutôt agréable. Un parfum sans doute. Ainsi qu'une note acidulée, qui je ne sais pourquoi, me confirma à coup sûr que ce pull appartenait bien à une femme.

Curieusement je ne décelai aucune odeur animale. Ce pull était pourtant censé appartenir à une métamorphe ? À moins que ce ne soit un test ? Fort possible, avec ce manipulateur de Charles. Néanmoins je décidai de continuer. Une sorte de sensation froide et visqueuse émanait du vêtement, pas à proprement parler une odeur...plutôt une sensation et ce fut ça qui fit s'emballer mon cœur et boostât mes sens.

Je jetai le pull par terre et partis comme une fusée (enfin, pour une fille en talons) en direction de cette sensation particulière. Plus rien d'autre n'avait d'importance. Mes sens enregistraient ce qu'il se passait autour de moi, sans que cela n'handicape ma traque. Je sentais que quelqu'un me suivait mais je savais confusément que je n'avais pas à le redouter. Je courus ainsi à travers la forêt, apparemment sans but précis, ce qui me semblât des heures. Quand la sensation se fit plus présente, presque écrasante, je m'arrêtai subitement et jetai un regard circulaire autour de moi.

Je me trouvais dans un cul de sac. Une paroi de granit recouvert de plantes grimpantes me faisait face et des buissons épineux associés à du sumac vénéneux quasiment impénétrables en fermaient les deux côtés. Sans surprise, je vis Jude, appuyé nonchalamment à un arbre derrière moi. Une lueur amusée dans son regard sombre et l'air nullement éprouvé par notre course effrénée dans les bois, le salaud ! Alors que moi, j'étais toute échevelée, égratignée et peinais à retrouver une respiration normale. Pas de doute il fallait que je me mette au sport et que je m'achète des basquets !

— Eh bien, eh bien ! On dirait que Scooby-doo a flairé une piste ?! se moqua Jude en me reluquant des pieds à la tête d'un air moqueur.

— Ne m'appelez pas comme ça ! lui répondis-je entre mes dents, tout en lui lançant un regard noir.

Non mais c'était quoi son problème à celui-là ? Mon sale caractère m'incitait à lui rentrer dedans méchamment pour enfin savoir de quoi il retournait. Mais mon instinct ou mes nouveaux sens, me poussaient à finir ce que j'avais commencé et à trouver la source de cette sensation étrange.

Je pris sur moi et me détournai, avant de me diriger vers l'endroit où semblait mener la piste. Pour me retrouver devant...une paroi de granit. Je m'arrêtai interloquée, jusqu'à ce que je sente un faible courant d'air venant de la falaise. Sans plus réfléchir je commençai à écarter les plantes grimpantes, pour découvrir sans réelle surprise, une ouverture derrière celle-ci. Je m'y engouffrai, pressée de trouver le but de ma traque. C'était une grotte, assez vaste pour que je ne puisse pas en distinguer le fond et je dus fermer les yeux pour les accoutumer à la pénombre.

Quand je les rouvris, ce que je vis me coupa le souffle. Je comprenais ce que j'avais devant les yeux, mais mon cerveau lui, refusait de l'appréhender. Sûrement un mécanisme de défense pour préserver ma santé mentale déjà bien malmenée. Je me mis à trembler de tout mon corps tandis que mes jambes se dérobaient sous moi, me précipitant au sol.

Je pense que c'est à ce moment-là que je me mis à crier.

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant