Chapitre 19-3

8.4K 1K 44
                                    


Son petit sourire goguenard fut un peu gâché par ses traits tirés et l'aura de faiblesse qu'il dégageait, mais s'il était capable de se foutre de moi, c'est qu'il n'était pas si mal en point que ça. Je sortis en refermant sèchement la porte, signe qu'il était parvenu à m'atteindre avec son comportement d'adolescent attardé, et je crois que c'est ce qui m'énervait le plus ! Ça n'aurait pas dû me faire réagir comme ça, à mon âge, c'était juste... ridicule. Dans le placard, je trouvai effectivement des vêtements unisexes, en l'occurrence un jean et un tee-shirt à manches longues, et allai l'attendre dans le salon. Lorsqu'il me rejoignit dans ses nouveaux vêtements, son teint pâle m'inquiéta. Avant que je n'aie eu le temps de faire le moindre commentaire, il insista pour soigner mon bras d'un ton autoritaire et supérieur qui m'irrita immédiatement et fit passer mes inquiétudes pour lui au second plan. Mon humeur ne s'arrangea pas lorsqu'il refusa que j'en fasse de même pour lui, avant de passer dans la petite kitchenette en m'ignorant superbement.

— Quel est le programme maintenant ?

— Nous avons besoin de nous restaurer et de nous reposer. Si je ne me trompe pas, tu n'as rien mangé de la journée.

— Parce que toi oui peut-être ? lui répliquai-je agacée.

Néanmoins il avait raison, même si cela ne m'avait pas dérangée plus que ça. Maintenant qu'il me l'avait fait remarquer, je ne pouvais plus détourner mon attention de mon estomac qui protestait bruyamment. Il eut un petit sourire entendu et entreprit de nous faire des sandwichs avec les différentes victuailles trouvées dans le mini frigo.

— Rassure moi, tout ça à au minimum moins de deux mois d'ancienneté ? persifflai-je entre mes dents.

Il se contenta de sourire, concentré sur sa tâche. Quand il eut terminé, il m'en tendit un accompagné d'un verre de jus d'orange et m'invita à venir m'assoir à table avec lui. Bien que taraudée par la faim, je mangeai en silence et sans trop d'entrain. J'avais beau être percluse de diverses douleurs, exténuée et très contente d'avoir échappé à la mort et d'être enfin en sécurité, je ne pouvais m'empêcher de m'en vouloir de perdre ainsi un temps précieux. Tous ces sentiments contradictoires me faisaient gigoter sur ma chaise comme une junkie en manque, ce que Jude ne manqua pas de remarquer.

— Calme-toi. Pourquoi es-tu si nerveuse ?

— Je ne sais pas moi, voyons, quelles raisons pourrais-je avoir d'être nerveuse ? fis-je semblant de me demander d'un ton sarcastique. Peut-être parce qu'on a essayé de m'enlever ? Non trop banal... Parce qu'on nous a tiré dessus ? Ha, non ça ne peut pas être ça... J'ai trouvé ! Peut-être parce que l'on vient de se faire courser par six chiens mutants semblant sortir tout droit de l'enfer ! finis-je en criant presque, d'un air excédé.

À voir son air perplexe, il ne comprenait pas ma réaction. Cela me désarçonna et me fit comprendre qu'il n'avait pas plus l'habitude d'interagir avec des humains que moi avec des métamorphes. C'était nouveau pour tous les deux et cela eut le mérite de me donner la patience d'essayer de m'expliquer plus calmement.

— Peut-être que c'est habituel pour toi cette vie de fou, mais ça ne l'est pas pour moi, soufflai-je. Bon sang, que je ne sois déjà que « nerveuse » et pas devenue complètement folle tient du miracle ! Mais peut-être aussi parce que je me sens inutile, assise là à manger, pendant qu'eux sont...

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant